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Avant la polémique qui a obligé le gouvernement à revoir son contenu, le taux de chômage mensuel ne comprenait que les demandeurs d'emploi inscrits à l'ANPE en catégorie 1 (personnes immédiatement disponibles, tenues d'accomplir des actes positifs et répétés de recherche d'emploi, et à la recherche d'un CDI à temps plein). Les chômeurs des DOM ou les "DRE" de plus de 55 ans en étaient exclus ainsi que les 7 autres catégories - dont le total est largement supérieur à celui de la seule n°1 -, de même que les non inscrits à l'ANPE tout aussi privés d'emploi, comme une majorité de RMIstes ou la moitié des jeunes de moins de 25 ans.
Désormais, depuis quatre mois, le taux de chômage est trimestriel, basé sur les 75.000 sondés de l'Enquête Emploi de l'INSEE ainsi que sur la définition du chômeur selon le BIT (Bureau international du travail) : personne n'ayant pas du tout travaillé dans la semaine, immédiatement disponible et recherchant activement un emploi. Ce qui exclut celles qui souhaitent travailler bien que non disponibles dans les deux semaines, ou n'ayant pas effectué de "démarches actives" de recherche d'emploi dans le mois précédent : selon l'Institut, les inclure porterait déjà le nombre des chômeurs de métropole à plus de 2,8 millions.
Ce mode de calcul entièrement revu, notamment pour faciliter les comparaisons européennes, a conduit mécaniquement à gommer 1 point de chômage en 2006 par rapport aux données calculées précédemment par l'INSEE. Ce que le collectif ACDC (les Autres chiffres du chômage), à l'initiative des revendications pour plus de transparence et donc fort déçu du résultat, a qualifié de «vraie prestidigitation» !
Baisse du chômage = montée du sous-emploi
L'INSEE évalue notre taux d'emploi - toujours en métropole, les habitants des DOM restant des citoyens de seconde zone… - à 64,5%, soit une amélioration de 0,8% en un an : ainsi, au 30 septembre 2007, 25,7 millions de Français de plus de 15 ans en occupaient un. Mais l'emploi est un vaste fourre-tout où l'on comptabilise indifféremment les missions d'intérim, les contrats aidés et autres CDD qui représentent aujourd'hui 80% des offres et sont les grands vecteurs de "l’embellie" actuelle. Embellie statistique dont on sait que "l’activité réduite" est une composante essentielle.
Heureusement, l'INSEE précise qu'au même moment, au moins 1,4 million de personnes étaient en situation de sous-emploi, c'est-à-dire travaillaient à temps partiel subi ou étaient en chômage technique. Cela représentait 5,6% des personnes ayant un travail, soit une hausse de 0,2 point sur un an. L'INSEE note que la part des personnes en sous-emploi «augmente depuis début 2006, soit depuis le début de la baisse du chômage»...
Nous attendons avec impatience des indicateurs supplémentaires sur l'emploi, le sous-emploi et la précarité qui pourraient être rajoutés l'année prochaine à cette évaluation trimestrielle, une fois rendues les conclusions du groupe de travail du Conseil national de l'information statistique (CNIS) dans un rapport qu'il remettra à Christine Lagarde au printemps 2008.
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Commentaires
Pour la première fois depuis 5 ans, le taux de chômage en métropole au sens du BIT est en effet passé sous la barre symbolique des 8% (soit 2,2 millions de personnes). Il s’établit par ailleurs à 8,3% de la population active française, DOM compris.
Il y a t-il pour autant de quoi se féliciter, comme le fait Christine Lagarde, de «cette amélioration sensible du marché du travail ?» Rien n’est moins sûr. Car pour ce qui concerne les temps partiels subis, les millions de personnes cantonnées à des emplois au rabais, que nous apprend l’INSEE ? Sans surprise, leur nombre augmente depuis 2006, soit depuis le début de la baisse du chômage. Aujourd’hui, 1,4 million de personnes sont en situation de sous-emploi et représentent 5,6% des personnes ayant un emploi contre 4,7% en 2003.
