A quelques heures de l'ouverture, cet après-midi à l'Assemblée nationale, du débat sur la préparation du budget 2011, le ministre du Budget François Baroin annonce la couleur. La réduction du déficit à 8% du PIB en 2010 et à 6% en 2011 est un «objectif intangible et absolu». Afin de tenir cet engagement pris auprès de Bruxelles qui représente une économie de 40 milliards d'euros à réaliser d'ici 2011, le ministre annonce, dans une interview aux Echos parue ce mardi, les différents postes de dépenses dans lesquels le gouvernement a coupé. En première ligne : les aides au logement, à l'emploi, et celles ciblant les services à la personne.
Concernant le logement, le ministre a annoncé la suppression de la possibilité donnée aux parents d'étudiants de cumuler l'aide personnalisée au logement (APL) avec l'avantage de la demi-part fiscale attribuée pour un enfant à charge. «Il faudra choisir», a prévenu le ministre. Au total, c'est à hauteur de 1 milliard d'euros que la politique du logement sera amputée, estime le quotidien économique.
Le secteur des services à la personne, en pleine expansion notamment grâce aux mesures de soutien de l'Etat, fera également les frais des mesures de rigueur. Si François Baroin nie vouloir supprimer l'avantage fiscal dont bénéficient les personnes recourant à ses services à domicile, l'avantage social sera quant à lui remis en cause. «Nous allons supprimer l'abattement de 15 points sur les exonérations sociales dont bénéficient les ménages qui déclarent leur employé au salaire réel […], ainsi que l'exonération de cotisations patronales proposée jusqu'au niveau du SMIC aux associations et structures agrées», a-t-il fait savoir. Une mesure qui représente, selon François Baroin, une économie évaluée à 300 millions d'euros.
Concernant l'aide aux handicapés, il confirme que l'AAH «sera bien augmentée de 25% mais en six ans au lieu de cinq». «Elle sera revalorisée de 3% l'an prochain au lieu des 4,5% prévus», a-t-il ajouté.
Enfin, le nombre d'emplois aidés sera quant à lui revu à la baisse, de 400.000 en 2010 à 340.000 l'an prochain. Une mesure qui ne devrait pas contribuer à la résorption du chômage, à nouveau reparti à la hausse au mois de mai.
La TVA à 5,5% dans la restauration sur la sellette
Quant à une éventuelle remise en cause de la TVA à 5,5% dans la restauration, plusieurs fois évoquée, François Baroin s'y déclare favorable «après la prochaine élection présidentielle». «Pour le ministre du Budget que je suis, explique-t-il, cette TVA réduite reste une très grosse niche fiscale. A terme, il faudrait certainement créer un taux intermédiaire, proche de 10%», estime-t-il. Mais hors de question de faire porter le poids de cette mesure sur le mandat de Nicolas Sarkozy, qui avait réussi de haute lutte à obtenir de Bruxelles cette remise en cause de la TVA à 19,6%. «Seul un candidat ayant pris cet engagement devant les Français peut porter une telle mesure» argumente François Baroin.
Pour le reste des économies à réaliser, le ministre compte sur la non-reconduction des mesures de relance dont il évalue le gain à 15 milliards d'euros, le rattrapage des recettes fiscales et les économies réalisées «dans les dépenses de tous les acteurs publics». Un troisième volet que le ministre chiffre à 14 milliards d'euros.
Mais la mesure «la plus importante» pour atteindre l'objectif de réduction des déficits, souligne François Baroin, sera la réforme des retraites. Sans elle, «il est totalement illusoire de penser que l'on pourra redresser nos finances publiques», a prévenu le ministre.
(Source : Le Figaro)
NDLR : «Nous agissons d'abord et avant tout sur les sources de dépenses et non sur l'augmentation générale d'impôts directs ou indirects», conclut François Baroin dans cette interview.
Pourtant, selon Gilles Carrez, le rapporteur général (UMP) du budget à l’Assemblée nationale, l'accumulation des baisses d'impôts depuis 10 ans a fait perdre à l'État entre 100 et 120 milliards d'euros de recettes... Tandis que M. Carrez fait porter le chapeau à la gauche, son silence sur la plupart des cadeaux fiscaux faits par Nicolas Sarkozy depuis 2007, coûteux et peu efficaces pour la croissance et l’emploi, est d'une mauvaise foi assourdissante.
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