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C'est ainsi que le chômage est un merveilleux outil de pression sur les salaires et la qualité des emplois : plus on démunit les candidats, plus ils acceptent de mauvaises conditions, plus le niveau général baisse et ce, durablement. Pour l’OCDE, une bonne indemnisation du chômage est dangereuse dans le sens où elle est un rempart à la dégradation des droits au travail.
Mais pour ne choquer personne avec ces objectifs inavoués de «développement économique» qui ne se destine réellement qu'à une petite partie de la population, l'OCDE invoque des «pénuries de main d'œuvre» (Vous en connaissez beaucoup, en ce moment ?) qui font passer les chômeurs pour des fainéants, et parle d’«encourager l'emploi» (Pensez-vous que la création d'emplois dépende du bon vouloir des chômeurs, ou de celui des employeurs ?).
Avec l'OCDE, nous atteignons des summums d'hypocrisie… et de cruauté sociale. Car son message a été entendu par ses membres - les 30 pays les plus "développés" de la planète - dont dix ont joué les bons élèves. «Il y a dix ans, les pays limitaient l'accès aux allocations. Aujourd'hui, ils en réduisent le montant», se réjouit-elle dans son rapport annuel intitulé "Prestations et salaires". En moyenne, dans la plupart des pays membres, le montant des allocations chômage est tombé à 55% du salaire antérieur alors qu'il était de 59% en 2001. Aux États-Unis, en Grèce, en Turquie et en Italie, où les prestations en faveur des chômeurs de longue durée sont très faibles voire inexistantes, l'indice de générosité est inférieur à 30%. Les pays nordiques sont les plus protecteurs avec des niveaux de prestations supérieurs à 70% (et un taux de chômage très bas : comme quoi il n’y a pas de corrélation entre chômage et niveau d’indemnisation, de la même façon que depuis trente ans le chômage s’est massifié malgré les restrictions successives).
Dans cette vaste opération d’appauvrissement, sans surprise, c'est l'Allemagne qui rafle la meilleure note : là-bas, un chômeur de longue durée perçoit aujourd'hui 4.000 € de prestations annuelles en moins par rapport à 2001 grâce au Plan Hartz IV. En République slovaque, l'écart ressort à 2.200 €. Et le Royaume-Uni se distingue depuis longtemps puisqu'il fait payer sa réussite économique à ses chômeurs, qui sont les plus pauvres et les plus traqués d'Europe : là-bas, c'est 82 £ par semaine (340 € par mois) pendant 6 mois maximum, peu importe le salaire antérieur et le nombre d'années travaillées, avec le harcèlement du conseiller à l'emploi qui va vous pousser à accepter n'importe quel job et tester votre bonne foi au détecteur de mensonge… le top !
Par contre, sur la même période, les niveaux de prestations ont augmenté de 1.300 € en Belgique et de 1.600 € en Irlande : l’OCDE osera-t-elle leur coller un bonnet d’âne ?
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Commentaires
qui permet de stigmatiser les sans-emplois.
Notez que ceux qui agite ce mythe comme un spectre ne communique pas beaucoup sur la nature de ces emplois, le nombre d'heures, le salaire.
Obliger les chômeurs à reprendre n'importe quel emploi même indigne est devenu une priorité pour ceux qui gouvernent, même dans l'ombre.
La déqualification et le sous-emploi non choisi qui cantonne celui qui y est assujetti à une pauvreté et une précarité chronique sont la solution qu'ils ont choisi pour aller vers le "plein emploi".
Baisser les allocations chomage et maintenant l'expérimentation du RSA (revenu de solidarité active) sont des mesures complémentaires qui vont dans ce même sens.
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