Le 17 octobre 1957, Albert Camus obtenait le Prix Nobel de littérature. L’auteur issu d’un milieu très modeste, «pauvre» reconnaissait-il non sans une certaine fierté teintée de pudeur, a été nobélisé pour l’ensemble de son œuvre. Il doit cependant sa notoriété internationale à deux romans majeurs : La Peste et L’Étranger. Moins connue du grand public, sa dernière œuvre - qui ne sera pas publiée de son vivant, Camus est décédé avant d’y mettre la touche finale -, est un livre tout aussi admirable, dont nous vous recommandons la lecture.
Dans Le premier homme, Albert Camus évoque ses souvenirs d’enfance dans cette Algérie qui l’a vu naître. Élevé par sa mère («domestique», comme on disait alors) et par sa grand-mère qui avait pour fâcheuse habitude de le battre, orphelin et pupille de la Nation (son père est mort au début de la Première guerre mondiale), Albert Camus a été contraint de travailler dès l’âge de 13 ans pour compléter les maigres ressources de la famille. Ainsi, dans Le premier homme, Albert Camus porte-t-il un regard d’une phénoménale lucidité sur le monde du travail, sur le chômage et sur la xénophobie. Ci-dessous quelques extraits de ce livre en tout point remarquable. À lire absolument ! (édité dans la Collection Folio, donc à un prix abordable).
«Le chômage, qui n’était assuré par rien, était le mal le plus redouté. Cela expliquait que ces ouvriers qui toujours dans la vie quotidienne étaient les plus tolérants des hommes, fussent toujours xénophobes dans les questions de travail, accusant successivement les Italiens, les Espagnols, les Juifs, les Arabes et finalement la terre entière de leur voler leur travail – attitude déconcertante certainement pour les intellectuels qui font la théorie du prolétariat, et pourtant fort humaine et excusable. Ce n’était pas la domination du monde ou des privilèges d’argent et de loisir que ces nationalistes inattendus disputaient aux autres nationalités, mais le privilège de la servitude !»
«Le travail dans ce quartier n’était pas une vertu, mais une nécessité qui, pour faire vivre, conduisait à la mort».
«La chaleur, l’ennui, la fatigue lui révélaient sa malédiction, celle du travail bête à pleurer dont la monotonie interminable parvient à rendre en même temps les jours trop longs et la vie trop courte».
Articles les plus récents :
- 22/11/2007 17:35 - Le Medef veut abolir la durée légale du travail
- 22/11/2007 15:26 - Les crève-la-faim de la Grosse Pomme
- 22/11/2007 15:13 - La hausse des «premiers prix» touche les plus modestes
- 18/11/2007 20:38 - Maintenant, Dati passe aux Prud'hommes
- 17/11/2007 16:59 - Des prestations sociales qui stagnent
Articles les plus anciens :
- 16/11/2007 16:40 - La redevance télé, un symbole qui peut coûter cher ?
- 16/11/2007 14:56 - Modernisation du marché du travail : «Ne pas se tromper d’époque»
- 15/11/2007 14:19 - Denis Gautier-Sauvagnac quitte la présidence de l'UIMM
- 15/11/2007 00:29 - Contraire au Droit international, le CNE est illégal !
- 14/11/2007 11:36 - Chirac au Conseil constitutionnel