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Accueil Social, économie et politique Modernisation du marché du travail : «Ne pas se tromper d’époque»

Modernisation du marché du travail : «Ne pas se tromper d’époque»

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Alors que syndicats et patronat ont repris, comme chaque vendredi, les négociations sur la "modernisation du marché du travail" avec, au menu du jour, la rupture du contrat de travail chère à Laurence Parisot, deux experts les invitent à «ne pas se tromper d’époque» dans le dernier numéro de la revue Droit social.

Jean-Yves Kerbouc'h, professeur de droit social, et Yves Chassard, économiste, collaborent en qualité respective de conseiller scientifique et de chef de département au Centre d'analyse stratégique. Dans leur article (qui n'engage pas le CAS), ils expliquent pourquoi «il y aurait peu à attendre d'une nouvelle réforme des contrats de travail».

Pour eux, «il devient urgent de garantir aux travailleurs une égalité des chances de reclassement quel que soit le contrat conclu». Il faudrait notamment, estiment-ils, «re-civiliser» l'usage du contrat à durée déterminée (CDD), qui pourrait être «autorisé sur une longue période» mais avec en contrepartie «l'obligation mise à la charge de l'employeur de former, adapter et reclasser» le salarié. Il faut aussi «consolider le droit individuel à la formation (DIF) en le rendant transférable (d'une entreprise à l'autre) au moins sous certaines conditions», conseillent les auteurs.

Pourquoi ? Parce que le marché du travail vit un retournement démographique majeur et que «les comportements des entreprises et des salariés vont devoir évoluer». Depuis 30 ans, analysent-ils, les entreprises ont profité d'une forte hausse de la population active (+ 150.000 personnes par an en moyenne entre 1974 et 2004) et pratiqué «une sorte de cueillette des qualifications», tenant à l'écart une partie de la main d'œuvre non immédiatement utilisable ou discriminée. Mais, dans les 10 prochaines années, immigration choisie ou pas, la France aura au contraire des «difficultés de recrutement» qui pourront se traduire par «des tensions inflationnistes sur les salaires». Certaines qualifications se raréfieront et «dans les PME, la fidélisation des salariés deviendra un enjeu important de la gestion des ressources humaines», prédisent MM. Kerbouc'h et Chassard.

De ce fait, sachant que les dispositifs rigides étant «inévitablement contournés», plutôt que de réformer les contrats de travail, il y aurait avantage à rendre l'usage des CDD plus civil et à améliorer le reclassement des 130.000 salariés qui, chaque mois, arrivent en fin de CDD ou d'intérim dans le régime d'assurance chômage.

Séparation à l'amiable. Quant à la proposition patronale d'aménager les CDI pour instaurer la «rupture d'un commun accord» entre employeur et salarié, MM. Kerbouc'h et Chassard soulignent que «les risques de contentieux sont importants et sans doute sous-estimés». «Ceci conduirait à légaliser une possibilité de rupture demandée par l'un (l'employeur) et acceptée par l'autre (le salarié) si ce dernier se laisse convaincre par le montant de l'indemnité», relèvent-ils.

«La séparation amiable aurait certainement le mérite de mettre le texte de la loi en conformité avec la réalité de nombreuses pratiques de rupture, mais elle fait l'impasse sur l'essentiel : l'efficacité du reclassement du salarié», pointent-ils. Or le reclassement - et non pas l'indemnisation de la rupture - est la clé de tout, selon eux. Pour le financer, trois pistes sont possibles : obliger l'entreprise à le faire, demander à l'entreprise de payer quelqu'un d'autre pour s'en occuper ou, troisième solution préconisée par les auteurs, mutualiser des fonds et les répartir au niveau du bassin d'emploi ou d'une filière professionnelle.

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Mis à jour ( Vendredi, 16 Novembre 2007 14:56 )  

Commentaires 

 
0 # superuser 2007-11-17 16:58 Les syndicats, CGT exceptée, estiment que la négociation sur la modernisation du marché du travail a avancé vendredi dans le bon sens, mais des divergences persistent sur la proposition patronale d'une rupture "à l'amiable" du contrat de travail.

Les syndicats ont aussi exprimé des exigences plus ou moins fortes en matière de transférabilité (d'une entreprise à une autre, d'une branche à une autre) des droits individuels à la formation et à la couverture santé-prévoyance, en fin de contrat de travail, même s'ils trouvent tous que le patronat doit aller plus loin.

Les organisations syndicales (CFDT, CGT, FO, CFTC, CFE-CGC) et patronales (Medef, CGPME, UPA) réunies au siège du Medef ont achevé d'examiner en détail un premier avant-projet d'accord de 12 pages soumis par le patronat, lors d'une séance d'environ six heures et écourtée, compte tenu de la grève dans les transports.

"Nous avons fait un gros travail. Cela nous permet de préparer un deuxième avant-projet", a déclaré Cathy Kopp, chef de file de la délégation patronale. Sur le fond, elle a souligné que "la rupture dite à l'amiable est très importante dans l'équilibre de la négociation". La "portabilité", c'est à dire le maintien proposé de certains droits (droit individuel à la formation -DIF-, santé, prévoyance) en cas de chômage pour une durée limitée, "est déjà une avancée très importante" à ses yeux.

"La négociation va dans le bon sens", a estimé Marcel Grignard (CFDT). "Sur la transférabilité des droits, il faut aller au-delà mais cela nécessite un système de mutualisation pas facile à construire. La portabilité peut être une étape", selon lui. Sur les ruptures "amiables", le texte donne "un cadre de procédure globalement satisfaisant et des garanties satisfaisantes" mais la CFDT refuse, entre autres, des "dommages et intérêts liés à la taille de l'entreprise", a-t-il précisé.

Stéphane Lardy (FO), "raisonnablement optimiste" sur l'issue de la négociation, a trouvé que "les choses avancent sur les ruptures de contrats de travail", espérant que "le patronat va maintenant se rendre compte qu'il n'y a pas besoin de séparabilité pour sécuriser les ruptures". "Le vrai problème est de trouver des solutions avant le contentieux au Prud'hommes", a-t-il martelé. "Sur la transférabilité , on rentre dans le concret mais on est encore loin du compte", a-t-il noté, plaidant notamment pour "une transférabilité du DIF d'une entreprise à une autre" sans "surcoût pour les entreprises". "Le Medef parle de portabilité, c'est insuffisant", a-t-il jugé.

La CGT "récuse la rupture par consentement mutuel", a réaffirmé Maryse Dumas, estimant que "cette proposition du Medef ne recueille pas l'assentiment des organisations syndicales". "Le texte est très faible sur ce qui nous paraît essentiel : la constitution et la transférabilité de droits pour les salariés", a-t-elle ajouté. "Or, c'est en définissant des mobilités positives pour les salariés qu'on réduira les recours juridiques sur des licenciements", selon elle.

Pour Gabrielle Simon (CFTC), "la négociation avance, elle est difficile mais pas bloquée". Si la CFTC juge qu’"une troisième voie de rupture de contrat ne sert à rien", elle pourrait "accepter dans un premier temps une portabilité des droits pour prendre le temps de construire une tranférabilité réelle".

"On avance petit à petit", a jugé Marie-Françoise Leflon (CFE-CGC), "favorable à un troisième mode de rupture ne s'appelant pas amiable mais encadrant ce qui se fait sous le manteau" et à la transférabilité " de 100% du DIF notamment.
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