On le répète encore : le chômage n'est pas une fatalité mais un choix délibéré car il est, au contraire, un outil économique aussi précieux qu'indispensable à la bonne marche du système économique mondialisé que nous connaissons. Instillé comme déshonorant dans l'esprit de ceux qui en sont victimes, ainsi (auto)désignés comme coupables, sa véritable infamie réside pourtant dans le fait que, grâce à lui et depuis deux décennies, les salaires et la qualité des emplois ont considérablement baissé. Par ricochet, le chômage permet de réduire le coût du travail, d'accroître sa flexibilité, de semer au passage une peur salutaire au cœur du salariat et, cerise sur le gâteau, de contenir l'inflation !
Vous l'avez compris : pour les chantres du libéralisme économique, le chômage est une aubaine voire une nécessité. Leurs beaux discours déplorant ce fléau ne sont, en réalité, qu'une monstrueuse imposture. Car le rôle des entreprises n'est pas de créer des emplois mais de faire de l'argent, et le plus vite possible. C'est pour cela que l'Etat, écartelé entre sa connivence avec un patronat puissant et le fait que l'argent public en supporte le coût, prône des mesures qui, au lieu de lutter réellement contre le chômage, visent plutôt à éliminer les chômeurs, traités de parasites.
Quand il y a pénurie d'emplois, les recruteurs n'ont que l'embarras du choix. Dans la foulée, les employeurs raflent un nouveau bonus. C'est ainsi que la déqualification, assortie d'une discrimination sauvage, battent leur plein. Avec «la crise» le phénomène, déjà connu, va s'amplifier. Désormais, si vous êtes un peu trop basané ou résidant d'un quartier "sensible", mère-célibataire ou mère tout court, handicapé ou de santé fragile, vos chances de décrocher un boulot vont encore se restreindre. Seuls seront conviés à se faire exploiter les candidats diplômés de moins de 35 ans, célibataires sans enfant n'ayant ni amis ni activité en dehors du travail, disposant d'un téléphone portable et d'un véhicule, au physique avantageux et au nom "bien de chez nous". Le tout pour un salaire dégradé, cela va sans dire.
VIVE LA CRISE !
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