Avant l'instauration du «suivi mensuel personnalisé» (SMP) en 2006, le rythme de base des entretiens avec l'ANPE était semestriel et pouvait être modulé selon les cas. Jugé insuffisant selon un gouvernement en guerre contre les chômeurs, accusés d'être des fainéants responsables de leur situation, ce suivi a été porté à une fréquence mensuelle obligatoire dès le 4e mois de chômage.
A sa mise en place, le SMP ne fit pas l'unanimité. Côté demandeurs d'emploi, si un entretien mensuel systématique pouvait être utile à certains, pour les plus autonomes dans leur recherche il devenait absurde, voire nuisible pour les personnes connaissant des difficultés de transport ou exerçant une activité réduite; sans compter les nombreux cafouillages (convocations non reçues, annulations de rendez-vous passées à la trappe…) liés à l'automatisation aveugle du processus. Côté conseillers, la hausse considérable des convocations a mécaniquement alourdi leur charge de travail.
Certains syndicats ont maintes fois demandé son assouplissement, que le suivi soit modulé en fonction de la situation et des besoins de chaque demandeur d'emploi. En vain. Quant aux associations de chômeurs, jugeant la méthode plus proche du flicage que de l'accompagnement, et déplorant la montée en charge des sanctions/radiations abusives qu'elle induisait par ses ratés, elles réclamaient sa suppression pure et simple. La crise leur a donné raison.
Retour à la case départ ?
La hausse vertigineuse du nombre de chômeurs a signé la fin de ce suivi kafkaïen et ingérable pour des agents de plus en plus débordés. De «personnalisé», le SMP est devenu expédié voire inhumain, proche de l'abattage, certains conseillers ayant plus de 200 demandeurs d'emploi en portefeuille. Alors, pour remplir leurs objectifs, des subterfuges sont apparus : mise à jour des dossiers par l'envoi d'un questionnaire adressé par courrier postal ou par e-mail; convocations à des entretiens téléphoniques, procédé sans valeur ne pouvant aboutir à une sanction en cas de loupé, mais très en vogue...
Immense source d'agressivité dans les agences et, surtout, de stress pour ses salariés dont les arrêts maladie explosent, la direction s'est enfin inclinée : le SMP doit être revu et allégé. En principe, sa nouvelle formule light doit entrer en vigueur dans toute la France à partir du mois de juin, mais d'ores et déjà des directions régionales l'appliquent. Le suivi s'échelonnera de la façon suivante : 1er entretien à l'inscription, le suivant 4 mois après, puis tous les trois mois suivants… avec, au 10e mois d'inscription, proposition de sous-traitance de l'accompagnement.
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