S'adressant à des chômeurs qui peuvent y contribuer à hauteur de 250 €, «l’idée n'est pas de faire un cadeau Bonux : on ne payera un permis qu’aux demandeurs d'emploi ayant un projet et qui, derrière, ont la possibilité d’avoir un CDI», a déclaré le secrétaire d'Etat. A ceux qui ont un «projet précis [...] à 15 km de chez eux, je préfère leur payer un permis plutôt que leur donner des indemnisations chômage qui ne leur servent à rien et qui nous coûtent plus cher», a-t-il justifié.
On voit donc que les conditions d'attribution de cette aide sont suffisamment restrictives pour qu'elle ne s'adresse qu'à une poignée d'entre eux. Car, tout d'abord, le bon vieux CDI ne concerne déjà qu'un quart des offres qui circulent actuellement sur un marché de l'emploi en berne et dont la nette dégradation est programmée d'ici 2010. Ensuite, la plupart du temps, le critère du permis de conduire dans le recrutement d'un salarié suppose qu'il en soit déjà titulaire pour un usage immédiat : sauf cas exceptionnels où la conduite d'un véhicule ne serait pas imminente dans le cadre du poste convoité, on imagine mal un employeur accepter d'attendre gentiment que le candidat qu'il reçoit passe son permis après l'embauche.
Encore un effet d'annonce ?
Sans compter que le délai d'obtention du permis peut se prolonger si l'intéressé échoue plusieurs fois à l'examen. Outre la patience dont pourra faire preuve son employeur, en cas de surcoût pour l'ANPE, sera-t-il pénalisé ? Qu'en est-il également si l'employeur décide de rompre la période d'essai du CDI, dont on sait qu'elle est désormais plus longue (deux mois renouvelables pour les ouvriers et les employés), alors que le dispositif sera engagé ?
Quant aux critères kilométriques, ils ne sont pas précisés. On imagine qu'ils s'harmoniseront sur ceux de «l’offre raisonnable» qui limite la distance domicile-travail à 30 km, soit 60 km aller-retour (les 15 km évoqués par M. Wauquiez peuvent induire en erreur…) : si le chômeur décroche ce miraculeux CDI où la nécessité du permis de conduire n'est pas immédiate, mais si le poste à pourvoir se situe au-delà de 30 km de chez lui, qu'en sera-t-il ?
Enfin, on remarque le propos quasi injurieux de M. Wauquiez sur l'utilité des allocations chômage : on lui rappelle qu'au même titre que l'assurance maladie ou l'assurance vieillesse, issues des cotisations salariales et patronales, elles ne sont pas une faveur mais un droit.
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