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Accueil Social, économie et politique Les pays riches appauvrissent leurs chômeurs

Les pays riches appauvrissent leurs chômeurs

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«Encourager l'emploi» face aux «pénuries de main d'œuvre», «inciter les chômeurs à reprendre une activité»… Tels sont les prétextes fallacieux avancés par l’OCDE pour justifier que, sous ses recommandations régulières, un tiers de ses pays membres a réduit le montant des allocations à ses privés d'emploi au cours des six dernières années.

Depuis plus de dix ans, l'Organisation de Coopération et de Développement Economiques exerce un travail d’acclimatation à ce qu'elle appelle des «stratégies d’activation des chômeurs» ainsi qu’à la doctrine du workfare. L’OCDE qui, sous couvert de faire croire aux naïfs que c'est de la faute aux allocations s'il y a du chômage, estime en réalité que l'octroi d'une indemnisation trop élevée ou trop longue risque de «perturber le fonctionnement du marché du travail», dans le sens où le demandeur d'emploi sera beaucoup trop exigeant par rapport à ce que le patronat souhaite lui imposer. En clair, non seulement une bonne indemnisation lui est trop favorable et lui laisse trop de libre arbitre, mais elle a aussi tendance… à enchérir le prix du travail ! Afin d’inverser le rapport de force et obliger le chômeur à accepter déqualification et/ou déclassement, il faut le stigmatiser et l'acculer, donc l'appauvrir.

C'est ainsi que le chômage est un merveilleux outil de pression sur les salaires et la qualité des emplois : plus on démunit les candidats, plus ils acceptent de mauvaises conditions, plus le niveau général baisse et ce, durablement. Pour l’OCDE, une bonne indemnisation du chômage est dangereuse dans le sens où elle est un rempart à la dégradation des droits au travail.

Mais pour ne choquer personne avec ces objectifs inavoués de «développement économique» qui ne se destine réellement qu'à une petite partie de la population, l'OCDE invoque des «pénuries de main d'œuvre» (Vous en connaissez beaucoup, en ce moment ?) qui font passer les chômeurs pour des fainéants, et parle d’«encourager l'emploi» (Pensez-vous que la création d'emplois dépende du bon vouloir des chômeurs, ou de celui des employeurs ?).

Avec l'OCDE, nous atteignons des summums d'hypocrisie… et de cruauté sociale. Car son message a été entendu par ses membres - les 30 pays les plus "développés" de la planète - dont dix ont joué les bons élèves. «Il y a dix ans, les pays limitaient l'accès aux allocations. Aujourd'hui, ils en réduisent le montant», se réjouit-elle dans son rapport annuel intitulé "Prestations et salaires". En moyenne, dans la plupart des pays membres, le montant des allocations chômage est tombé à 55% du salaire antérieur alors qu'il était de 59% en 2001. Aux États-Unis, en Grèce, en Turquie et en Italie, où les prestations en faveur des chômeurs de longue durée sont très faibles voire inexistantes, l'indice de générosité est inférieur à 30%. Les pays nordiques sont les plus protecteurs avec des niveaux de prestations supérieurs à 70% (et un taux de chômage très bas : comme quoi il n’y a pas de corrélation entre chômage et niveau d’indemnisation, de la même façon que depuis trente ans le chômage s’est massifié malgré les restrictions successives).

Dans cette vaste opération d’appauvrissement, sans surprise, c'est l'Allemagne qui rafle la meilleure note : là-bas, un chômeur de longue durée perçoit aujourd'hui 4.000 € de prestations annuelles en moins par rapport à 2001 grâce au Plan Hartz IV. En République slovaque, l'écart ressort à 2.200 €. Et le Royaume-Uni se distingue depuis longtemps puisqu'il fait payer sa réussite économique à ses chômeurs, qui sont les plus pauvres et les plus traqués d'Europe : là-bas, c'est 82 £ par semaine (340 € par mois) pendant 6 mois maximum, peu importe le salaire antérieur et le nombre d'années travaillées, avec le harcèlement du conseiller à l'emploi qui va vous pousser à accepter n'importe quel job et tester votre bonne foi au détecteur de mensonge… le top !

Par contre, sur la même période, les niveaux de prestations ont augmenté de 1.300 € en Belgique et de 1.600 € en Irlande : l’OCDE osera-t-elle leur coller un bonnet d’âne ?


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Mis à jour ( Mardi, 06 Décembre 2011 12:15 )  

Commentaires 

 
0 # tristesir 2007-12-14 08:42 D'où le mythe des "500 000 emplois" non pourvus (au moment où j'écris cela, l'ANPE prétend avoir 216 461 offres d'emploi en ligne sur son site web)
qui permet de stigmatiser les sans-emplois.
Notez que ceux qui agite ce mythe comme un spectre ne communique pas beaucoup sur la nature de ces emplois, le nombre d'heures, le salaire.

Obliger les chômeurs à reprendre n'importe quel emploi même indigne est devenu une priorité pour ceux qui gouvernent, même dans l'ombre.

La déqualification et le sous-emploi non choisi qui cantonne celui qui y est assujetti à une pauvreté et une précarité chronique sont la solution qu'ils ont choisi pour aller vers le "plein emploi".

Baisser les allocations chomage et maintenant l'expérimentation du RSA (revenu de solidarité active) sont des mesures complémentaires qui vont dans ce même sens.
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0 # superuser 2007-12-16 20:53 Et on comprend pourquoi les chiffres du chômage ou de l'inflation resteront "bons" :

Jean-Philippe Cotis, le magicien des chiffres
Dans un portrait, Le Monde évoque ses talents de prestidigitateur…

Pourquoi l'INSEE a changé de directeur
Jean-Michel Charpin a été limogé avant la fin de son mandat de cinq ans. Nicolas Sarkozy, qui ne l'appréciait pas, l'a aussitôt remplacé par cet ex économiste en chef de la très libérale OCDE.
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