Visiblement abandonné par sa consœur Christine Lagarde, dont la boule de cristal n'a jamais fonctionné et la méthode Coué semble avoir atteint ses limites, Laurent Wauquiez a admis ce matin au micro de France Inter : «On a une dégradation du climat économique et ça pèse nécessairement sur l'économie de la France. [...] On va rentrer dans une période qui va être délicate en terme d'emploi. [...] Je pense qu'on entre dans une phase qui va être difficile et qui va durer au minimum un an».
Ce qui est vrai. D'ailleurs, tous les économistes et autres organismes officiels (Unedic, INSEE, OFCE, BIT, OCDE…) le disent depuis au moins six mois : le chômage va remonter, et même plus que prévu; aucune amélioration n'est à attendre avant 2010. Mais, à part ça, le bon petit soldat Laurent Wauquiez continue à professer la politique de l'autruche chère à son parti en jugeant encore possible le retour au «plein emploi» pour 2012, promesse de campagne de Nicolas Sarkozy !
Et son collègue Eric Woerth, ministre croupion du Budget invité ce matin sur LCI, fait pire en réitérant le souhait du gouvernement, malgré cette remontée qui va durablement se traduire par de moindres rentrées vers les caisses de l'Unedic, de voir ses gestionnaires baisser les cotisations-chômage au profit d'une hausse des cotisations-vieillesse... «Vous avez aujourd'hui à l'Unedic des comptes très positifs, avec un excédent très important, et il n'y a pas de raison de penser que les choses se dégraderont plus vite. Donc il faut basculer ces cotisations : il faut cette solidarité entre les régimes», a-t-il autistement insisté.
Cet optimisme de façade, cette minimisation systématique des faits et cette obstination dans l'erreur sont totalement insupportables !
Depuis qu'Actuchomage existe, nous n'avons cessé de le dire :
• En matière d'emploi, le bilan de la droite au pouvoir depuis 2002 est absolument affligeant
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Son incapacité à mener une véritable politique industrielle qui soutienne l'investissement, l'innovation et la recherche est prégnant. Par contre, elle a encouragé la précarisation du travail, sa dérèglementation et la modération salariale à grands coups de «réformes» régressives et de subventions, défiscalisations et autres allègements de «charges» aux entreprises : la réactivation des contrats aidés, parfaits symboles de la promotion de l'emploi de mauvaise qualité financé par l'argent public, en est l'une des nombreuses facettes.
• Pour pallier son incompétence — qui n'en est pas une, puisque le chômage et la précarité sont des composants indispensables au bon fonctionnement du libéralisme économique — et à son immoralité — contre laquelle Nicolas Sarkozy prétend désormais vouloir lutter —, l'UMP a largement pratiqué la désinformation économique, mentant à l'opinion comme un arracheur de dents
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Par exemple, les fameuses 360.000 créations de postes de 2007 (piètre score vanté comme un exploit) étaient, à 80%, composées d'emplois précaires et sous payés. Et le «boom» des créations d'entreprises dont elle se gaussait ne peut plus cacher l'explosion inquiétante des faillites.
• Pour parachever ce bel écran de fumée, l'UMP, de tout temps, a adopté la stratégie du bouc émissaire en montant l'opinion contre les chômeurs, aisément érigés en uniques responsables du marasme économique qu'elle contribue en réalité à entretenir. Ainsi, elle détourne les Français de son implication active contre l'emploi et ceux qui en ont besoin.
Outre les mensonges (le chômeur plaquiste de Nicolas Sarkozy qui a refusé 67 offres) et nombreuses diffamations qu'elle s'est permise d'employer à l'encontre des privés d'emploi et des RMIstes (du député Auclair en février 2005 à Simone Veil en avril 2007, sans oublier le sénateur Dassault en juin dernier), elle a développé un contrôle social visant à les stigmatiser en tant que fraudeurs, profiteurs et fainéants, puis pondu des lois répressives visant à accentuer la pression pour les contraindre à accepter des emplois dégradés, sous couvert de leur couper tout moyen de subsistance.
Longtemps, et encore il y a peu, on nous a fait croire que «l'emploi, ça va mieux» à grands renforts de manipulation de chiffres, de culpabilisation et de discours fallacieux. De cette arrogance, les Français en ont fait les frais. Et cela est parti pour continuer.
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