Il est vrai qu'ils seraient, selon un sondage Ifop bidonné, 67% à être prêts à travailler ce jour-là : en réalité, 50% «de temps en temps seulement» et 17% toute l'année, contre 33% qui y sont totalement opposés. Curieusement, seule une courte majorité de Français (52% qui résident, aux deux tiers, en région parisienne) réclame l'ouverture des magasins ce jour-là.
Le slogan présidentiel du «travailler plus pour gagner plus» justifie avant tout le gel des salaires : pour améliorer son «pouvoir d'achat» à l'heure où les revenus du capital ont cru de 10% au détriment des revenus du travail, il est aussi vrai qu'il est mieux vu d'accepter de venir le dimanche ou de faire des heures supplémentaires que d'oser réclamer une augmentation à son patron...
Chantage au chômage
«Si la réglementation actuelle ne change pas, des entreprises vont devoir fermer et des milliers de salariés vont y perdre. La vie serait donc plus difficile pour eux en ces temps de crise», a fait valoir Luc Chatel. Une réforme visant à assouplir la législation sur le travail dominical constitue, selon lui, une arme pour soutenir l'emploi face à la crise, et fera donc l'objet d'une proposition de loi UMP qui pourrait être inscrite «à l'ordre du jour de l'Assemblée d'ici la fin de l'année». «Le commerce du dimanche, c'est des emplois et de la croissance !», a-t-il renchéri. «Il faut laisser le choix aux Français !»
Rappelant qu’«actuellement, 3,5 millions de Français travaillent le dimanche et 7 millions occasionnellement», Xavier Bertrand s'est dit favorable au doublement du salaire de ces personnes (alors qu'aujourd'hui on est loin du compte, et qu'on ne l'imagine pas demander aux employeurs de lâcher du lest). Puis il a mis l'accent sur la notion de «volontariat», parlant d'un «droit au refus» pour que ceux qui ne souhaitent pas travailler le dimanche ne subissent aucune pression. «Les textes devront être précis», a-t-il déclaré sur France 2. Deux promesses ô combien fumeuses qu'il faudra suivre de près => Lire en commentaire…
Reste à savoir si les consommateurs, dont le porte-monnaie est de moins en moins extensible, dépenseront plus. Rien n'est moins sûr !
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Commentaires
A lire sur www.travail-dimanche.com, qui a décortiqué l'entretien de Luc Chatel dans le Journal du Dimanche et propose de signer une pétition…
Doublement du salaire garanti : c'est non
Pour ce qui concerne la promesse d'un doublement de salaire le dimanche, la réponse de Luc Chatel est intéressante : en trois phrases, trois p'tits mensonges.
A la question «Tiendrez vous votre promesse de doubler les salaires le dimanche ?», l'habile secrétaire répond : «La proposition de loi prévoit des majorations salariales». Un peu évasif. Mais allons voir la proposition Mallié 2… Dans son article 1, elle prévoit de modifier le Code du Travail pour rendre possible le travail du dimanche, MAIS elle n'inscrit pas dans ce même Code le doublement du salaire. Malin. Ainsi, les éventuelles primes de dimanche sont renvoyées à des accords de branches, par nature imprévisibles et changeantes : la prime du dimanche n'est garantie pour personne !
«Déjà dans certaines enseignes, chaque salarié bénéficie d'un jour de récupération et d'une double rémunération pour un dimanche travaillé». Là, le secrétaire d'Etat "oublie" de dire que dans la majorité des professions, actuellement, il n'y a aucune rémunération supplémentaire pour le dimanche. Et, petite manipulation supplémentaire, par l'emploi de "déjà", il sous-entend que le grand mouvement du rasage gratis et du double salaire pour tous est engagé, ce qui est faux au regard du contenu de la proposition Mallié.
Et il termine par une formule d'une admirable candeur : «Nous veillerons à ce que la formule la plus bénéfique aux employés soit privilégiée». Ben voyons ! A la fois l'Etat n'intervient pas dans un accord de branche, et à la fois l'Etat prend bien soin de ne pas écrire dans le Code du Travail que l'activité dominicale doit être payée double. Trop fort, le secrétaire !
