Le nombre de candidat à l'auto-entreprenariat est en chute libre. Les créations d'auto-entreprises ont chuté de 23,1% au mois de juillet par rapport au mois de juin. C'est le troisième mois de baisse depuis avril.
Ces chiffres marquent-ils le début de la fin du statut d'auto-entrepreneur ? Et bien non ! "Ils marquent la fin des illusions, et c'est plutôt une bonne nouvelle", clame Grégoire Leclercq, président de la Fédération des auto-entrepreneurs.
En effet, ce régime simplifié, permettant de créer sa propre entreprise sans risque, a attiré des milliers d'entrepreneurs en herbe qui n'avaient pas forcément conscience des difficultés de gérer une comptabilité ou de trouver des financements. Aujourd'hui, bon nombre de candidats déchantent : l'auto-entreprenariat n'est pas la solution miracle qui peut transformer un chômeur en businessman du jour au lendemain.
Pourtant, ce statut reste une bonne opportunité pour monter son affaire sans se ruiner pour les candidats compétents et motivés : "Il ne faut pas jeter le bébé avec l'eau du bain, tempère Grégoire Leclerq. Ce régime fonctionne et le nombre de success stories ne recule pas, au contraire". Preuve, sur les six premiers mois de l'année 2010, 12% des 18.000 adhérents de la Fédération des auto-entrepreneurs ont obtenus le statut de SARL ou d'EURL, contre seulement 5% en 2009.
Erreur de stratégie
Le Président de la fédération constate également que la qualité des candidats s'est sensiblement élevée : "Avant ils nous demandaient des conseils de comptabilité très basique, aujourd'hui nous recevons de plus en plus de questions portant sur le marketing ou sur des techniques de gestion très précises". En se focalisant sur le nombre d'auto-entreprises créées et en affichant comme slogan "La création d'entreprise à la portée de tous", le gouvernement s'est trompé de stratégie : "Il fait la guerre des chiffres alors qu'il faut rechercher la qualité", regrette Grégoire Leclerq.
Ainsi, l'Etat se refuse à communiquer sur le nombre de "vrais auto-entrepreneurs", c'est-à-dire qui atteignent un chiffre d'affaire significatif, se contentant de publier un chiffre d'affaire moyen qui ne peut refléter la réelle réussite du dispositif. De même, aucune donnée n'est disponible sur la durée de vie des auto-entreprises ou le nombre de défaillances.
Si le gouvernement s'est félicité trop vite et à tort de la réussite du régime de l'auto-entrepreneur, il serait trop tôt et infondé de parler d'un échec. "Faire un bilan après un an ou un an et demi, c'est ridicule. Même si nous pouvons commencer à dégager quelques tendances, il faut au moins attendre 2 ou 3 ans pour voir comment se développent ces nouvelles entreprises", conclut Grégoire Leclerq.
(Source : L'Expansion)
NDLR : Quant aux nombreuses dérives (salariés déguisés, distorsions de concurrence…) et autres effets pervers (l'auto-entrepreneur est un prestataire de service, un travailleur précaire sans couverture sociale) engendrés par ce statut, motus et bouche cousue !
Pour compléter :
• Voir le rapport de Nadine Levratto et Evelyne Serverin, chercheuses pour le CNRS et l'université de Paris X Nanterre, qui critique l'inefficacité économique de ce nouveau régime.
• (Re)lire ce billet sans concession qui fait le tour du dispositif.
• Enfin, lire ce billet de Slovar qui pointe l'auto-satisfaction factice d'Hervé Novelli...
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