Il a affirmé que — hors flambée du pétrole — la crise financière actuelle, issue des Etats-Unis et qui se propage chez nous, est avant tout une crise du surendettement qui trouve ses racines dans la modération salariale pratiquée depuis un quart de siècle dans nos pays dits «développés».
On avait l'habitude d'accuser le consumérisme à outrance qui pousserait les gens à s'adonner aux joies du crédit : c'est en partie juste. Mais on constate désormais qu'au delà de s'en servir pour acquérir une auto, un logement ou se meubler, de plus en plus de ménages sont obligés d’y recourir pour s'acheter à manger ou règler leurs factures, tant il est vrai qu'il est plus facile d'aller chez Cetelem que de réclamer une augmentation à son patron...
Cet état d'esprit désastreux est même véhiculé par des responsables politiques tels que Martin Hirsch, créateur d'un RSA partenaire du sous-emploi et qui voit dans le «microcrédit» une solution pour aider les pauvres à s'en sortir, ou bien la ministre de l'Enseignement supérieur qui propose aux étudiants désargentés des prêts bancaires «garantis par l'Etat». Ils sont pourtant censés savoir que le crédit est un transfert fictif de pouvoir d'achat.
L'engrenage
On le sait : depuis plus de vingt ans, le fossé n'a cessé de se creuser entre les revenus du capital et ceux du travail, le premier étant instigateur d'un chômage de masse qui fait pression, à la baisse, sur le second. Cet inique déséquilibre, source d’une répartition des richesses de plus en plus mauvaise, montre aujourd'hui ses limites et, surtout, sa dangerosité. Quand on ne gagne pas assez pour vivre, on se tourne vers le crédit : à modération salariale persistante, développement du crédit… puis du surendettement.
Dominique Plihon a cité l'exemple extrême des Etats-Unis où la culture du crédit est considérable, avec un taux d'endettement qui atteint 135% du revenu disponible des ménages (alors qu'on en est à 65% dans la zone euro, ce qui est déjà beaucoup). Les dérives d'un système spéculatif avide, irresponsable et faussement auto-régulé ont abouti au scandale des prêts hypothécaires à risques ou subprimes, touchant d'abord 3 millions de familles modestes qui ont voulu acheter leur maison et se retrouvent à la rue, puis corrompu le circuit bancaire international, avec des conséquences sur l'économie réelle qu'on commence tout juste à entrevoir.
Moralité : si les actifs percevaient des revenus décents, ils n'auraient pas tant besoin de succomber aux sirènes du crédit aux particuliers, secteur qui, bénéficiant d'un effet d'aubaine à long terme distillé par un contexte économique en dégradation constante, s'est lui aussi vautré dans le lit d'une rapacité endémique et se retrouve, maintenant, infesté. Merci, Monsieur Plihon, d'avoir fait part de cette vérité éclairante que nous relayons ici.
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