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Il paraît même que la rumeur avait filtré juste avant que Nicolas Sarkozy ne monte à la tribune du Zénith de Toulon pour nous lire son discours de "politique économique". D'où sa petite phrase que certains ont saluée pour sa "lucidité" : «La crise économique et financière est en train de bouleverser le monde (...) et les Français doivent savoir qu’elle aura des conséquences dans les mois qui viennent sur la croissance, sur le chômage, sur le pouvoir d’achat»...
Le gouvernement, qui se vantait du «taux de chômage le plus bas depuis 1983», tombe de haut : il s'agit maintenant du «pire chiffre mensuel depuis mars 1993» et de la cinquième hausse depuis janvier. On peut cacher la vérité un certain temps, employer la méthode Coué, jongler avec les statistiques et trafiquer les chiffres : la vérité finit toujours par réapparaître.
Pour le président Sarkozy, qui n'a réussi à être ni «le président du pouvoir d’achat», ni à «aller chercher la croissance avec ses dents», l'objectif escompté d'un taux de chômage à 5% en 2012 semble tout aussi inextinguible malgré sa nouvelle loi sur les «droits et devoirs» des demandeurs d'emploi, la plus répressive jamais votée en France contre les victimes, justement, du «capitalisme dévoyé» qu'il s'est plu a dénoncer.
Qu'à cela ne tienne : il a déclaré qu'il fallait poursuivre, voire accélérer ses «réformes» (qui n'ont toujours rien donné, sauf creuser le déficit public à 52 milliards d’€ alors que, grâce à un système fiscal de plus en plus inégalitaire, des contribuables millionnaires sont exonérés d'impôt). Et pour faire des économies de bouts de chandelle, il a osé confirmer la suppression de 30.600 postes de fonctionnaires en 2009 (après en avoir sacrifié déjà 23.000 cette année, 15.000 en 2007 et 9.500 en 2006… c'est du plan social à grande échelle). A côté, Laurent Wauquiez nous a semblé bien ridicule en fustigeant ce matin les 4.900 suppressions de postes prévues par Renault.
Les chiffres officiels du chômage seront publiés lundi, parallèlement à une «réunion de crise» qui se tiendra à Bercy avec «l’ensemble des services concernés par l’emploi»...
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Commentaires
« C'est vrai que la conjoncture n'est pas bonne depuis maintenant 3 à 5 mois. Ce qui était surprenant, c'était qu'au cours du premier semestre de cette année, l'économie française avait plutôt détruit des emplois. Il y avait très peu de créations d'emplois dans le secteur privé mais beaucoup de destructions d'emplois dans le secteur public. Au total, on avait détruit 18.000 emplois au cours du premier semestre et, malgré cela, le chômage avait baissé. Globalement, il y avait une baisse par rapport à l'année 2007, et c'est ça qui était étonnant.
Il était donc normal que ce petit miracle ne dure pas. La conjoncture et la croissance étant toujours basses, on peut s'attendre encore à ce qu'il y ait des destructions d'emplois, et c'est en toute logique que le chômage remonte. Ce qui est surprenant, c'est l'ampleur sur le mois qui est un peu exceptionnelle. On n'a pas connu ça depuis 15 ans, donc il faut attendre le détail des chiffres pour en savoir plus.
