Car le RSA, sous-financé, nécessitera de nouveaux arbitrages, dont la suppression de nombreux droits connexes tels que prévus dans le «document de cadrage» de Martin Hirsch. Outre le rognage ou la suppression de divers dispositifs (PPE, primes de retour à l'emploi, gratuité des transports en commun, CMU, allocation logement, exonération de la taxe d’habitation et de la redevance audiovisuelle…) dont les modalités d'application restent floues entre ceux qui vont «reprendre le chemin du travail» — surtout précaire et mal payé — et ceux qui resteront sur le carreau, la suppression de la prime de Noël était aussi sur la sellette, puisqu'elle devait permettre de grapiller 370 millions d'euros.
Une aumône en guise de revalorisation
Invité ce matin sur Europe 1, le ministre du Travail Xavier Bertrand a déclaré qu'au contraire, face à la crise économique et financière qui grève le pouvoir d'achat des Français et fait remonter le chômage, «il faut penser à ceux qui sont éloignés de l'emploi». «Pour tenir compte de l'inflation», il a d'abord promis d'augmenter de 11% les pensions de réversion perçues par 600.000 veufs et veuves au titre de leur conjoint décédé. Puis il a annoncé que «la prime de Noël sera maintenue, elle sera même avancée, et même majorée» (sans aucune précision sur la hauteur de cette majoration, alors que les minima sociaux n'ont été revalorisés que de 1,6% au 1er janvier dernier).
La prime de Noël, qui est actuellement de 152,45 € pour une personne seule — soit moins de 13 € par mois —, est versée à la mi-décembre aux titulaires du revenu minimum d’insertion (RMI), de l’allocation spécifique de solidarité (ASS), de l’allocation pour la création ou la reprise d’entreprise (ACCRE), de l’allocation d’insertion (AI), de la rémunération des stagiaires de la formation professionnelle (RPS) et de l’allocation équivalent retraite (AER). Ainsi, quelque 1,5 million de personnes sont autorisées à participer à la grande messe consumériste de fin d'année mais, pour beaucoup, elle permet de résorber les retards de factures. Cette modeste prime fut arrachée de haute lutte par les associations de chômeurs en 1997. Au début, elle était ouverte à tous les chômeurs, indemnisés ou pas. Puis elle a été rapidement restreinte aux plus pauvres d'entre eux.
Par souci de «cohésion sociale», Xavier Bertrand a assuré que cette mesure serait financée malgré les graves difficultés budgétaires de la France, qui a dû renoncer à son objectif de retour à l'équilibre du budget de l'Etat en 2012... Quelle sacrifice ! Quelle générosité ! Mais ce geste, ne nous leurrons pas, en sonne le glas.
=> DERNIÈRE MINUTE : La prime de Noël passera «exceptionnellement» à 220 € pour une personne seule afin de «compenser le retard» sur l'inflation, et sera versée le 20 novembre.
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