Nicolas Sarkozy est décidément le champion toutes catégories des revirements. Après avoir encensé les USA de George W. Bush, le voici qui assène une sévère mise en garde à l’Amérique de Barack Obama : «Ce n’est pas à nous de payer la crise !» Après avoir engagé des réformes au pas de charge dans tous les domaines, y compris les moins urgents, le voici qui s’interroge - enfin - sur les mesures à prendre pour répondre aux préoccupations quotidiennes des Français et désamorcer la bombe sociale. En panne de propositions fermes et précises (mais pas d’idées fumeuses), il confie à son gouvernement et aux partenaires sociaux le soin de «réfléchir» à la suppression de l’impôt sur le revenu des «petits» contribuables, à la suppression de la taxe professionnelle (pour la remplacer par une obscure «taxe carbone»), à une meilleure indemnisation du chômage partiel, à une indemnisation du chômage des jeunes et, cerise sur le gâteau, à une plus «juste» répartition des bénéfices des entreprises («un tiers pour les actionnaires, un tiers pour les salariés, un tiers pour les investissements», propose Sarkozy). Mais de mesures concrètes : AUCUNE ! Le vide !
Ainsi, à partir du 18 février, les partenaires sociaux (syndicats de salariés et représentants du patronat) devront plancher sur le plan B, celui de la «relance sociale» (pour quel montant et dans quel délai ? Mystère !) alors que 26 milliards sont déjà débloqués pour la «relance de l’investissement», surnommé ici sur Actuchomage : «Plan de relance du marteau-piqueur» (car orienté à 80% en faveur du BTP).
Le reste de la prestation présidentielle a été tout aussi convainquant. Nicolas Sarkozy est un très bon avocat pour défendre sa cause, son honnêteté «d’homme qui ne ment pas», son obsession du dialogue (qu’on a pu apprécier depuis 20 mois), son bilan (qui permet à la France de mieux résister à la crise que les autres pays. On en reparlera dans quelques mois…) et ses promesses, encore et toujours. Comme à chaque grande prestation du Chef de l’État, on se croirait en pleine campagne électorale ! Tous ses thèmes favoris ont été passés en revue : L’aberration des 35 heures, le nombre pléthorique de fonctionnaires, les délocalisations industrielles (le Président s’offusquant de voir les automobiles françaises vendues en France fabriquées à l’étranger)… Avec Sarkozy, c'est retour vers le futur… à la veille du premier tour.
Il ressort de cette prestation un sentiment préoccupant en cette période qui ne l’est pas moins : Le Président tâtonne !
Yves Barraud
Articles les plus récents :
- 12/02/2009 02:00 - Vrais chômeurs ou faux «volontaires» ?
- 10/02/2009 13:38 - Comme un poux sur la tête d’un chauve
- 06/02/2009 19:12 - Les «mesures sociales» de Nicolas Sarkozy seront financées… par les clients des banques
- 06/02/2009 16:35 - «Virage social» de Sarkozy : Le Medef mène 8 milliards à zéro !
- 06/02/2009 13:19 - Sarkozy se décharge sur les «partenaires sociaux»
Articles les plus anciens :
- 04/02/2009 12:54 - La nouvelle convention Unedic entrera en vigueur en avril
- 03/02/2009 16:37 - C comme chômage, D comme discrimination
- 03/02/2009 15:15 - Ras-le-bol des syndicats timorés !
- 03/02/2009 00:29 - Crise : des idées naturelles...
- 02/02/2009 22:33 - Plan de relance : Pourquoi ça ne marchera pas !