Jusqu'à la fin de l'année, on ne peut pas s'attendre à une forte reprise de la croissance et, du coup, on ne voit pas comment les créations d'emplois permettraient d'absorber les nouveaux entrants sur le marché du travail, ni comment le chômage pourrait repartir à la baisse. Forcément, le chômage va repartir à la hausse mais maintenant, c'est l'ampleur qui est à regarder de prêt et à calculer. On a tout de même la chance de vivre dans une période où la population active n'est pas très très dynamique, c'est-à-dire qu'il n'y a pas énormément de nouveaux entrants sur le marché du travail et, du coup, la hausse devrait être relativement lisse. »
(Source : RMC) Répondre | Répondre avec citation |
L'automobile n'est pas le seul secteur touché. La Caisse d'Epargne a annoncé la suppression de 4.500 postes d'ici à 2012, Natixis de 850 emplois, et sur 500 au Crédit Agricole, 250 sont en France. Et encore, le volailler Doux, 647 emplois, la Camif, 509 emplois, 1.060 postes de travail supprimés sur 2.440 au niveau mondial par le fabricant britannique de cigarettes Imperial Tobacco… Globalement, les destructions d'emploi sont importantes dans l'industrie, avec 14.000 postes détruits au deuxième trimestre. Ce secteur occupe moins de 20% des salariés du privé, il en occupait encore 40% fin 1976.
Heureusement, le secteur de la construction demeure un important pourvoyeur de travail avec 12.800 postes supplémentaires . Mais, là encore, le ralentissement de l'activité immobilière laisse craindre un dynamisme moindre de l'emploi. Gros fournisseur d'emplois, souvent à temps partiel et faiblement rémunérés, les services à la personne et aux entreprises continuent leur progression. Mais comptabilisé dans le secteur tertiaire, l'intérim s'est effondré : 34.000 emplois ont été détruits (– 0,3%) au deuxième trimestre.
(Source : Le Monde) Répondre | Répondre avec citation |
En Belgique, 30.207 chômeurs de plus ont été recensés en août par rapport à juillet, selon l'ONEm.
En Grande-Bretagne, le taux de chômage est remonté à 5,5%. En août, la hausse du nombre de chômeurs inscrits (+ 32.500) est la plus élevée depuis décembre 1992. Plus de 110.000 postes devraient disparaître d'ici 2009 rien que dans la finance.
En Espagne, avec 100.000 chômeurs de plus en août, le taux de chômage (11%) est au plus haut depuis 10 ans.
En Italie, le chômage est reparti à la hausse au deuxième trimestre à 6,8% contre 6,6% au premier et 5,7% un an plus tôt, atteignant son plus haut niveau depuis deux ans.
Aux Etats-Unis, le chômage a bondi à son plus haut niveau en cinq ans en août, à 6,1% de la population active contre 5,7% en juillet, tandis que l'économie supprimait 84.000 emplois. La finance américaine devrait perdre plus de 150.000 emplois cette année. Répondre | Répondre avec citation |
On apprend que, dans le cadre du Projet de Loi de Finances (PLF) 2009, le budget de l'Etat en faveur de l'emploi et de la lutte contre le chômage (12,5 milliards d'euros en 2008) sera réduit de 5,2% l'année prochaine (11,8 milliards), et encore davantage en 2010 (10,7 milliards soit - 9,1%).
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Pour Francine Blanche (CGT), "les réponses apportées jusqu'à maintenant par le gouvernement ne correspondent pas à ce qu'il faut. Il ne faut pas culpabiliser les chômeurs, il ne faut pas faire comme s'il n'y avait pas de licenciements, comme si tout allait bien". Et de poursuivre : "Est-ce que les employeurs ont réellement envie de faire de l'anticipation pour sauvegarder des emplois ? Quand on fait des plans de pseudo-départs volontaires comme chez Renault ou de suppression de postes d'intérimaires comme chez PSA Peugeot Citroën, on accumule les travailleurs pauvres et les chômeurs. Or la moitié des chômeurs ne sont pas indemnisés".
De son côté, Stéphane Lardy (FO) a jugé que les gestionnaires de l'Unedic devaient "être extrêmement prudents car 2009 sera assez difficile concernant le chômage" et que la "priorité dans la prochaine négociation d'assurance chômage sera d'indemniser plus de chômeurs". Selon lui : "Il faut éviter de baisser les cotisations chômage alors qu'on ne sait ce qui va se passer pour les comptes de l'Unedic, vu la situation économique".
(Source : Les Echos) Répondre | Répondre avec citation |