Nous remarquons que, comme pour les chiffres du chômage, les DOM ne font pas partie de la France : ces statistiques divulguées officiellement ne concernent que la France métropolitaine, une omission qui limite les dégâts.
L'Insee note une légère baisse. Nos pauvres de l'Hexagone étaient 7,9 millions en 2006 (13,2%), puis 8,035 millions en 2007 (13,4%). En 2008, grâce à une nouvelle "prise en compte de données fiscales pour mesurer les ressources" — lire ici le décryptage d'Alternatives Economiques — ils sont 7,836 millions soit 13% tout rond, répartis dans 3,5 millions de ménages et survivant avec moins de 949 € par mois, montant réactualisé du seuil de pauvreté monétaire pour une personne seule, soit 60% du niveau de vie médian qui s'est établi en 2008 à 1.580 € mensuels contre 1.510 € l'année précédente. Ce qui signifie, on le rappelle, que la moitié de la population française vivait alors avec moins de 1.580 € par mois.
Cependant, sur ces 7,836 millions de pauvres officiels, la moitié a un niveau de vie inférieur à 773 € mensuels. "La pauvreté touche 30% des familles monoparentales", note l'Insee. Pour ces familles, généralement une mère avec ses enfants, la proportion de pauvres est 2,3 fois plus forte que dans l'ensemble de la population. Enfin, les 10% les plus modestes ont un niveau de vie annuel inférieur à 10.520 €, une proportion qui a augmenté de 2,2% par rapport à 2007.
Plus globalement, l'Insee note une stabilisation depuis six ans : "Le taux de pauvreté (14%) a décru de 1996 à 2004 pour se stabiliser ensuite aux alentours de 13%". L'honneur est sauf : nous sommes dans la fourchette basse de l'Europe.
Mais c'était avant la crise. Depuis, le chômage s'est intallé. Les chômeurs de longue durée représentent aujourd'hui plus du tiers des inscrits à Pôle Emploi (36,3%) tandis que le nombre de "fin de droits" a explosé (1 million en 2010) : si 40% a droit aux minimas sociaux (RSA ou ASS, 460 € par mois maximum), une poignée à l'AER (980 €), le reste n'a plus du tout de couverture. Le nombre d'allocataires du RSA "socle" a déjà augmenté de 11% en un an, et les travailleurs pauvres qui ont fait une demande de RSA "activité" afin de compléter leur paie de misère étaient 434.000 à fin juin 2010, soit 154.000 de plus qu'il y a un an.
Rendez-vous l'année prochaine pour un taux de pauvreté en nette hausse.
Puis rendez-vous en 2012 pour son explosion.
SH
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