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Le culte de l'irresponsabilité
La quinzième séance d'hier est restée tout aussi désespérante. M. Clédat est revenu sur les propositions de départ anticipé élaborées avec les syndicats en les substituant à un "mi-temps pénibilité" aux conditions d'accès outrageusement drastiques : il s'agirait d’«un passage à mi-temps ou de l'exercice d'une mission de tutorat au sein de son entreprise», complété par «une allocation spécifique à la charge de la solidarité nationale» et réservé aux «ouvriers et employés d'exécution» de 58 ans, suite à avis médical. Ce dispositif serait ouvert seulement aux salariés ayant accompli 40 années d'activité, dont 30 ans d'exposition à des facteurs de pénibilité, et 10 ans en cumulant trois des critères de pénibilité (travail très physique, de nuit, ou exposé à des produits toxiques). Une proposition qu'il refuse que les entreprises financent, renvoyant à la collectivité pour la rémunération de la période hors temps de travail. Pour s'acquitter de leur gratitude envers des travailleurs "cassés" d'avoir longuement contribué au bon fonctionnement de leurs entreprises, une fois de plus l'Etat a bon dos et, pour leur éviter de se piquer les doigts avec les oursins qu'ils ont dans les poches, les employeurs ont l'habitude de se défausser sur lui alors que, le reste du temps, ils déplorent le "trop d'état" dans la société française !
«Est-ce qu'ils nous proposent de mourir à temps partiel dans les entreprises ?», a ironisé Michèle Biaggi (FO) qui rappelle que plus de 56% des salariés sont exposés à au moins une pénibilité physique dans leur emploi. «Le mi-temps thérapeutique existe déjà», s'est émue la présidente de la Caisse nationale d'assurance vieillesse Danièle Karniewicz (CFE-CGC) pour qui le texte est «un recul majeur» et «ne colle pas» avec la volonté de dialogue affichée par le Medef. Quant à la CGT, elle estime que les propositions patronales «frisent l’immoralité et l’irresponsabilité».
Outre le cynisme, l’immoralité, l’irresponsabilité ou le mépris, faut aussi parler de cruauté ?
[1] La plus récente (et accablante) est celle de l'Institut national des études démographiques (INED) : "La double peine des ouvriers, plus d'années d'incapacité au sein d'une vie plus courte", parue dans son bulletin «Population et Société» de janvier 2008.
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Commentaires
Aujourd’hui, en France, selon les chiffres officiels de l’assurance-maladie et du Ministère du travail (2006), le travail tue, blesse et rend malade, à raison de 2 morts par jour dus à des accidents de travail, de 8 morts par jour dus à l’amiante, de deux millions et demi de salariés exposés chaque jour dans leur travail à des cocktails de produits cancérigènes, de millions d’hommes et de femmes constamment poussés aux limites de ce qu’un être humain peut supporter, moralement et physiquement.
Lire ici => Travailler fait souffrir Répondre | Répondre avec citation |
En sortant du tribunal de commerce de Besançon, lundi après-midi, les visages des 40 salariés de Brocard et Roux (BRS) montraient toute la consternation et la colère qui les animaient. Après un court délibéré, les juges ont en effet décidé la cessation d’activité de l’entreprise à partir du 29 février prochain. «On a les machines, mais plus de matière première pour produire ! Il y a des jugements incompréhensibl es. On fait quoi ? L’inventaire de plus rien ?» s’emporte un salarié.
Les matières premières et une partie des pièces confectionnées ont été frauduleusement embarquées dans des camions qui ont pris la direction de la Slovaquie, dans la nuit de vendredi à samedi. Un vol qui, visiblement, n’a pas ému les juges malgré les constatations de la gendarmerie. «C’est proprement scandaleux. On peut, dans ce pays, organiser une délocalisation sauvage, monter des transferts de matières en toute illégalité, et si nous ne nous étions pas aperçus du stratagème en découvrant les camions, laisser quarante salariés, le lundi matin, dans une usine vide ! Et ce personnage peut gentiment sortir d’un tribunal sans sanction. Un gosse qui vole un bonbon dans une boulangerie est puni plus gravement que lui !» s’emporte Laurent Idelot, le directeur général de Devecey en apercevant son PDG britannique, Mike Bacon, monter dans une voiture et filer à l’anglaise.
