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L’Unedic, organisme ô combien sourcilleux à en croire ses pronostics au millier près, prévoit donc 282.000 chômeurs de plus en 2009. Dans quelle catégorie ? La catégorie 1 certainement, qui correspond au taux officiel du chômage en France. Cette annonce occulte d’emblée les sept autres catégories de chômeurs, et notamment la 4, celle des «stagiaires de la formation professionnelle» dans laquelle versent les licenciés économiques qui ont opté pour une Convention de reclassement personnalisée ou un Contrat de transition professionnelle. Et en ce moment, des CRP et des CTP (qui assurent aux chômeurs une meilleure indemnisation), il s’en signe des milliers. Voilà autant de demandeurs d’emploi qui n’apparaîtront pas dans le taux officiel !
Un petit retour en arrière s’impose pour saisir le caractère fantaisiste de la projection de l’Unedic. Sur les seuls mois de novembre et décembre 2008, 110.000 CHÔMEURS ont grossi les rangs des demandeurs d’emploi de catégorie 1. Sur un an, cela nous donne 600.000 chômeurs de plus ! Nous en déduisons donc que l’Unedic estime que la situation va s’améliorer par rapport à la fin de l’année 2008, puisque qu'elle n'envisage «que» 282.000 chômeurs supplémentaires en 2009. Quel optimisme !
Comment l’Unedic peut-elle raisonnablement pronostiquer une décrue sur le front du chômage en France quand les plans de licenciements massifs (souvent camouflés sous l’appellation usurpée de «départs volontaires») s’accélèrent ? Et ce ne sont pas des centaines de «départs» qui sont annoncés, mais des milliers : chez Accelor Mittal, chez Renault, chez Peugeot, chez tous les équipementiers de l’automobile et ailleurs, dans la quasi totalité des secteurs.
Pour tenter d'affiner notre analyse, jetons un coup d’œil sur ce qui se passe de l’autre côté de l’Atlantique. Depuis octobre 2008, les USA «perdent» 500.000 emplois chaque mois et envisagent la destruction de 6 MILLIONS D'EMPLOIS en 2009, c’est-à-dire 20 fois plus qu’en France alors que leur population est à peine 5 fois supérieure à la nôtre. Sans doute comparons-nous là des chiffres qui ne devraient pas l’être. Pour autant, ils fournissent un élément d’appréciation de la situation internationale qui aura de lourdes répercussions sur l'emploi en France même si, à en croire Nicolas Sarkozy, «notre pays résiste mieux que ses voisins».
Peut-être sommes-nous trop alarmistes (en cette période, il est plus sage de se préparer au pire), mais nous estimons que 500.000 à 600.000 chômeurs supplémentaires pourraient s’inscrire en catégorie 1 en 2009 :
• 500.000, ce sont 40.000 chômeurs de plus par mois, c’est-à-dire moins qu’en novembre et en décembre 2008.
• 600.000, ce sont 50.000 chômeurs de plus par mois, c’est-à-dire moins qu’en novembre 2008.
Sommes-nous à côté de la plaque ? Très franchement, nous préférerions l'être et partager «l’optimisme» de l’Unedic !
Verdict fin décembre 2009…
Actuchomage
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Commentaires
Concrètement, l'excédent de l'Unedic passerait de 4,6 milliards d'euros en 2008 à 912 millions en 2009, pour se transformer en déficit de 1,6 milliard en 2010. En 2009, l'endettement de l'Unedic serait encore réduit à 4,08 milliards contre 4,99 milliards en 2010, mais la dette se creuserait à nouveau en 2010, après trois ans d'amélioration, pour atteindre 5,7 milliards.
Ces prévisions financières intègrent les nouvelles règles d'indemnisation du chômage contenues dans la convention d'assurance chômage signée en décembre dernier et que le gouvernement souhaite voir adopter. En revanche, elles ne prennent pas en compte une éventuelle baisse des cotisations.
La baisse des cotisations priverait l'Unedic de 230 millions en 2010
En effet, la nouvelle convention d'assurance-chômage permet aux partenaires sociaux d'accepter une baisse des cotisations au 1er juillet 2009 pouvant aller jusqu'à 0,5 point si le régime dégage un excédent semestriel d'au moins 500 millions d'euros. Or l'Unedic prévoit de dégager un excédent de 910 millions d'euros pour l'ensemble de l'année en cours. Si 55% de ces recettes sont générés entre janvier et juin, «l'accord doit normalement s'appliquer», a confirmé Jean-Luc Bérard, directeur général de l'Unedic.
Or si cette baisse intervenait, même symboliquement de - 0,05%, l'Unedic se priverait de 89 millions d'euros cette année et de 230 millions d'euros en 2010, selon les chiffres cités lors d'un point presse par Geoffroy Roux de Bézieux.
