La Sécurité sociale est en réalité victime de nombreux mauvais payeurs — voir détails en commentaire — dont en premier l'Etat, qui rechignent à rembourser ce qu'ils lui doivent, préservant ainsi leur trésorerie sur le dos de la solidarité nationale (que l'on souhaite anéantir pour la privatiser) et des assurés sociaux (à qui l'ont ment scandaleusement pour mieux les saigner).
Actuellement, l'Etat doit au minimum 17 milliards d'euros à la Sécurité sociale : 11 milliards correspondent aux taxes sur l'alcool et le tabac non reversées, et 6 milliards sont issus des multiples exonérations de "charges" attribuées à tous les employeurs sans aucune distinction depuis 1993, toujours non compensées à ce jour. Ces allègements de cotisations, qui ont représenté 24 milliards en 2006, 28 milliards en 2007 et coûteront 32 milliards en 2008, sont englobés dans les quelque 60 milliards d'euros d'aides publiques accordées chaque année aux entreprises… mais, figurez-vous, Laurence Parisot trouve cela encore insuffisant !
Ces multiples dettes (employeurs, Etat, compagnies d'assurance…) ne sont évidemment pas comptabilisées dans le fameux déficit, un faux "trou de la Sécu" dont on nous rebat les oreilles à longueur de temps et qui s'élèverait à 12 milliards d’euros.
Pour la Cour des comptes, qu'on ne peut accuser de gauchisme et qui a rendu son dernier rapport annuel en septembre dernier, l'ensemble des exonérations de cotisations injustifiées (stock-options, divers mécanismes d'intéressement dont les indemnités de départ à la retraite ou de licenciement…), les dépassements d'honoraires des spécialistes et les dépenses de médicaments dans l'hôpital public qu'elle a épinglés pour 2005 ont fait perdre au total de 6 à 8,3 milliards à la Sécu. Sans compter les dizaines de milliards engloutis chaque année dans le travail illégal et la fraude à l'URSSAF...
Pour le Parti communiste, au-delà des stock-options, c’est l’ensemble des revenus financiers des entreprises, estimés en 2006 à 255 milliards d’euros et actuellement exonérés, qui devraient être soumis à une cotisation du même taux que la cotisation patronale pour l’assurance maladie : la Sécu engrangerait alors quelque 40 milliards d’euros !
Si l'on additionne le minimum de 17 milliards que lui doit l'Etat + un minimum de 6 milliards issus des préconisations de la Cour des comptes + ne serait-ce que la moitié des cotisations sur les revenus financiers des entreprises actuellement exonérés soit 20 milliards, LA SÉCU NE SERAIT PLUS DU TOUT DÉFICITAIRE. Elle serait même EXCÉDENTAIRE de plus de 30 milliards d'euros !!!
Plus besoin de faire payer aux malades des franchises médicales ou de dérembourser des médicaments. Plus besoin de stigmatiser les bénéficiaires de la CMU ou de l'AME. Plus besoin d'obliger les salariés à cotiser 40 ou 42 ans pour avoir droit à une retraite. Et on pourrait correctement revaloriser les pensions, les prestations familiales et les minima sociaux.
Et on pourrait enfin supprimer l'Unedic, cet organisme asservi au Medef et dont le déficit cumulé s'élève à 10 milliards d'euros bien que l'assiette de cotisations ne soit, ici non plus, pas élargie à sa juste dimension (on pense, par exemple, aux employeurs qui abusent de la précarité et ne sont toujours pas taxés…), pour englober l'assurance chômage au sein de notre système de protection sociale au même titre que la famille, la maladie ou la vieillesse.
=> On peut aussi aller plus loin : En vérité, la CNAV est excédentaire !
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Commentaires
A (re)lire sur AgoraVox la démonstration lumineuse de Albert Ricchi : un rigoureux état des lieux assorti de mesures simples et justes. Répondre | Répondre avec citation |
Dans ses résultats prévisionnels pour 2007, la Commission des comptes de la Sécurité sociale (CCSS) estime que le déficit du régime général devrait atteindre 12 milliards d’euros.
Dans le détail, les branches «maladie» et «vieillesse» sont les plus dégradées : la première accuserait un déficit de 6,4 milliards d’euros cette année après 5,9 milliards en 2006 ; celui de la seconde passerait de 1,9 milliard d’euros en 2006 à 4,7 milliards cette année. Le déficit des branches «famille» et «accidents du travail» resterait stable (respectivement 0,7 et 0,3 milliards d’euros). Répondre | Répondre avec citation |
En 2006, ce groupe a affiché 1,7 milliard d'euros de chiffre d'affaires : un résultat dont il ne resterait pas grand-chose si la Sécurité sociale n'était pas là. La Générale de Santé détenant, avec ses 183 établissements, cliniques et centres de soins, 16% du marché fort lucratif de la santé, il n'est pas étonnant que le cours de ses actions ait augmenté de plus de 300% depuis 2002.
Au moment où le gouvernement invoque le déficit de la Sécurité sociale pour imposer de nouveaux sacrifices aux assurés sociaux, il est à remarquer que le dividende encaissé par les actionnaires de ce seul groupe privé représente la moitié de ce que rapporteront (850 millions) à la Sécu les nouvelles franchises médicales que Sarkozy va faire supporter aux malades !
S'il y a un trou de la Sécurité sociale à combler, qu'on fasse payer ceux qui font des profits grâce à elle, en premier lieu les grands groupes de l'industrie pharmaceutiques et de l'hospitalisation privée.
(Source : Lutte ouvrière)
A (re)lire : La Sécu, nouvelle vache à lait des assureurs privés !
Quand, grâce au gouvernement, 20 millions d'euros par an sont désormais offerts aux compagnies d'assurances sur le dos des assurés sociaux afin de satisfaire une profession déjà fort bien lotie. Répondre | Répondre avec citation |
Selon le dernier rapport des comptes de la Sécurité sociale, ne sont toujours pas reversées à la Sécu les recettes suivantes :
7,8 milliards : partie des taxes sur le tabac
3,5 milliards : partie des taxes sur l'alcool
1,6 milliard : partie des primes d'assurance automobile
1,2 milliard : partie de la taxe sur les industries polluantes
2 milliards : part de TVA destinée
2,1 milliards : retard de paiement sur les exonérations de cotisations pour les contrats aidés
1,9 milliard : retards de paiement des entreprises
Total = 20 milliards d'euros non versés
Sur un soi-disant déficit de 12 milliards,
si tous ces débiteurs remboursaient ce qu'ils doivent, on aurait… 8 milliards d'excédent ! Répondre | Répondre avec citation |
Non. Les dépassements d'honoraires ne coûtent rien à la sécu.
Ces dépassements ont d'ailleurs été inventés pour permettre aux politique de ne pas revaloriser le prix des actes médicaux. On rembourse au même tarif qu'il y'a 10 ans et c'est le patient qui paye la différence. Répondre | Répondre avec citation |