Maintenu sous surveillance des salariés dans l’entreprise durant tout le week-end, Bacon a donc quitté libre l’enceinte du palais de justice, les paies de janvier n’ont pas été versées et il y a peu d’espoir de le revoir pour liquider de cette entreprise. Selon Laurent Cornu, le directeur commercial et porte-parole des salariés, la liquidation permet uniquement aux salariés de bénéficier des droits sociaux attachés à cet état. Mais il craint, aujourd’hui, que l’épisode vécu par BRS ne soit préjudiciable à une éventuelle reprise. «Ce qui est grave, c’est qu’il ait emporté dans les camions des pièces qui ont déjà été achetées par nos clients et que nous ne pourrons donc pas leur livrer. Cela entraîne obligatoirement une perte de confiance qu’il sera difficile de retrouver.»
À Devecey, il y a donc 40 salariés sur le carreau et, en Slovaquie, un patron voyou, heureux de son mauvais coup, tranquillement installé dans un bureau.
(Source : L'Humanité) Répondre | Répondre avec citation |
Vous avez été dix ans le chauffeur personnel de Dominique de Calan, délégué général adjoint de l'UIMM. Comment cela s'est-il passé ?
Durant ces dix années, j'étais pratiquement 24 heures sur 24 à la disposition de Dominique de Calan. J'effectuais 140.000 kilomètres dans l'année. Au sein de l'UIMM, c'était un homme influent. Il se présentait comme le négociateur de la mise en place des 35 heures avec les syndicats. A ce titre, j'ai eu à le conduire à de multiples réunions ainsi qu'à d'innombrables déplacements. Occasionnelleme nt, j'ai également amené Dominique Renaud, l'administratrice de l'UIMM pour «faire une banque».
Que voulez-vous dire par «faire une banque» ?
On me demandait de la conduire et de l'attendre au volant de ma voiture devant la banque Martin-Morel, située à 400 mètres du siège de l'UIMM à Paris. Au bout de quelques minutes, Dominique Renaud revenait avec son porte-documents. Nous ne parlions jamais de ces déplacements et de ces courses, même si tout le monde en connaissait les motifs. J'ai toujours été très réticent à rendre ce genre de service. D'une part, cela ne rentrait pas dans mes obligations : ma fonction consistait à conduire Dominique de Calan et non à être un transporteur de fonds. D'ailleurs, concernant ces déplacements à la banque, il me semble qu'il n'y avait aucune trace écrite de ces opérations. Aucun cahier de courses ne les mentionne. Ces déplacements étaient principalement effectués par les huissiers de l'UIMM, qui allaient chercher l'argent sous les instructions de la responsable des services généraux de l'époque.
Ces déplacements étaient-ils fréquents ?
C'est difficile à dire car ce n'était jamais la même personne qui accompagnait Dominique Renaud, pour qui j'avais de la sympathie. Ce qui est certain, c'est qu'il n'y avait pas de problème d'argent à l'UIMM. Tout le monde savait que les espèces circulaient en grand nombre. A ma connaissance, tous les remboursements de frais étaient réglés en liquide jusqu'en 2005.
Avez-vous rencontré des politiques et des syndicalistes ?
Bien évidemment oui. J'ai vu des syndicalistes de tout bord et des hommes politiques de droite comme de gauche. Dominique de Calan répétait qu'il avait des relations privilégiées avec Force ouvrière et Marc Blondel (ancien secrétaire général de ce syndicat). Dominique de Calan expliquait également qu'il était un interlocuteur incontournable au Conseil régional de Bretagne. De hauts magistrats de la Cour d'appel étaient conviés chaque année par les responsables de l'UIMM pour la journée pour une cérémonie en grande pompe.
Pourquoi décidez-vous de parler aujourd'hui ?
J'ai donné dix ans de ma vie à Dominique de Calan. Durant toute cette période, je me suis levé à l'aube, couché très tard au détriment de ma vie familiale. Dominique de Calan se félicitait d'être le négociateur des 35 heures mais le jour où je lui ai demandé de me régler les heures supplémentaires , il a refusé. J'en ai gardé une profonde amertume. Répondre | Répondre avec citation |
Pour encourager l'emploi des seniors, la présidente du MEDEF Laurence Parisot est favorable à l'idée de repousser l'âge légal de départ à la retraite, mais pas à celle d'instaurer un bonus-malus.
