A la veille de la publication des chiffres du troisième trimestre, tandis qu'il se félicitait devant les membres de l'association patronale Croissance Plus - dont le président n'est autre que l'ingénieux Charles Beigbeder - de la baisse «spectaculaire» du chômage retombé à 7,9% fin septembre (en métropole… les DOM, c'est pas la France pour M. Fillon non plus), notre Premier ministre a dit : «On aura sans doute demain de très bonnes nouvelles s'agissant des créations d'emplois nettes au troisième trimestre, avec un total sur l'année de sans doute plus de 300.000 emplois créés». Des résultats qu'il juge encore insuffisants, car la France «reste très en dessous des performances des autres Etats européens qui ont choisi depuis longtemps de moderniser leur économie».
Insuffisants, oui, et cela à deux titres. D'abord, il y a toujours 2,2 millions de chômeurs "officiels" à caser : au rythme de 300.000 créations nettes par an, il faudrait encore 7 ans pour en venir à bout. Vu les performances de la précédente législature dont l'année 2003 fut le fleuron en terme de… destruction d'emplois, on ne peut que ricaner ! Ensuite, pour vanter l'efficacité de sa politique, M. Fillon se contente de données quantitatives, surtout pas qualitatives : il ne révèle donc pas la teneur de ces 300.000 créations, essentiellement dopées par l'intérim tandis que les CDD et autres contrats précaires s'y taillent la part du lion. A ce stade, il ne s'agit plus de création d'emplois mais d'institutionnalisation du sous-emploi. Et dans la logique sarkozyenne du "tout simplifier" vite fait mal fait, M. Fillon n'a évidemment cure de la notion d'équivalent temps plein.
Moderniser l'économie ? Oui ! S'il s'agit de "revaloriser le travail" - c'est-à-dire lui redonner de la valeur -, alors ces deux pistes sont à suivre : • taxer les employeurs qui licencient alors qu'ils font des bénéfices ainsi que ceux qui usent et abusent de la précarité, au profit de l'assurance chômage, • réviser tout le système d'allègements et d'exonérations de "charges" qui, attribué à l'aveuglette pour des montants colossaux, déresponsabilise les employeurs, et ce au profit de la sécurité sociale. C'est la qualité des emplois qui permet à une économie d'être considérée comme moderne. Quant à leur quantité, si c'est pour se satisfaire du retour des emplois d'esclaves, sous-payés et instables, on ne voit vraiment pas où est le progrès.
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