On a vu que les ex-membres de la Commission européenne, qui bénéficient d'une protection sociale de rêve tandis qu'ils prônent précarité et rigueur pour les peuples qu'ils dirigent, peuvent cumuler durant 3 ans leurs indemnités de chômage avec les revenus de leur nouvel emploi à condition de ne pas dépasser un large plafond : c'est parfaitement légal.
En France, nos parlementaires bénéficient aussi d'un régime spécial luxueux — retraite, cumul emploi retraite et chômage (indemnisation dégressive sur 5 ans) — qu'ils ont bien du mal à réformer, et qui tranche honteusement avec l'ordinaire qu'ils imposent à leurs concitoyens. Dans les deux cas, qu'ils cotisent ou non (nos parlementaires français ont leurs propres caisses alors que les commissaires européens sont pris en charge… par le budget européen), les privilèges qu'ils s'octroient "en famille" découlent directement de leur fonction.
Quand c'est Pôle Emploi qui paie
Pour nos élus locaux — maires, conseillers municipaux, régionaux ou généraux, adjoints… — issus du privé et ayant perdu leur emploi (on peut imaginer que certains ont peut-être négocié une "rupture conventionnelle" afin de pouvoir se consacrer pleinement à leur nouvelle fonction...), Pôle Emploi est là. C'est expliqué ici : un élu qui exerce un mandat au sein d'une collectivité territoriale a le droit de continuer à percevoir l'intégralité de son indemnisation au titre du chômage sans qu'il soit tenu compte des sommes qu'il reçoit dans l'exercice de sa fonction, car les mandats électifs exécutés auprès des collectivités territoriales ne constituent pas une activité professionnelle. Une subtile nuance définie et votée par les "partenaires sociaux" de l'Unedic dans leur convention de 2006.
Cette faveur ne concerne pas les députés : c'est pourquoi, en 2008, l'affaire du député-maire UMP d'Aulnay-sous-Bois, Gérard Gaudron, a fait grand bruit.
Ce qui coince, c'est qu'il faut tout de même que l'élu-chômeur, comme n'importe quel bénéficiaire de l'assurance chômage convoqué régulièrement à Pôle Emploi, justifie de "l'accomplissement d'actes positifs et répétés de recherche" pour continuer à percevoir ses allocations. Or on se demande comment un élu, mandaté pour six ans et relativement bien occupé, peut s'adonner sérieusement à cette obligation. De plus, sachant que le candidat qu'il a en face de lui est élu local et qu'il faudra lui accorder de fréquentes autorisations d'absence, quel employeur s'embêtera à recruter une personne dont la disponibilité n'est pas pleine et entière ?
Ce qui coince encore, c'est de savoir que Pôle Emploi n'hésite pas à radier des chômeurs qu'il soupçonne de trop s'adonner à des activités bénévoles (on a eu un cas récemment sur le forum). Pôle Emploi estime qu'il n'a pas à entretenir quelqu'un qui bosse gratis et qui, de ce fait, ne consacre pas l'essentiel de son temps à rechercher un vrai travail. Un comble, alors qu'il a le droit d'indemniser des élus qui perçoivent traitement et primes en échange de leur activité !
Tout ceci est absurde, pour ne pas dire archaïque, et une fois de plus scandaleusement inégalitaire.
SH
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