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Accueil Social, économie et politique La hausse des «premiers prix» touche les plus modestes

La hausse des «premiers prix» touche les plus modestes

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Pour la première fois depuis un an, les prix des produits alimentaires de grande consommation, notamment ceux des «marques de distributeurs», «premiers prix» et autres «hard discount», ont explosé en octobre.

Le mois dernier, selon une étude du cabinet Nielsen Panel pour le magazine LSA, les produits dits «premiers prix» ont augmenté de 2,01% et les «marques de distributeurs» de 1,62% alors qu'en moyenne, les prix des produits alimentaires de grande consommation ont pris 0,7% (du fait d'une légère baisse des grandes marques). Dans les magasins «hard discount», les prix ont grimpé de 1,3%.
En cause, le lait et les produits à base de blé qui ont explosé à cause de la flambée des cours sur le marché international. Conséquences à la caisse : sur les «premiers prix», + 23,23% pour les pâtes, + 16,17% pour les biscuits, + 6,82% pour la farine et + 3,83% pour le lait; sur les «marques de distributeurs» : + 5,73% pour les pâtes, + 4% pour les biscuits, + 2,38% pour la farine et + 3,82% pour le lait. Ces produits, prisés par les plus modestes, sont donc de moins en moins avantageux.

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Mis à jour ( Jeudi, 22 Novembre 2007 15:13 )  

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0 # superuser 2007-11-24 00:17 «Je veux être le Président de l'augmentation du pouvoir d'achat», affirmait haut et fort Nicolas Sarkozy le 14 janvier 2007, lors du lancement de sa campagne présidentielle.

Le fait qu’il ait, mieux que d’autres, perçu l’ampleur de l’insatisfactio n des Français sur ce sujet, et en particulier celle des couches populaires, explique pour une bonne part le large succès qu’il a rencontré en mai dernier. Mais cette question devient également, pour les mêmes raisons, une des principales causes du désenchantement qui commence à poindre en cette fin d’année : dans ce domaine, le volontarisme présidentiel apparaît de plus en plus comme de l’agitation sans prise sur le réel. Non seulement on ne voit rien venir en matière de pouvoir d'achat - ce qui n'est pas en soi choquant après seulement six mois de présidence -, mais c'est plutôt une nouvelle, et nette, dégradation qui se profile désormais.

Une spécificité française explique en particulier la très grande sensibilité du thème du pouvoir d'achat parmi les salariés : c'est l'existence d'une «trappe à bas salaires». Afin de favoriser la création d'emplois peu qualifiés en plus grand nombre pour lutter contre le chômage de longue durée des personnes sans qualification, les gouvernements qui se sont succédé depuis vingt ans ont multiplié les exonérations de charges sociales à proximité du Smic. Cette politique a eu un grand succès : on a créé en France beaucoup d'emplois mal payés ces dernières années. Mais elle a eu de nombreux effets pervers. Sur les 27 pays de l'Union européenne, 21 ont un Smic, ainsi d'ailleurs que les Etats Unis. Et, contrairement à une idée reçue, le Smic français n'est pas le plus élevé : il est inférieur à ses équivalents belge, néerlandais, irlandais ou encore britannique.
Mais, parmi tous ces pays, la France présente un profil très particulier : avec 15% de Smicards, elle est de très loin le pays où le pourcentage de salariés "abonnés" au salaire minimum est le plus important. Au Royaume-Uni, par exemple, seuls 2% des salariés touchent le Smic et les proportions sont analogues dans la plupart des autres pays riches. Le seul pays qui se rapproche de la France sur ce plan est la… Bulgarie. La France est aussi, pour cette raison, le pays d'Europe où la distribution des salaires est la plus concentrée vers le bas de l'échelle. D'où évidemment l'extrême sensibilité de la question du pouvoir d'achat chez les salariés.

Les hausses massives des produits pétroliers et des prix alimentaires intervenues au cours des dernières semaines ont entraîné une accélération sensible de l'inflation, passée de 1,5% par an en septembre à 2% en octobre dernier. Un niveau qui reste certes encore très bas, mais il y a de bonnes raisons de craindre que ce ne soit qu'un début. De plus, les couches populaires sont nettement plus touchées que les riches par ces hausses : l'alimentation pèse en effet 17% du budget d'un ouvrier contre 12% chez un cadre, tandis que les transports représentent 19% de celui d'un habitant d'une commune rurale contre 12% pour un parisien.

