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Ainsi, le total des inscrits en A, B ou C — le gros des chômeurs tenus d'accomplir des «actes positifs de recherche» — s'élève à 3.634.800 en métropole (9.200 personnes de plus par rapport à mai, soit + 0,3%). Avec les DOM, on grimpe à 3.850.500 ! Et, toutes catégories confondues (ABCDE), y compris les mal nommés «dispensés de recherche» (seniors en DRE), le nombre total d'inscrits à Pôle Emploi ressort à 4.097.800, soit 29.700 personnes de plus sur un mois. Il est justifié, en vertu de ces données, d'affirmer que le chômage ne recule pas...
Hausse de la précarité et du chômage de longue durée
Comme abordé ci-dessus, si l'on prend en compte le total des catégories ABCDE, le nombre de demandeurs d’emplois a continué d'augmenter car ceux qui exercent une «activité réduite» sont de plus en plus nombreux : environ un tiers des inscrits sur les listes de Pôle Emploi. Si la catégorie B (moins de 78 heures dans le mois) a diminué de 2,6%, c'est au profit de la catégorie C (plus de 78 heures) qui a pris 7,1%… Et il s’agit le plus souvent d’emplois précaires, peu ou pas qualifiés, tandis que les contrats en CDI se raréfient de manière inquiétante.
Il est aussi judicieux de se pencher sur la catégorie D — ex catégorie 4, demandeurs d'emploi non immédiatement disponibles en arrêt maladie, en stage/atelier bidon, en formation ou en CRP/CTP — qui a vu en mai ses effectifs croître de 3,4% sur un mois et 19,3% sur un an avec 207.500 inscrits. Au 1er juillet, on y recensait 70.800 CRP (+ 250% en un an) et 5.000 CTP (même progression), deux dispositifs peu convaincants qui doivent être étendus. De quoi escamoter des chiffres officiels des milliers de licenciés économiques dont le nombre d'inscriptions continue de progresser (+ 53,1% sur un an).
On note aussi que les plus de 50 ans sont toujours plus nombreux à faire partie des charrettes (+ 1,5% sur le mois et + 23% sur un an, soit 407.800 à fin juin), contrairement aux préconisations gouvernementales sur l'emploi des seniors... Quant au nombre de chômeurs à la recherche d'un travail depuis un an et au delà, il a connu une hausse record de 4,6% au premier trimestre (+ 2,5% en juin à Pôle Emploi, catégories ABC) : la barre du million est largement franchie (1,197).
Boom inexpliqué des radiations
Sur cette évidente tromperie statistique, on parle de baisse «inattendue». C'est même une «bonne surprise» pour Laurent Wauquiez et un «signe encourageant» pour Christine Lagarde qui, du coup, peuvent partir en congés tranquilles... On remarque que le gouvernement qui, depuis des mois, prépare l'opinion aux mauvais chiffres en les annonçant un peu à l'avance dans les médias, n'a cette fois-ci rien laissé filtrer.
Et surtout pas les mystérieuses sorties de Pôle Emploi pour «cessations d'inscription pour défaut d'actualisation», qui ont progressé de 19,3% sur le mois et concernent 33.300 personnes de plus qu'en mai. Il s'agit, nous dit-on, «de chômeurs qui ne sont plus décomptés par Pôle Emploi faute d'avoir mis leur dossier à jour, mais qui pourront être repris en compte une fois cette actualisation effectuée»... En quelque sorte, un petit jeu de cavalerie bien connu. Les syndicats de Pôle Emploi évoquent un éventuel «effet vacances» : des chômeurs non indemnisés se «désinscriraient» l'été pour ne pas avoir à assumer d'obligations administratives. Mouais...
Pas d'inversion de tendance
Autre détail important : la décrue des entrées à Pôle Emploi pour fins de CDD (- 0,9%) ou fins de missions d'intérim (- 6,3%), déjà perceptible en mai, signifie que les premiers «plans sociaux silencieux», qui concernaient les emplois précaires, arrivent à leur terme. A la rentrée, à leur tour balayés et détruits par le tsunami de la crise, ce sont les CDI jusqu'à présent en sursis — chômage partiel puis PSE, restructurations opportunistes ou faillites… — qui prendront la relève.
En conclusion : «Ces chiffres ne signifient pas une reprise durable du marché du travail, car il suffit que l’activité ralentisse et les entreprises utiliseront de nouveau des CDD et des intérimaires comme variable d’ajustement. En fait, il n’y a pas d’inversion de tendance», estime Mathieu Plane, de l’Observatoire Français des conjonctures économiques (OFCE).
Pour finir, vous trouverez en commentaires un récapitulatif des dégâts depuis le début de la crise. Les données relatives aux inscriptions Pôle Emploi de juillet seront disponibles le 26 août. Quant au taux de chômage officiel produit chaque trimestre par l'INSEE, il sera rendu public le 3 septembre. L'INSEE, qui prévoit au minimum 10% de chômeurs à Noël.
Sophie HANCART
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Commentaires
De janvier à avril 2008 inclus, c'est le yo-yo :
+ 13.200 en janvier, — 13.700 en février, + 8.200 en mars et — 8.400 en avril.
Puis ça décolle en mai : + 5.400
Juin : + 4.200
Juillet : + 2.100
Août : + 41.300
Septembre : + 8.000
Octobre : + 46.900
Novembre : + 64.000
Décembre 2008 : + 45.800
En 2009, ça s'envole…
Janvier : + 100.400
Février : + 79.900
Mars : + 63.400
Avril : + 58.500
Mai : + 36.400
Il ne s'agit que des chiffres officiels des catégories 1 et A, bien sûr.