"Si nous voulons augmenter le taux d'activité de ceux qui sont aujourd'hui âgés de plus de 55 ans, la meilleure façon est de repousser l'âge légal de départ à la retraite", déclare-t-elle dans un entretien au quotidien La Tribune de vendredi.
Souhaitant "qu'on cesse de considérer que l'âge légal de 60 ans est un symbole intouchable" et qu'on reconnaisse "qu'on peut partir progressivement à 62 ou 63 ans", Laurence Parisot se dit hostile à un "bonus-malus" pour favoriser l'emploi des seniors. Il "ressemble à ce qu'on appelait la contribution Delalande, dont on a mesuré les effets pervers dans le passé", dit-elle. "Avec ce dispositif, plus personne ne voulait embaucher des personnes âgées de plus de 45 ans car, en cas de rupture, l'entreprise payait un malus".
La présidente du Mouvement des entreprises de France se dit par ailleurs "totalement opposée" à un transfert des cotisations chômage vers les cotisations retraite comme l'envisage le gouvernement pour financer la réforme des retraites. "Il faut d'autres voies", dit-elle, appelant à créer beaucoup plus de richesses en France et à explorer la piste de la réduction des dépenses.
A propos du pouvoir d'achat, elle juge qu'on "va fragiliser encore plus notre système de production" si l'on pense résoudre le problème "en commençant directement par les salaires". "Il faut prendre les choses à l'envers et d'abord créer plus de richesses, augmenter la production, avoir une croissance plus soutenue, et faire baisser significativeme nt et durablement le chômage", avance-t-elle, précisant soutenir "dans certaines limites" l'idée de réserver les allégements de charges aux entreprises faisant des efforts sur la politique salariale.
A la question de savoir si elle va se présenter à sa propre succession à la tête du MEDEF d'ici deux ans et demi, Laurence Parisot juge cette question "prématurée", tout en répondant "plutôt oui". "J'ai mille idées pour nos entreprises et pour l'économie de notre pays", dit-elle.
(Source : La Tribune) Répondre | Répondre avec citation |
"Ce n'est pas facile à dire, mais même si ça [le suicide, ndlr] se passe sur le lieu de travail, ce n'est pas toujours lié à des facteurs liés au travail. (…) Néanmoins, je considère que dans notre pays les relations dans le travail se sont hypertendues ces 15 dernières années", a-t-elle poursuivi.
"Je pense que c'est très lié au climat général qu'il y a dans notre pays parce que tout est plus dur. C'est plus dur pour l'entreprise de dégager des marges. Je vous rappelle que les entreprises françaises ont en moyenne 10 points de marge de moins que les entreprises allemandes. Tout est plus dur", a-t-elle noté.
(Source : Le Figaro)
Et une larme pour le patronat, une ! Répondre | Répondre avec citation |
Ces dernières semaines, l'UIMM a discrètement repris sa place dans les instances. Michel de Virville a été nommé à la présidence de la commission sociale du Medef et à celle de l'assurance-chômage (Unedic), Dominique de Calan [1] a été choisi pour reprendre la présidence des retraites complémentaires Agirc. Quant à Denis Gautier-Sauvagnac, il siège toujours dans les réunions préparatoires aux négociations en cours (pénibilité, représentativit é…) et trouve son mot à dire sur la réforme de la formation professionnelle .
Les patrons ont également du mal à regarder autour d'eux. Laurence Parisot les a encore appelés à s'ouvrir et à se moderniser, mais la plupart des sujets de préoccupations actuelles des salariés ont été soigneusement évités. Ainsi, l'expression «pouvoir d'achat» n'a-t-elle pas été prononcée. En revanche, le Medef se déclare très satisfait du résultat de son lobbying. «En à peine plus de deux ans, a souligné sa présidente, nous avons installé la parole des chefs d'entreprise dans tous les débats publics, nous avons remis des mots à la mode, lancé des slogans et forgé des concepts. Tous ont acquis la force de l'évidence.» Et de conclure : «La réconciliation des Français avec l'entreprise est en marche.»
(Source : Les Echos)
[1] Dominique de Calan, le bras droit de Denis Gautier-Sauvagnac, a enfin été, lui aussi, mis en examen le 14 février pour complicité et recel d'abus de confiance dans l'affaire des retraits suspects en liquide des caisses de l'UIMM. Répondre | Répondre avec citation |
Le système Parisot : témoignage d'un salarié jetable Répondre | Répondre avec citation |