Droit au refus des salariés : débrouillez-vous !
Autre point souvent évoqué, le droit des salariés de refuser de travailler le dimanche, une sorte d’"objection de conscience". Xavier Bertrand et Luc Chatel jurent à qui veut les entendre que ce droit sera respecté, et Luc Chatel affirme crânement : «Nous sommes particulièremen t vigilants», «mais c'est aux branches d'activité et non à la loi d'en définir les conditions».
Mais là, pas de chance, le secrétaire se gauffre ! En effet, contrairement aux questions salariales évoquées ci-dessus, la proposition Mallié inscrit dans le Code du Travail (toujours dans son article 1) que le refus de travailler le dimanche n'est pas un motif de licenciement : donc ce point ne relève pas des accords de branche, mais bien de la loi !
Sur ce point, même ses plus fidèles admirateurs ne pourront que reconnaître une certaine faiblesse à Luc Chatel : rappelez vous, c'est lui qui était venu soutenir en séance l'amendement ConfoKéa présenté par la sénateur Isabelle Debré, en affirmant que l'ameublement disposait d'un accord collectif prévoyant des garanties compensatrice du travail dominical; garanties qui n'existaient pas, bien sûr.
Reste que pratiquement, il faudra que Luc Chatel nous explique, et explique à ceux d'entre les salariés qui sont les plus mal payés - ceux de Casino, par exemple ?! - comment ils pourront refuser à leur employeur de travailler le dimanche. Répondre | Répondre avec citation |
TRAVAILLE, CONSOMME, ENDETTE-TOI !
Le travail du dimanche est symptomatique de la stratégie d'isolation des individus.Individuellemen t, les gens s'imaginent qu'en travaillant le dimanche ils vont faire un gain. Mais comme ils ne seront pas les seuls, à terme, ce jour va se banaliser : il n'y aura pas plus de consommation qu'un mardi ou un jeudi, et le dimanche finira par être payé comme n'importe quel autre jour.
C'est une mesure qui ne favorise que le gain immédiat, au détriment des conditions de vie et de travail des personnes.
Si la dérégulation du travail le dimanche s'effectue, après, ce sera le travail de nuit et on verra bientôt des supermarchés ouverts 24h/24h, 7 jours sur 7. Et cela ne concernera pas que les supermarchés, sans aucun doute ! Répondre | Répondre avec citation |
"Les nouvelles crèches notamment, il faudra aussi qu'elles puissent être ouvertes sept jours sur sept quand il le faut. Parce que, quand vous êtes commerçants, pourquoi vous n'auriez pas le droit d'avoir vos enfants à la crèche ?" a déclaré le ministre, interrogé lors d'un point presse sur les possibles conséquences sociales et familiales de l'extension du travail le dimanche. Le ministre avait annoncé en février que le gouvernement allait soumettre au Parlement dès 2009 un texte sur le droit opposable à la garde d'enfants.
Il a également estimé que les "7 millions de Français" qui travaillent "occasionnelleme nt" le dimanche avaient déjà dû trouver une solution pour la garde de leurs enfants.
Quelques heures plus tard, lors d'un débat avec les représentants patronaux des Bouches-du-Rhône et des salariés de la zone commerciale de Plan-de-Campagne favorables à l'ouverture dominicale, M. Bertrand a donné l'exemple d'une crèche ouverte "sept jours sur sept en Ile-de-France, à Chanteloup-les-Vignes".
"Il ne s'agit pas d'ouvrir toutes les crèches de France sept jours sur sept, mais si un jour vous avez une crèche d'entreprise à Plan-de-Campagne, ça peut-être intéressant qu'elle soit ouverte le dimanche. Il faut qu'on puisse se caler au rythme de vie et aussi au rythme de consommation des Français", a-t-il ajouté.
Sur le calendrier du texte, le ministre du Travail et des relation sociales a souhaité que le projet de loi du député UMP Richard Mallié assouplissant le travail dominical soit examiné à l'Assemblée en novembre. "L'idéal ce serait de pouvoir l'inscrire si possible en novembre de façon à ce qu'on puisse avoir le Sénat derrière", a déclaré M. Bertrand en reconnaissant qu'il y avait "encore des réticences" au sein de l'UMP sur le sujet. Une réunion de groupe est prévue mardi, a-t-il indiqué.
