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On rappelle que, dès le rachat en 2004 de cette usine de connectique automobile, sous-traitante de PSA qui appartenait à la Snecma, la direction du nouvel acquéreur, le groupe américain Molex, a longuement disséqué le savoir-faire de ses ouvriers, puis décidé en décembre 2008 de délocaliser sa production malgré un excellent bilan comptable. Aujourd'hui, quelque 300 emplois sont en sursis jusqu'au 31 octobre.
Pour la CGT, cela fait longtemps que l'affaire est entendue : «Des employeurs, des directions d'entreprises pensent pouvoir profiter de l'argument de la crise pour glisser leur plan de restructuration et faire en sorte que leurs activités soient encore plus profitables», avait signalé Bernard Thibault le 30 octobre 2008, citant «le cas typique» de la fermeture prochaine de l'usine du groupe américain Molex à Villemur-sur-Tarn où il se rendait dans l'après-midi. «Il s'agit d'une entreprise qui fait des bénéfices et qui veut profiter de la séquence actuelle au nom d'une crise économique pour justifier un plan de délocalisation de l'emploi. C'est une situation d'autant plus inacceptable que le président de la République nous a dit il y a 48 heures qu'il se faisait fort de surveiller les entreprises qui profiteraient de la situation pour supprimer des postes», s'était-il indigné.
Espionnage et terrorisme économiques
Mais à l'époque, Christian Estrosi était secrétaire d'Etat à l'Outre-mer. Il s'était d'ailleurs distingué en claquant 138.000 € pour assister à un «pot» à l'Elysée aux frais du contribuable...
Encore récemment, la lutte des salariés de Molex par la séquestration de leurs patrons — qui sont visiblement loin d'être des anges… — leur a valu de nombreuses critiques indignées. La criminalisation de l'ouvrier défendant son gagne-pain et contraint d'agir par des voies inhabituelles pour se faire entendre battait son plein. Par exemple, sur un plateau de feu "Ripostes" (France 5), on se souvient de l'inénarrable Sophie de Menthon et de Charles Beigbeder qui allaient jusqu'à dire que ces pauvres dirigeants, face à leurs ouvriers enragés, étaient «en danger de mort» ! Heureusement qu'un inspecteur du travail, invité de l'émission, a rappelé que ses collègues se faisaient régulièrement agresser par des patrons voyous et que deux inspecteurs ont été assassinés en 2004 à Bergerac par un patron esclavagiste. Sans compter tous les salariés qui meurent d'accidents du travail (deux par jour !) ou de maladies professionnelles (huit par jour rien que pour l'amiante).
Ainsi, Monsieur Estrosi parle de «violences» alors que la première violence qui est faite à tous ces travailleurs, c'est la spoliation de leur savoir-faire, de leurs emplois (et de leur sécurité) au nom de l'avidité de leurs dirigeants. Ainsi va la Sacro-sainte Economie mondialisée !
Partez en vacances, monsieur le ministre. La tâche sera rude à votre retour… et gare au malaise vagal !
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Commentaires
Les salariés des entreprises en cours de fermeture ne retiennent nullement en otage qui que ce soit. Il n'y a aucune demande de «rançon», il n'y a ni entraves aux poignets, ni bandeaux sur les yeux.
Non. En fait les salariés ne font qu'appliquer la devise élyséenne : «Travailler plus pour gagner plus». En effet, face à une direction qui annonce des licenciements ou une fermeture d'usine, les ouvriers et employés pourraient être tentés par le fait de tout laisser tomber et de ne se préoccuper que de leurs personnes en se mettant en arrêt maladie pour chercher du travail ailleurs… Au contraire, encouragés par le volontarisme du chef de l'Etat, syndicats et salariés se mettent au travail pour négocier la mise en place des mesures annoncées sans compter leurs heures et leur peine.
Leurs objectifs ? Obtenir moins de licenciements et plus d'indemnisation pour les partants : c'est donc bien pour «gagner plus» que les ouvriers font des heures supplémentaires afin de négocier ces plans sociaux. Et de la même façon que les salariés sont libres de faire des heures supplémentaires ou de travailler le dimanche, les dirigeants des entreprises font des heures supplémentaires volontaires pour que les négociations aboutissent.
Nicolas Sarkozy souhaite «réconcilier la France avec le travail» : les salariés licenciés ou victimes de fermetures l'ont entendu et le suivent, ne comptant ni leurs heures ni leurs efforts pour travailler et négocier les plans sociaux.
Jean-Louis GABRIEL Répondre | Répondre avec citation |