Rajoutons à cela les quelque 600.000 salariés qui subissent déjà ou vont subir le chômage technique en 2009 et dont l'emploi est en sursis…
Les nouvelles catégories de Pôle Emploi
A : demandeurs d'emploi disponibles, n'ayant exercé aucune activité dans le mois et tenus de faire des actes positifs de recherche, peu importe le type d'emploi demandé (CDI, CDD, intérim, temps plein ou temps partiel…).
B : demandeurs d'emploi tenus de faire des actes positifs de recherche, ayant exercé une activité réduite courte (moins de 78 heures) au cours du mois.
C : demandeurs d'emploi ayant exercé une activité réduite longue (plus de 78 heures) au cours du mois, non tenus de faire des actes positifs de recherche.
D : demandeurs d'emploi non immédiatement disponibles en arrêt maladie, en stage ou en formation, CRP ou CTP, donc non tenus de faire des actes positifs de recherche.
E : personnes non immédiatement disponibles, déjà pourvues d'un emploi et à la recherche d'un autre emploi (par ex: bénéficiaires de contrats aidés).
Tableau des équivalences entre nouvelle et ancienne classification :
Catégorie A => catégories 1, 2, 3 hors activité réduite
Catégorie B => catégories 1, 2, 3 en activité réduite
Catégorie C => catégories 6, 7, 8
Catégorie D => catégorie 4
Catégorie E => catégorie 5
Catégories A, B, C => catégories 1, 2 ,3, 6, 7, 8 Répondre | Répondre avec citation |
Catégorie A (actes positifs de recherche d'emploi, sans activité) : 2.543.100
+ 1,5% sur un mois / + 26,4% sur un an
A fin juin, ils sont 2.524.500
soit - 0,7% sur un mois et + 25,7% sur un an.
Catégorie B (actes positifs de recherche, en activité réduite courte -78h) : 509.700
+ 2% sur un mois / + 12,3% sur un an
Catégorie C (actes positifs de recherche, en activité réduite longue +78h) : 572.800
+ 1,4% sur un mois / - 4,1% sur un an
A fin juin, les B+C sont 1.110.300
soit 27.800 inscrits de plus par rapport à mai.
Catégories ABC : 3.625.600 personnes / 3.843.100 avec les DOM
+ 1,5% sur un mois / + 18,4% sur un an
A fin juin, ils sont 3.634.800 en métropole
soit + 0,3% sur le mois et + 18,7% sur un an.
Au total, 3.850.500 avec les DOM.
Catégorie D (sans actes positifs de recherche, sans emploi) : 207.500
+ 3,4% sur un mois / + 19,3% sur un an
On ne connaît pas encore les chiffres de juin…
Catégorie E (sans actes positifs de recherche, en emploi) : 235.000
+ 1,6% sur un mois / + 3,6% sur un an
Idem : pas de chiffres pour l'instant…
Catégories ABCDE : 4.068.100
+ 1,6% sur un mois / + 17,5% sur un an
A fin juin, ils sont 4.097.800
soit 29.700 inscrits de plus par rapport à mai (+ 0,3%)…
DONC, LE CHÔMAGE NE BAISSE PAS ! Répondre | Répondre avec citation |
Pour l'instant, on ne peut pas dire que le RSA a un impact réel sur les chiffres des catégories B et C. Il me semble que le système n'a pas été assez bien compris. Lorsque les gens verront qu'ils n'ont plus la PPE (prime pour l'emploi), par exemple, là, ils iront en masse vers le RSA s'ils le peuvent… Répondre | Répondre avec citation |
Malgré les "chiffres encourageants" annoncés la veille (- 0,7% de demandeurs d'emploi de catégorie A en juin), "on sait très bien que la tendance restera négative encore dans les semaines qui viennent ou dans les mois qui viennent", a déclaré le ministre du Travail sur RTL, ajoutant : "Nous ne fanfaronnons pas".
Il y a trois semaines, M. Darcos avait avancé l'hypothèse de 800.000 chômeurs.
"Les Assedic nous disent que nous aurons une augmentation de 650.000 chômeurs d'ici la fin de l'année", a-t-il rappelé. "Nous pouvons nous en tenir à ce chiffre pour l'instant, mais c'est vrai que les tendances restent assez négatives et ce sera peut-être pire."
(Source : Le Nouvel Obs) Répondre | Répondre avec citation |
Mais j'ai relevé que, et cette fois de façon officielle, un demandeur d'emploi sur deux est indemnisé. Ce que beaucoup de nous disons depuis des années… Répondre | Répondre avec citation |
En juin, le nombre de chômeurs indemnisés a augmenté de 0,4% sur un mois et de 15,9% sur un an, à 2 384 000, a indiqué hier Pôle Emploi. L'évolution mensuelle s'explique par la hausse du nombre des bénéficiaires de l'assurance-chômage (+ 0,6%), légèrement compensée par la baisse du nombre de bénéficiaires des allocations de solidarité (ASS, AER… : - 0,3%).
Toutes allocations confondues, y compris chômage, formation et préretraites, le nombre de personnes indemnisées par Pôle Emploi augmente de 0,7% sur un mois et de 16,6% sur un an. Ainsi, 2.566.200 personnes sont indemnisées par Pôle Emploi en juin 2009 contre 2.200.700 un an plus tôt.
(Source : Les Echos)
ON RAPPELLE QU'EN FRANCE, PLUS D'UN CHÔMEUR SUR DEUX N'EST PAS INDEMNISÉ PAR LE RÉGIME. Répondre | Répondre avec citation |