The Web Consulting, agence de création graphique, a eue l'idée incongrue d'intégrer dans son site une rubrique «Actualités» (???) qui propose un «glossaire» où l'on trouve une définition hasardeuse — et limite calomnieuse — du «Chômage volontaire et involontaire».
La page est référencée depuis une dizaine d'heures sur le portail Wikio.fr. Selon son auteur, dont les notions d'économie semblent bien floues et qui semble méconnaître la cruelle réalité du marché de l'emploi :
« Le chômeur volontaire refuse de travailler au salaire courant, les indemnités de chômage étant suffisamment importantes pour préférer l'inactivité. Dans ce sens, il s’agit donc plutôt d’inactifs et non pas de vrais chômeurs. Pour certains économistes néoclassiques, il y a toujours une part volontaire dans tout chômage au sens où celui-ci vient également du refus des conditions de travail attachées à certains emplois.
Inversement, le chômage involontaire désigne une situation dans laquelle l’individu accepterait de travailler au salaire existant, mais ne trouve pas d’emploi. Pour les néoclassiques, une réduction du salaire conduirait alors à une réduction du chômage involontaire. Pour l’économiste keynésien, cette solution n’est valable qu’en équilibre partiel (sur le marché du travail) : dès lors que cette situation n'a plus cours, la baisse du salaire peut affecter la demande globale et conduire les entreprises à licencier. »
Waow !!! Quel charabia !
Vous remarquerez que les économistes ultra-libéraux sont qualifiés de «néoclassiques» : une jolie pirouette pour donner à leur conservatisme crasse une petite touche innovante. Face à eux, le «keynésien» est bien seul.
En clair, selon ce piètre réducteur (pardon, rédacteur), un «vrai chômeur» est quelqu'un qui se tient prêt à accepter n'importe quoi tandis que le faux est un profiteur qui fait la fine bouche, et la solution au chômage «involontaire», c'est de baisser les salaires !
En filigrane, on sent que tout salarié en train de se faire licencier serait donc un «chômeur volontaire» en puissance soupçonné de souhaiter, au fond de lui-même, se retrouver au chômage pour fuir enfin ses conditions de travail. D'ailleurs, en cette période de «crise», les patrons ont bien senti qu'ils pouvaient jouer sur cette corde sensible en allant, pour une fois, au devant des désirs de leurs chers collaborateurs, les alléchant avec des «départs volontaires».
Pourtant, l'exemple — tout frais — du plan de relance de l'industrie automobile (des milliards contre le maintien des emplois, a dit Nicolas Sarkozy) prouve qu'en la matière, les plus «volontaires» et les plus profiteurs ne sont pas ceux que l'on croit...
Dans l'affaire, comme d'habitude, ce n'est jamais la faute aux misérables «salaires courants» ni aux conditions de travail déplorables imposés par les employeurs dans tous les secteurs, mais toujours celle du chômeur qui ose les refuser, ce fainéant, tant et si bien que pour qu'il cesse de faire le difficile, il faudrait aussi diminuer voire lui couper ses allocations pour que le chômage, comme par miracle, disparaisse : un sophisme martelé un temps par la très néoclassique OCDE.
Seulement, aujourd'hui, ni les «néoclassiques» — largement responsables de la situation actuelle — ni le «keynésien» n'ont de solution pour enrayer un chômage de masse qui explose et des emplois qu'on supprime à tire-larigot. Volontaires ou pas, en 2009 si ce n'est plus, les chômeurs resteront durablement sur le carreau. The Web Consulting ferait mieux de réviser son glossaire.
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