Il y a peu, le directeur général de l'Unedic Jean-Luc Bérard, très optimiste, estimait à 9 mois la durée moyenne nécessaire aux demandeurs d'emploi pour retrouver une activité, précisant que la tendance est au raccourcissement. Selon la dernière enquête bisannuelle de l'assurance chômage portant sur un échantillon de 10.000 inscrits ayant commencé à percevoir leur indemnisation en décembre 2006, il ressort que, six mois plus tard, 44% d'entre eux ont retrouvé un emploi (majoritairement en contrat court, lire plus bas) et 3% ont créé leur entreprise, tandis que 45% étaient toujours à la recherche d'un travail, 3% suivaient une formation, 2% étaient en arrêt maladie ou en congé maternité, et 3% avaient abandonné toute recherche (ce qui est beaucoup !).
L'étude montre également que, sur les quelque 114.000 nouveaux allocataires de décembre 2006 et dont près des deux tiers étaient indemnisés pour la première fois (alors que 35% sont plus "habitués"), 34% ont toujours eu un emploi régulier (ils étaient 44,2% deux ans plus tôt) et 30% ont enchaîné des emplois successifs (contre 22,2% en 2004) : on remarque donc une nette progression de l'instabilité professionnelle.
Retour à l'emploi : 35% de CDI
Sur les 47% qui, en juin 2007, ont retrouvé le chemin du travail en tant qu'entrepreneurs ou salariés, l'Unedic note que les hommes sont beaucoup plus nombreux que les femmes (52% contre 40%). Egalement, que le taux de retour à l'emploi diminue avec l'âge : de 54% chez les moins de 25 ans, on passe à 42% chez les 50-54 ans et on dégringole à 20% chez les + de 55 ans.
Mais ce retour à l'emploi, dans les deux tiers des cas, se fait sur des contrats de courte durée avec 38% de CDD et 27% d'intérim... Seuls 35% retrouvent un CDI ! C'est pourquoi la part de retour à l'emploi des personnes ayant achevé une mission d'intérim reste bien plus élevée que chez celles ayant perdu un CDI (60% contre 38,6%) : elles ont acquis le profil de la précarité !
«Les trois premiers mois suivant l'inscription semblent déterminants» puisque près de quatre allocataires sur dix remettent le pied à l'étrier durant cette période, remarque l'Unedic. Mais l'emploi décroché étant essentiellement de courte durée, elle avoue que «la rapidité d'accès à l'emploi n'est pas synonyme de stabilité». Alors, dans ce cas, pourquoi l'Unedic veut-elle à tout prix continuer à accélérer le retour à l'emploi des chômeurs ?
L'Unedic a choisi son camp
L'assurance chômage, déficitaire depuis 2002, est davantage soucieuse de répondre aux désirs de ceux qui font la pluie et le beau temps sur le marché du travail (c'est-à-dire les employeurs) que de servir les intérêts des victimes du chômage. Ainsi, elle fait des économies sur le dos des privés d'emploi en réduisant toujours plus leurs droits, convention après convention. Et pour les obliger à sortir des listes au plus vite en acceptant un poste même déclassé ou précaire, elle prévoit un "suivi" de plus en plus drastique (contrôle, harcèlement…), un accompagnement de plus en plus serré par le biais d'organismes privés et des formations de plus en plus réduites en choix comme en durée.
Or l’"efficacité" du reclassement reste vain si la création d'emplois pérennes ne suit pas, car la précarité coûte une fortune à l'Unedic : elle génère un chômage récurrent qui représente aujourd'hui la moitié des entrées et coûte 2,5 fois plus cher que les fins de CDI. Selon FO, en 2004, les CDD représentaient près de 4% des contributions au régime d'assurance chômage mais 22% des allocations versées, et les emplois intérimaires près de 3% des contributions et 7% des allocations. Globalement, CDD et intérim totalisaient 8,2 milliards d'euros d'allocations pour seulement 1,71 milliard d'euros de cotisations. Mais l'Unedic rechigne toujours à taxer les employeurs qui font de la précarité un vrai mode de gestion de leur main-d'œuvre...
Alors, si «la rapidité d'accès à l'emploi n'est pas synonyme de stabilité», pourquoi entretenir cette logique de court terme qui nourrit le sous-emploi et, à moyen terme, pèse sur les finances de l'Unedic ? La réponse est ici (car tout se tient).
Articles les plus récents :
- 22/12/2007 00:24 - RMI, AAH, prestations familiales : C'EST L'AUMÔNE !
- 21/12/2007 20:09 - De Virville remplacera DGS à l'Unedic
- 21/12/2007 05:44 - Retraites : une misérable revalorisation
- 20/12/2007 15:49 - L’«âge de pierre» des relations sociales
- 17/12/2007 19:34 - Marché du travail : les syndicats s'aplatissent !
Articles les plus anciens :
- 14/12/2007 01:01 - Les pays riches appauvrissent leurs chômeurs
- 13/12/2007 17:07 - Création d'emplois : Fillon ment par omission
- 12/12/2007 20:47 - Le «low-cost», une priorité pour le pouvoir d'achat ?
- 11/12/2007 19:11 - 7,9% de chômeurs : un taux toujours sous-évalué !
- 11/12/2007 03:34 - Chômage, pouvoir d'achat, logement : 25 ans de dégringolade
Commentaires
Ce serait le rôle de l’assurance chômage que de réparer le préjudice subi en utilisant les cotisations reçues des salariés pour répondre à leurs attentes, et étudier avec eux les possibilité de réinsertion les plus favorables à leurs projets, cela dans les limites du possible et de la réalité du marché du tarvail .
C’est ce qui a existé à l’ANPE, jusque dans les années 90, lorsqu’un corps de Conseillers Professionnels faisait avec chaque usager (et non pas "client", qui sous entend : client riche ou client pauvre et donc produit cher ou produit bon marché…) un bilan des capacités et des attentes et proposait un large éventail de formations qui permettait de répondre aux désirs des usagers mais tenait compte également des besoins du marché, besoins qui étaient présentés aux demandeurs d’emploi mais sans que les formations correspondantes leurs soient imposées …(les actuels secteurs "en tension"… !)
Sous la pression de l’UNEDIC ce corps a été supprimé qui devenait, de toutes façons, obsolète puisque l’éventail des formations allait se réduisant chaque année pour se limiter aux seules formations proposées par le patronat en fonction de ses besoins !
La "fusion" ne va faire qu’aggraver la situation actuelle (c’est encore possible même si çela paraît difficile…) et seule la restitution du Service Public à ses usagers pourrait arrêter la dégradation inéluctable du service rendu .
L’ANPE doit être un vrai Service Public de l’Emploi, autonome et indépendant de toutes imbrications politico-économiques, avoir à sa tête un VRAI Directeur Général suffisamment charismatique et indépendant pour ne pas servir de serpillière au MEDEF ce qui permettrait à des Agents, dont la majorité est largement motivée, d’exercer leurs fonctions au plus prêt de l’intérêt légitime des usagers .
C’est ce rêve qui doit devenir réalité ou c’est la réalité qu’on nous propose qui deviendra un vrai cauchemar.
Cordialement
Répondre | Répondre avec citation |