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Accueil Social, économie et politique Pénibilité, ou le vrai visage du patronat

Pénibilité, ou le vrai visage du patronat

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Les dernières rencontres paritaires sur la pénibilité au travail démontrent jusqu'où va le cynisme du Medef, à désespérer de croire qu'il y a peut-être ici bas des patrons humains.

Cela fait trois ans que les partenaires sociaux se réunissent sur ce sujet, en vain. Le patronat refuse obstinément de reconnaître l'impact des conditions de travail sur la santé et l'espérance de vie des ouvriers, en dépit des études scientifiques les plus sérieuses qui prouvent que non seulement ils vivent entre 5 et 7 ans de moins que les cadres, mais que leurs années de vie en mauvaise santé sont plus fréquentes que parmi les autres catégories socio-professionnelles [1]. Même le ministre du Travail Xavier Bertrand s'était dit «choqué» la semaine dernière par l'attitude du négociateur patronal François-Xavier Clédat (remplaçant de Denis Gautier-Sauvagnac, mis en examen dans l'affaire de l'argent occulte de l'UIMM…), qui a nié cette évidence lors de la réunion du mercredi 30 janvier.

Le culte de l'irresponsabilité

La quinzième séance d'hier est restée tout aussi désespérante. M. Clédat est revenu sur les propositions de départ anticipé élaborées avec les syndicats en les substituant à un "mi-temps pénibilité" aux conditions d'accès outrageusement drastiques : il s'agirait d’«un passage à mi-temps ou de l'exercice d'une mission de tutorat au sein de son entreprise», complété par «une allocation spécifique à la charge de la solidarité nationale» et réservé aux «ouvriers et employés d'exécution» de 58 ans, suite à avis médical. Ce dispositif serait ouvert seulement aux salariés ayant accompli 40 années d'activité, dont 30 ans d'exposition à des facteurs de pénibilité, et 10 ans en cumulant trois des critères de pénibilité (travail très physique, de nuit, ou exposé à des produits toxiques). Une proposition qu'il refuse que les entreprises financent, renvoyant à la collectivité pour la rémunération de la période hors temps de travail. Pour s'acquitter de leur gratitude envers des travailleurs "cassés" d'avoir longuement contribué au bon fonctionnement de leurs entreprises, une fois de plus l'Etat a bon dos et, pour leur éviter de se piquer les doigts avec les oursins qu'ils ont dans les poches, les employeurs ont l'habitude de se défausser sur lui alors que, le reste du temps, ils déplorent le "trop d'état" dans la société française !

«Est-ce qu'ils nous proposent de mourir à temps partiel dans les entreprises ?», a ironisé Michèle Biaggi (FO) qui rappelle que plus de 56% des salariés sont exposés à au moins une pénibilité physique dans leur emploi. «Le mi-temps thérapeutique existe déjà», s'est émue la présidente de la Caisse nationale d'assurance vieillesse Danièle Karniewicz (CFE-CGC) pour qui le texte est «un recul majeur» et «ne colle pas» avec la volonté de dialogue affichée par le Medef. Quant à la CGT, elle estime que les propositions patronales «frisent l’immoralité et l’irresponsabilité».

Outre le cynisme, l’immoralité, l’irresponsabilité ou le mépris, faut aussi parler de cruauté ?

[1] La plus récente (et accablante) est celle de l'Institut national des études démographiques (INED) : "La double peine des ouvriers, plus d'années d'incapacité au sein d'une vie plus courte", parue dans son bulletin «Population et Société» de janvier 2008.

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Mis à jour ( Jeudi, 07 Février 2008 16:02 )  

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