D'abord, la mauvaise foi de l'intéressé est évidente. Il prétend avoir adressé des courriers à la Direction départementale du travail et à l'Assedic : or, nous savons tous par expérience que leur écrire est un écueil (d'ailleurs, ils le reconnaissent eux-mêmes…) ! Pour stopper les versements il suffit, en toute simplicité, de signaler son changement de situation par les biais habituels - téléphone ou internet - même en étant «dispensé de recherche d'emploi» comme Gérard Gaudron, né en 1949. Car les «DRE», s'ils n'ont plus l'obligation de pointer, comme les autres chômeurs ils ont toujours la possibilité - et le devoir - d'effectuer cet acte d'actualisation téléphonique ou télématique avec le code personnel qu'on leur a inévitablement fourni et qui leur permet de se désinscrire volontairement. Pourquoi ne l'a-t-il pas fait ? M. Gaudron, qui était chômeur à l'ARE depuis août 2005 (et cumulard à la mairie d'Aulnay-sous-Bois => lire en commentaire), ne pouvait ignorer ces options.
Donc, on ne va pas tout de même pas nous faire croire que M. Gaudron a continué à percevoir ses allocations sans pouvoir y mettre fin.
Qu'il déclare saisir la justice pour «retrouver l’auteur de cette affaire qui a sali [son] honneur» à quelques jours des élections municipales, grand bien lui fasse ! Mais sur ce seul point, sa plainte est irrecevable. Accaparé par sa campagne électorale, en vérité cet homme a négligé ses devoirs de chômeur alors qu’il veut désormais les faire valoir pour les autres => lire en commentaire.
Côté service public de l'emploi, plusieurs questions demeurent sans réponse...
Selon Le Canard Enchaîné, M. Gaudron a été convoqué deux fois à l'ANPE en 2007 : une première fois le 11 mai «pour faire le point», où il ne s'est pas présenté. Puis le 7 août suivant, où il ne s'est pas présenté non plus (il est devenu député en juin). Et c'est seulement à ce second «manquement» que l'Assedic décide de le suspendre alors que n'importe quel chômeur loupant un rendez-vous, même annulé en bonne et due forme, même pour un motif légitime, est radié sur-le-champ. POURQUOI ?
Les allocations du député-maire ont donc été coupées entre août et octobre 2007. Puis il les a perçues à nouveau. Or, à l’issue d'une période de radiation-sanction, c’est à l’allocataire de procéder lui-même à sa réinscription, toujours par internet ou par téléphone. Ce que visiblement M. Gaudron n'a pas manqué de faire ? Ou alors, comme le suggère Le Canard, sa réintégration a eu lieu «à la demande expresse du directeur départemental du Travail et de l'Emploi» : EN QUEL HONNEUR ???
Et ce soir, cerise sur le gâteau, l'Assedic de Seine-Saint-Denis vient d'annoncer officiellement qu'elle estime que M. Gaudron «n'est pas suspect de fraude» à l'assurance-chômage. A-t-elle quelque chose à se reprocher, ou participe-t-elle à la propagande UMPiste ? Les deux, mon général ? Dans un communiqué transmis par l'Unedic, décidément de plus en plus parasitée par le Medef, on le dédouane et on confirme que Gérard Gaudron a bien signalé sa situation par écrit, mais que «ce courrier n'a pas été immédiatement traité»... ET POURQUOI DONC ? Alors qu'il suffit de peu pour être radié et que l'heure est à la stricte gestion de la liste, cet incroyable dysfonctionnement est hautement suspect.
Pour finir, l'Assedic explique qu’«une demande de remboursement allait être adressée à M. Gaudron au moment où les faits ont été diffusés publiquement»… comme par hasard ! Pourquoi avoir attendu huit mois et une médiatisation pour réagir enfin, elle qui est si prompte à couper illico les vivres à tant d'autres ? «Son cas a fait l'objet de l'établissement d'un "trop perçu" qui donnera lieu à un remboursement des sommes concernées, comme l'allocataire s'y est de lui-même engagé», précise-t-elle. On n'a pas non plus l'habitude d'une telle déférence de la part de l'Assedic ou même de la CAF dans ce type d'opération. Pour quelques dizaines d'euros on vous traite comme un truand alors que ce monsieur, qui doit quelque 12.000 € cumulés à l'assurance-chômage, a droit au tapis rouge...
Par cette histoire plus que louche, au delà de la négligence ou de l'incompétence, l'Assedic et la DDTE nous prouvent qu'elles ne traitent pas tous les chômeurs de la même manière.
«Selon que vous serez puissant ou misérable, les jugements de cour vous rendront blanc ou noir.»
(Jean de La Fontaine - Les Animaux malades de la peste)
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