Décidément, la crise est une aubaine pour accélérer les «réformes». Déjà cet été, le ministre du Budget Eric Woerth avait programmé pour 2009 la suppression de l'impôt forfaitaire annuel et la réduction de la taxe professionnelle. Ainsi, avec l'IFA, il comptait s'assoir sur une recette fiscale de 1,6 milliard d’€ par an (alors qu'on nous disait que «les caisses sont vides»). Avec une nouvelle diminution de la TP, il allait également priver les collectivités territoriales de 5 à 8 milliards d’€ sans même avancer un mode de compensation.
Puis le mois dernier, dans son discours de Toulon, Nicolas Sarkozy a confirmé la réforme de la taxe professionnelle, laissant entrevoir sa «disparition à terme» : clairement, il s'agissait de favoriser l'investissement privé au détriment de l'investissement public, supposé dispendieux et mal géré.
Un parfait bouc émissaire
Et voilà que, grâce à la crise financière, la disparition de la taxe professionnelle tombe sous le sens. Dans le cadre de mesures «exceptionnelles» de soutien à l'économie annoncées en grande pompe, Nicolas Sarkozy l'a accusée de «pénalise[r] nos emplois, notamment nos emplois industriels», alors que les racines du démantèlement de l'industrie française ne sont pas à trouver dans la fiscalité mais dans des politiques économiques soumises à la mondialisation. Qu'à cela ne tienne : à partir d'aujourd'hui et jusqu'au 1er janvier 2010, les entreprises françaises qui effectueront de «nouveaux investissements» en seront exonérées. Coût en année pleine : un milliard d'euros. Et, d'ici là, généraliser sa suppression ne sera plus qu'un jeu d'enfant !
Où est passé le «plan emploi» ?
Mais penchons-nous un instant sur la définition des «nouveaux investissements». Voici la réaction du président de la CFE-CGC Bernard Van Craeynest : «Chaque jour apporte son lot d'annonces de sociétés en difficulté et de milliers de suppressions d'emplois. En réaction, le président de la République annonce un "plan emploi" qui est, en fait, un plan d'aides financières aux "entreprises stratégiques". Je souhaite bon courage à celui qui définira et désignera les entreprises en question»... Selon lui, en réalité, des «centaines de milliers de PME [resteront] à l'écart de tout plan d'aide [alors qu'elles] sont pourtant le socle de l'emploi en France».
Conclusion : outre ruiner les collectivités locales (communes, départements, régions…) qui, loin devant l'État, portent 75% de l'investissement public et font travailler de nombreuses PME, le contour des «nouveaux investissements» industriels escomptés dans le secteur privé restent flous, tandis que l'investissement dans le travail justement rémunéré demeure, lui, totalement éludé. Nicolas Sarkozy, qui en a profité pour charger les fonctionnaires, n'a pas annoncé de véritables mesures pour affronter la crise économique et sociale qui touche déjà les salariés français alors que son secrétaire d'Etat Laurent Wauquiez évoquait encore, la semaine dernière, un «plan emploi en trois volets»… égaré en route entre l'Elysée et la commune d'Argonay d'où s'exprimait le président.
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Commentaires
Jean-Pierre Bel, président du groupe PS au Sénat : «Sarkozy va affaiblir les revenus des collectivités locales en exonérant à 100% de taxe professionnelle les investissements des entreprises. S'il faut effectivement redéfinir le rôle de l'Etat dans l'économie», ce n'est «certainement pas en supprimant aveuglément des emplois publics sans égard pour les missions essentielles de l'Etat en matière de santé, d'éducation et de services sociaux».
Parti communiste : «Derrière ce faux volontarisme se cache une vraie attaque contre les collectivités territoriales.» Le PCF considère que «sous couvert d'encadrement du libéralisme», le président Sarkozy «réalise le vœu le plus cher des libéraux, celui de mettre fin à la taxe professionnelle ». La création d'un "fonds d'investissement stratégique" «n'est rien d'autre qu'un instrument de plus pour participer à la guerre économique mondiale, c'est-à-dire précisément encourager le système qui conduit le monde au bord du gouffre».
Alain Juppé, maire UMP de Bordeaux : «C'est une bonne chose, ce sera bien évidemment une aide aux entreprises et une incitation à réaliser des investissements qu'elles pourraient sans cela différer. Mais la condition impérative, c'est que les collectivités locales ne soient pas une fois de plus les dindons de la farce. Nous sommes habitués à des promesses de compensations qui ne sont jamais généralement tenues. Je crois qu'il faut, cette fois-ci, qu'il y ait un réel engagement de l'Etat de compenser à l'euro.»
(Source : Le Nouvel Obs) Répondre | Répondre avec citation |
"Le président de la République n'a pas la vérité sur l'analyse de la situation de la crise aujourd'hui", a déclaré le syndicaliste, qui a le sentiment que Nicolas Sarkozy "a commencé la lecture du Capital, mais qu'il s'est vite arrêté".
Sur l'international, le président "demande plus de régulation, il dit qu'il faut en finir avec la dictature des marchés et que le monde qui va naître devra être différent" et "quand il arrive sur le plan national, on continue avec les règles du passé : il remet en cause les 35H, il reparle du travail du dimanche", a regretté le syndicaliste.
M. Mailly a jugé que "sur la taxe professionnelle , il faudra vérifier si l'Etat compense bien" pour les collectivités territoriales. Ces dernières "assurent 73% de l'investissement public dans notre pays", a-t-il souligné. "Donc il y a là danger, c'est pas le moment de [la] supprimer", a-t-il dit. Quant au fonds souverain annoncé jeudi par le chef de l'Etat, le leader de FO le compare à "un fonds d'intervention" et estime qu’'"on est dans la bonne logique. Maintenant, il faudra voir l'utilisation concrète de ce dispositif, et comment il sera contrôlé", a expliqué le syndicaliste, persuadé que ce fonds souverain "sera financé par l'emprunt, il ne faut pas se faire d'illusion"…
Mais "on ne peut plus dire aujourd'hui les caisses sont vides ou l'Etat est en faillite", a estimé M. Mailly. "S'il y a des besoins à satisfaire, il faut les satisfaire, y compris par l'endettement, parce que c'est quand même ce que l'Etat est en train de faire" avec les banques et les PME.
"L'économie réelle, c'est les entreprises, certes, mais c'est aussi le service public (…). S'il faut s'endetter pour maintenir des hôpitaux, ça vaut le coup", a-t-il assuré.
Le syndicaliste demande "un plan de relance, à plusieurs volets, sur la consommation, l'emploi, les salaires". "L'économie française dépend à 60% de la consommation. Si on veut booster l'économie, ça passe aussi par la consommation", a-t-il ajouté.
(Source : Les Echos) Répondre | Répondre avec citation |
Le président Nicolas Sarkozy interviendra sur l'emploi mardi à Réthel (Ardennes) en participant à une "table ronde" avec, à ses côtés, la ministre de l'économie Christine Lagarde et le secrétaire d'Etat à l'emploi Laurent Wauquiez, a annoncé samedi l'Elysée.
Lors de ce déplacement dans les Ardennes, M. Sarkozy inaugurera à 11h le "Pôle emploi" de Rethel, où il aura une "rencontre informelle avec les agents", puis à 11h30, dans la salle des fêtes de Réthel, il animera une "table ronde sur le thème de la mobilisation pour l'emploi", précise le communiqué. Répondre | Répondre avec citation |