Nicolas Sarkozy n'est évidemment pas responsable de cette situation, mais elle rend toujours plus improbable la concrétisation des miracles promis en matière de pouvoir d'achat. Tout d'abord, parce que sa hausse dépendrait avant tout du dynamisme de l'économie et que, sur ce plan, les premières mesures engagées ne sont pas de nature à relancer l'activité de façon significative : les cadeaux fiscaux consentis aux plus aisés l'été dernier risquent en effet surtout d'être utilisés pour acheter davantage de 4×4 ou d'écrans plats géants, et donc de creuser encore le déficit extérieur dans un contexte où la croissance de nos voisins ralentit.

Que peut faire dans ces conditions le Président pour améliorer quand même le pouvoir d'achat ? Augmenter le Smic ? Nicolas Sarkozy et le Medef ne veulent pas en entendre parler. Il faut dire que, compte tenu de l'écrasement de la hiérarchie salariale en France et des hausses importantes déjà intervenues entre 2002 et 2005 pour recréer un Smic unifié après le passage aux 35 heures, cette voie ne serait pas sans danger. Augmenter les salaires dans les entreprises ? Même si les stars du CAC40 affichent des profits record grâce à leurs activités mondiales, la situation des entreprises qui produisent sur le territoire français est actuellement tendue. La part du travail dans leur valeur ajoutée n'a cessé en effet de croître ces dernières années : la rémunération des salariés, qui pesait 64,6% de la valeur ajoutée des sociétés non financières en 2001, en représente 65,9% aujourd'hui. La prudence est donc de mise.

Le gouvernement envisage de conditionner les exonérations de cotisations sociales à l'ouverture de négociations salariales dans les entreprises. Une mesure positive, mais qui a peu de chances de révolutionner à court terme les évolutions de salaires. Les heures supplémentaires défiscalisées, mises en place en octobre dernier, vont certes mettre un peu de beurre dans les épinards, mais au prix d'une aggravation des déficits publics et sociaux. Et cette mesure ne touchera pour l'essentiel que les entreprises qui effectuent déjà des heures supplémentaires déclarées, c'est-à-dire les très grandes entreprises où les salariés figurent déjà parmi les mieux traités. Ailleurs, le dispositif, excessivement complexe et peu incitatif, ne devrait pas connaître un grand succès. De toute façon, s'il en avait, cela se traduirait par un ralentissement de la baisse du chômage.

Augmenter les salaires des fonctionnaires ? Nicolas Sarkozy l'a promis en contrepartie de la réforme de l'Etat, mais il ne paraît guère pressé de concrétiser cet engagement. Accroître les prestations et les minima sociaux ? Ce serait indispensable compte tenu du niveau très faible de la plupart d'entre eux, mais c'est contraire à la philosophie du Président qui ne veut pas d'une France d'«assistés». Et surtout, les marges de manœuvre budgétaires éventuellement disponibles ont déjà été utilisées pour satisfaire en priorité les revendications des contribuables les plus aisés en matière de succession, d'impôt de solidarité sur la fortune et d'imposition des dividendes.

A défaut d'être capable d'accroître les revenus des Français les plus modestes, Nicolas Sarkozy veut les inciter à casser leur tire-lire et à désépargner. Il l'avait déjà fait avec un certain succès en 2004 en autorisant le déblocage de la participation. Il prendra probablement de nouveau des mesures en ce sens, mais une baisse de l'épargne, si elle peut donner le change à celui qui s'y résout et contribuer à soutenir l'activité, n'a rien à voir avec une hausse de pouvoir d'achat (a fortiori pour ceux qui n'ont guère d'épargne)…

Le Président espère surtout augmenter le pouvoir d'achat des Français en faisant baisser les prix. Il compte en particulier rééditer le coup qu'il avait (bien) réussi en 2004, quand il avait été brièvement ministre de l'Economie et des Finances. A l'époque, il était en effet parvenu à amener les distributeurs et les fabricants de grandes marques à diminuer de façon significative les prix de leurs produits. Mais l'histoire ne se répète pas : les marges de manœuvres utilisables sans trop de douleurs ont déjà été mises à profit à l'époque. Si Nicolas Sarkozy veut aller plus loin aujourd'hui, il risque surtout d'accélérer les restructuration s, à la fois dans la distribution et dans l'industrie en amont, incitant les acteurs à délocaliser davantage ou ouvrant la porte aux concurrents étrangers. Avec au final un bilan en termes d'emplois, et donc de pouvoir d'achat, qui aura peu de chances d'être positif.

Nicolas Sarkozy a cru, ou laissé croire, qu'en «libérant les hauts revenus» il relancerait l'activité, permettant d'élever le pouvoir d'achat de tous. Aucun signe qu'une telle dynamique n'est aujourd'hui perceptible. Du coup, l'état de grâce de Nicolas Sarkozy risque de se briser sur une situation qui associe faible croissance et montée des inégalités…

Guillaume Duval pour Alternatives Economiques
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