De plus, chaque mois, le nombre de personnes évincées des fichiers de l’ANPE suite à un contrôle est en hausse constante : près de 17.000 personnes ont ainsi été radiées pour le seul mois d’octobre, soit une hausse de 23% sur un an.
Autre source d’inquiétude, si la croissance économique avait été jugée satisfaisante au troisième trimestre 2007 (+ 0,7%), les créations d’emplois dans le secteur privé ont, elles, nettement marqué le pas au cours de cette même période avec + 38.200 postes, soit une maigre hausse de 0,2% par rapport au trimestre précédent. De quoi laisser présager le pire pour le quatrième trimestre alors que les experts anticipent un ralentissement de l’économie.
Alors que la croissance est en berne et que le rythme des créations d’emploi s’est ralenti, le gouvernement semble pourtant bel et bien avoir trouvé la formule magique pour atteindre les 5% de chômage d’ici à 2012, comme l’a promis Nicolas Sarkozy. C’est en misant sur les radiations et les emplois précaires ou au rabais (7 embauches sur 10 sont à l’heure actuelle des CDD) que le gouvernement compte faire baisser le chômage.
La CGT s’oppose à ce calcul cynique. Afin que la situation s’améliore réellement sur le marché du travail, la CGT revendique une politique offensive en faveur de la hausse du pouvoir d’achat afin de favoriser la consommation et une offre d’emploi de qualité.
(Source : CGT.fr) Répondre | Répondre avec citation |
Pour la première fois depuis cinq ans, le taux de chômage est revenu sous le seuil de 8% dans notre pays. Il y a un an seulement, la France comptait encore près de 9% de chômeurs. La tendance, nette, est donc bien à la décrue. Voilà qui clôt définitivement la polémique née cet été sur les chiffres de l’emploi. L’INSEE a changé son thermomètre, dépoussiéré ses méthodes de calcul, revu tous ses chiffres : les doutes sur la réalité de la baisse du chômage ne sont plus permis.
Fort bien. Mais la situation de l’emploi est-elle pour autant satisfaisante ? Malheureusement non, et ce, pour au moins trois raisons. D’abord parce que notre taux de chômage demeure nettement supérieur à la moyenne européenne. C’est ce qui explique, entre autres, que les Français, plus que les autres Européens, redoutent toujours autant de perdre leur emploi, de décrocher voire, un jour, de grossir les rangs de ceux qui vivent des revenus de l’assistance. Que les chiffres soient bons ou mauvais, l’angoisse du chômage mine en particulier des classes moyennes secouées par l’écrasement de la hiérarchie des salaires ou la perte de statut social de certaines professions. Il faudra plus qu’une bonne série statistique pour calmer ces peurs installées depuis deux à trois décennies.
Ensuite parce que notre pays souffre toujours du fait que la part de la population qui travaille est plus faible qu’ailleurs : à peine deux Français en âge de travailler sur trois occupent un emploi. La proportion frise les 80% au Danemark, atteint 75% en Suède, dépasse 70% en Grande-Bretagne, aux Pays-Bas ou aux États-Unis ! Bref, la France reste ce pays atypique où le taux de chômage est relativement élevé, et où la proportion de personnes au travail est relativement faible.
Enfin parce que le nombre de personnes sous-employées mais qui voudraient travailler davantage progresse depuis 2006, c’est-à-dire depuis que la courbe du chômage baisse. L’INSEE en a recensé 1,4 million et s’ils n’effectuent pas des semaines à temps plein, ce n’est certainement pas par préférence pour le temps libre !
On le voit bien, c’est à ces spécificités françaises qu’il convient de s’attaquer. L’objectif fixé par le président de la République pour son quinquennat – 5% de chômeurs et 70% de Français au travail – montre le chemin qui reste à parcourir.
(Source : Le Figaro) Répondre | Répondre avec citation |
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