Dans cet article des Echos, on apprend qu'au 1er juillet 70.800 salariés avaient signé une convention de reclassement personnalisée. En mai, ils étaient déjà 66.900. En avril, 58.000... En l'espace d'un an, leur nombre a crû de 250%.
Ce qui signifie qu'au total 70.800 salariés licenciés depuis un an et moins figurent actuellement dans la catégorie D de Pôle Emploi (chômeurs non immédiatement disponibles en arrêt maladie, en stage ou en formation, en CRP ou CTP [1], non tenus d'effectuer des actes positifs de recherche), et non dans l'officielle catégorie A qui sert de référence pour la propagande médiatique (chômeurs disponibles immédiatement, n'ayant exercé aucune activité dans le mois et tenus d'effectuer des actes positifs de recherche).
Et ce n'est pas fini puisqu'à la grande joie de Laurent Wauquiez et Christian Charpy, plus d'un salarié licencié sur deux est désormais «séduit» par la CRP, dont les conditions d'indemnisation sont plus avantageuses depuis le 1er avril. Irrésistible !
Avec l'amplification de ce phénomène, on peut aisément dire que les chiffres officiels seront toujours plus tronqués et qu'il faudra redoubler de vigilance quant à leur analyse. Déjà qu'en juin, si 18.600 privés d'emploi en moins se sont inscrits en catégorie A par rapport à mai, laissant croire à une embellie, le nombre des chômeurs ayant exercé une «activité réduite» (catégories B et C) avait, lui, augmenté de 9.200 personnes, sans compter les 33.000 radiations «inexpliquées»... La montée en puissance des CRP et CTP, souhaitée conjointement par les syndicats du fait de ses avantages financiers [2] et par le gouvernement d'un point de vue statistique, n'a pas fini de semer le désordre et le doute sur l'ampleur réelle du chômage en France.
[1] Les contrats de transition professionnelle, simple «voie de garage» pour certains des cobayes qui l'ont expérimenté malgré eux, ont également bondi de 250% sur un an et comptaient environ 5.000 bénéficiaires… en avril 2009. Leur nombre a certainement augmenté depuis, et le dispositif doit être, lui aussi, étendu.
[2] Selon l'article 14 de l'accord national interprofessionnel sur la gestion sociale des conséquences de la crise conclu le 8 juillet 2009 entre les partenaires sociaux, la CRP garantit au chômeur licencié économique, d'ici au 31 décembre 2010, une allocation égale à 80% du salaire brut pendant 12 mois, soit un quasi maintien du salaire net car les «charges» sociales sont moins importantes, écrit Les Echos.
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