«Soit nous arrivons à convaincre Lakshmi Mittal, le patron d'Arcelor Mittal, et nous investirons avec lui, soit nous trouvons un repreneur et nous investirons avec lui», a expliqué un président en panne de popularité devant des sidérurgistes anxieux.
Des promesses, encore des promesses ? Lors du rachat d'Arcelor par le géant Mittal Steel, en 2006, le groupe avait certifié que cette fusion respecterait «totalement les engagements sociaux et industriel d'Arcelor. Il n'y aura pas de plan de restructuration, de licenciements collectifs ou d'autres plans de réduction de personnel chez Arcelor en Union européenne à la suite de l'intégration de Mittal et Arcelor»... Nicolas-Sarkozy-Notre-Sauveur osera-t-il rappeler cet engagement à M. Mittal ? Non : un président bling-bling ne peut que s'aplatir devant la 5e fortune mondiale.
Que l'Etat, dans un bel élan de patriotisme économique, vienne à la rescousse et lâche quelques millions pour sauver une entreprise et ses emplois, en voilà un geste qu'il est beau. Pourtant, on nous a déjà dit que «les caisses sont vides», que «la France est en faillite»... Qu'à cela ne tienne ! L'homme d'affaires indien, à la tête du géant mondial de l'acier, s'en tire à bon compte : au lieu de le mettre devant ses responsabilités, Nicolas Sarkozy l'en exonère et préfère piocher… dans l'argent public. Le magnat de l'acier n'a plus qu'à se frotter les mains : bien qu'il soit immensément riche, ce n'est pas lui qui va mettre la main à la poche… mais nous ! D'ailleurs, n'importe quel patron bénéficiaire et milliardaire peut décider de procéder à des licenciements massifs : l'Etat, servile complice, sera toujours là pour payer les pots cassés. Et tandis qu'on reproche aux chômeurs et aux RMIstes d'être des assistés responsables de leur situation, on continue à dérouler le tapis rouge aux Lakshmi Mittal de la planète.
«Le capitalisme privatise les gains et mutualise les pertes», disait Karl Marx. On le voit nettement aujourd'hui : les profits - de plus en plus colossaux - sont très peu, voire pas du tout redistribués mais, en cas de pépin, c'est toujours à la collectivité d'assumer les erreurs ou les choix d'un système dont on nous prône l'universelle légitimité. C'est dès le plus jeune âge qu'on nous serine que ceux qui travaillent dur et prennent des risques bien calculés gagnent beaucoup d'argent, et que ceux qui sont fainéants ou prennent des risques inconsidérés n'ont qu'à s'en prendre à eux-mêmes. Or, dans la réalité, ce sont bien ceux qui travaillent le plus dur - et qui gagnent le moins - qu'on n'hésite pas à trahir et à sacrifier tandis que ceux qui "prennent des risques" comme ils jouent au Monopoly - et sans suer une seule goutte - savent qu'un confortable matelas viendra toujours leur sauver la mise.
Alors oui, plus que jamais les profits sont privatisés et les risques socialisés (et surtout pas l'inverse). Mais les libéraux décomplexés - dont Nicolas Sarkozy est l'emblème - continuent à nous dire qu'il faut moins d'Etat. Sauf que l'Etat reste le bienvenu pour servir de vache à lait à ces messieurs, que ce soit en exonérations de "charges", en aides publiques ou comme bouée de sauvetage. La question est récurrente : que ce soit en France ou ailleurs, on se demande encore et toujours... mais...
... qui sont les vrais assistés ???
PS : Arcelor Mittal, n°1 mondial de l'acier, a publié mercredi 13 février son premier exercice intégral depuis la fusion de juin 2006. Exercice qui affiche un bénéfice net record de 10,36 milliards de dollars (7,5 milliards d'euros) pour 2007, soit une progression de 30% sur un an.
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