En guise de réponses aux questions — précises et urgentes — qui lui ont été posées hier soir, il a déballé un — petit — fatras d'idées, avec cependant une constante : «… à débattre le 18 février avec les partenaires sociaux».
Pour le moins suspecte, cette solution de recourir à un «dialogue social» qu'il n'a fait que bafouer depuis son élection !
Sous couvert de «main tendue» aux syndicats, ce recours lui permet d'inviter du même coup le patronat et d'éviter — probablement — que l'Etat-employeur ne doive participer au débat (Raffarin, déjà, avait eu cette brillante idée à propos des négociations sur l'emploi des «seniors»).
Dans le même ordre d'idée, cette solution (réponse du berger à la bergère ?) dispense notre exécutif de tout engagement sur un contenu et un calendrier. Autant l'idée de supprimer la taxe professionnelle a été assortie d'une échéance (un peu sous la pression de l'intervieweur, il faut le dire…) et faisait déjà partie de ses projets, autant l'annonce du recours au dialogue social n'a fait l'objet d'aucun impératif de date.
On ne sait que trop bien comment les choses se passent dans ce cas de figure : le gouvernement organise une jolie rencontre introductive… et quitte la table, laissant se «dépatouiller» les «partenaires sociaux» (dont, à l'occasion, on peut s'interroger sur leur légitimité et représentativité).
Ce petit monde va donc débattre...
De quoi ? On le verra plus tard.
Jusqu'à quand ? On ne sait pas.
Pour quelles applications pratiques ? Celles que décidera le président — le moment venu.
Eh bien le «moment venu», ce n'est pas demain ni après-demain !
C'est AUJOURD'HUI que les salariés menacés de licenciement doivent être protégés !
C'est AUJOURD'HUI que les salariés privés d'emploi doivent pouvoir continuer à vivre malgré un effondrement qui leur est — à tous égards — étranger !
C'est AUJOURD'HUI que les chômeurs doivent pouvoir retrouver un emploi digne de ce nom — et s'y former si besoin est, pendant le temps nécessaire !
C'est aujourd'hui que le bateau coule !
Et pourtant on ne l'a pas vraiment senti dans ce «débat», ce sentiment d'urgence absolue ; c'est le moins qu'on puisse en dire.
Ni dans les propos du président (qui pourtant reconnaît que nous vivons une crise sans précédent), ni dans l'attitude honteuse des journalistes.
Attitude honteuse, en effet. Cette rencontre a été organisée à la demande du président pour répondre aux attentes exprimées par la rue le 29 janvier, ne l'oublions pas. Or, l'appétit journalistique pour le people et le scoop est décidément incorrigible : il a fallu qu'ils nous volent du temps d'antenne pour parler de Kouchner, Dati et Yade ! Pourquoi n'avoir pas pris de nouvelles de Carla, tant qu'on y était ?
Nicolas Sarkozy, «président de tous les Français» qui a été élu avec 53% des suffrages pour ne s'occuper des intérêts que des 10% de plus riches, temporise et cherche à briser la dynamique revendicative qui s'est mise en place. Pour combien de temps ?
Gérard Plumier
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