"Il y a encore des réticences. (…) A nous de montrer avec la proposition de Richard (Mallié) qu'on ne va pas faire n'importe quoi n'importe comment. Qu'à Saint-Quentin on ne va pas ouvrir parce qu'à Saint Quentin on n'a pas envie d'ouvrir mais qu'à Plan de Campagne on a besoin d'ouvrir et qu'on a envie d'ouvrir", a ajouté le ministre en insistant sur des ouvertures dominicales non pas "généralisées" mais "localisées".
Il a affirmé que "l'objectif premier du texte" était d'empêcher les salariés qui travaillent déjà le dimanche de devoir cesser et "perdre de 15 à 20% de leur salaire".
Lors de son point presse, répondant aux critiques de la Confédération générale des petites et moyennes entreprises (CGPME) qui juge que l'ouverture dominicale pourrait "porter un coup fatal" au commerce de proximité, M. Bertrand a indiqué préférer que les Français "fassent leurs courses le dimanche plutôt que d'aller sur Internet" faire leurs achats, ce qui, selon lui, est potentiellement plus dangereux pour le commerce de proximité.
Le ministre a rappelé être favorable à une rémunération doublée le dimanche et inscrite dans la nouvelle loi pour les salariés des nouveaux secteurs autorisés à ouvrir le dimanche. Répondre | Répondre avec citation |
La réalité est bien différente : la proposition du député UMP Richard Mallié ne contient même pas le doublement du salaire avancé comme argument. Luc Chatel se fait d’ailleurs fuyant, puisqu’il répond simplement au journaliste qu’elle prévoit des majorations, là où Xavier Bertrand semble mettre en avant le doublement du salaire.
Le droit au refus du salarié est avancé comme l’arme fatale. Il revient à prétendre qu’il suffirait d’inscrire le droit de refuser le harcèlement pour qu’il disparaisse, ou de penser que la question n’est pas un critère d’embauche. Là, le praticien rigole…
Pour évacuer le débat, Luc Chatel renvoie la patate chaude de son contenu aux partenaires sociaux. Le gouvernement pourra ainsi leur renvoyer la responsabilité en cas de difficulté d’application.
A quoi ont servi les travaux du CES et de l'OFCE ?
Cette proposition ne simplifie pas davantage la loi. Elle crée une nouvelle dérogation territoriale extensible à tout le territoire. Elle ne respecte pas non plus les engagements internationaux de la France. Elle revient surtout à concentrer les problèmes sur les départements déjà pollués par tous les maux de la société actuelle.
A quoi ont donc servi les travaux du Conseil économique et social (CES), ceux de l’Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE) qui ont conclu à l’absence d’impact économique de cette mesure ?
Déjà, sur le terrain, l’amendement concernant l’ameublement sert aux préfets à justifier, au nom de la concurrence, les ouvertures des enseignes du bricolage qui vendraient aussi de l’ameublement ; demain, elles justifieront les dérogations du secteur de l’électroménage r et de l’équipement de la maison, puis à terme, par un effet d’entraînement, l’ensemble des commerces.
Après ce sera au tour des services. Xavier Bertrand a déjà franchi le cap en annonçant l’ouverture des crèches le dimanche, sans préciser que ce sont les mêmes salariés du dimanche qui les paieront sans doute double. Il ne restera alors qu’à obliger les fonctionnaires qui ne pourront plus faire autrement que d’accompagner «l’évolution de la société» en marche.
Le travail du dimanche sera banalisé. Les majorations seront absorbées dans la masse salariale comme lors du passage aux 35 heures. Nos gouvernants veulent revenir en arrière : au temps d’avant 1906 où le travail dominical était possible. Evolution ou régression ? C’est toute la question. Comment peut-on ouvrir un vrai débat quand le discours est à ce point caricatural et le lobbying si intense ?
(Source : Rue89) Répondre | Répondre avec citation |