«Si le niveau des cotisations passe de 6,4 à 6,35% cette année, la dette de l'assurance-chômage dépassera les 6 milliards d'euros d'ici deux ans, alors qu'il y aura encore plus de demandeurs d'emploi à indemniser ! La conséquence sera une réduction des droits des chômeurs et un basculement plus rapide vers les minima sociaux», déplore Eric Aubain, représentant CGT (syndicat opposé au texte de la nouvelle convention) au bureau de l'Unedic.
Vu le contexte de récession, le niveau actuel des cotisations sera maintenu
Au vu de la dégradation anticipée des comptes du régime et de la récession, cette hypothèse de baisse des cotisations paraît toutefois écartée par les partenaires sociaux. Dans une lettre adressée début février au syndicat CFE-CGC, la présidente du Medef, Laurence Parisot, a en effet indiqué qu'en cas de recul du PIB supérieur à 1% pour 2009, le principe d'automaticité de baisse des cotisations chômage devient caduque, et ce quel que soit l'excédent d'exploitation de l'Unedic.
Pour Eric Aubain (CGT), cette lettre n'a aucune valeur juridique et ne change pas les dispositions de la nouvelle convention. Alain Lecanu, secrétaire national de la CFE-CGC qui a levé son droit de veto sur la nouvelle convention suite à la lettre du Medef, estime pour sa part que «la signature de Mme Parisot est un engagement fort et sûr».
«Il y a pas eu de vote formel [au sein du Medef sur cet engagement], mais la CGPME n'a pas manifesté d'opposition particulière», a précisé lors du point presse jeudi Geoffroy Roux de Bézieux, alors que la confédération générale des PME a fait de la baisse de cotisation un cheval de bataille. Selon lui, le bureau de l'Unedic «n'est pas obligé d'appliquer mathématiquemen t» la disposition de l'accord sur la baisse de cotisation, dans le cadre de «sa responsabilité de bon gestionnaire». Le niveau des cotisations pour l'assurance chômage sera donc maintenu à 6,40%.
L'accord pour la nouvelle convention d'assurance-chômage 2009-2010, négocié fin décembre et signé par la seule CFDT et les trois organisations patronales, devrait être rédigé et présenté au gouvernement la semaine prochaine. Bien que FO et la CGT continuent de s'y opposer, le retrait du veto de la CFE-CGC ouvre la voie à sa validation.
(Source : L'Expansion) Répondre | Répondre avec citation |
Et que dire des propos de M. Roux de Bézieux sur la nouvelle convention quand il pronostique "quelques perdants mais beaucoup de gagnants".
La nouvelle convention instaure le principe d'un jour cotisé = un jour indemnisé, dans la limite de 24 mois maximum (36 mois pour les 50 ans et plus).
Selon l'Unedic, "autour d'un millier de personnes seront perdantes en 2009, et 10.000 en 2010".
Pour FO, opposée comme la CGT, il y aura effectivement 48% de gagnants qui auront 1,4 mois d'indemnisation supplémentaire, 20% pour lesquels cela ne changera rien, mais 32% de perdants qui perdront 4,2 mois d'indemnisation.
Potentiellement , cela fait 577.000 perdants, selon FO qui souligne que "le couperet de la fin de droits tombera plus tôt" et prédit une explosion des demandes de RMI et ASS, financées par l'Etat en 2011.
Réponse de M. Roux de Bézieux : "En 2011, ce sera une nouvelle convention"… Répondre | Répondre avec citation |
La méthode Coué fonctionne à plein régime en ce moment. "Tout va très bien madame la Marquise", peut-on entendre de la part des analystes. Ce soir, sur Europe 1, le redémarrage de l'économie est annoncé par l'un d'eux pour le second trimestre 2009 (dans un peu moins de deux mois).
À le croire, la crise de ces derniers mois n'est qu'une ondée passagère.
Pour d'autres, comme Carlos Ghosn de Renault, ce sont -20% de ventes en 2009.
On a droit à tout et son contraire.
Mais revenons à l'Unedic. Qui peut prévoir aujourd'hui ce que sera la situation fin 2009 ?
L'organisme table sur 280.000 chômeurs de plus (pardon, 282.000). P'être que ce sera plus, p'être que ce sera moins… Bien malin celui qui sait.
Toutes les éventualités sont envisageables : Un équilibre précaire des comptes ou un effondrement.
Il suffit de se "retourner" et de regarder ce qui s'est passé ces 4 à 5 derniers mois.
Tout le reste est du blabla, comme ce que j'écris… Répondre | Répondre avec citation |