
Petite parenthèse
Avant toute chose, nous tenons à rappeler que le mot "charges", sans cesse et partout invoqué, est une imposture visant à jeter l'opprobre sur les cotisations sociales que le Medef veut réduire au nom de la "compétitivité". Imposture car, pour l'entreprise, les véritables "charges patronales" sont les dividendes distribués aux actionnaires. D'autre part, la protection sociale nourrie par ces cotisations n'est pas qu'un coût pour les employeurs : elle est aussi, et surtout, «un formidable stabilisateur de l'activité économique et des rapports sociaux, par la sécurité qu'elle apporte à tous». Rogner sur celle-ci, outre le fait que «le gain de compétitivité serait beaucoup trop faible», risque, au contraire, de nuire à la croissance : ce n'est pas moi qui le dit mais Eric Verhaeghe, ancien président de l'Apec et démissionnaire du Medef.
Enfin, ne soyons pas trop rosse avec le bon soldat Wauquiez car il n'est pas le seul à faire preuve d'incompétence : c'est l'ensemble du gouvernement Fillon qui, depuis 2007, ne fait que brasser du vent et gaspiller des millions dans des politiques de l'emploi foireuses et sciemment vouées à l'échec.
C'est officiel : on est "senior" à 45 ans
Ceci précisé, revenons au "zéro charges seniors", symptomatique d'une société où les entreprises ne veulent plus de leurs "anciens" parce qu'ils sont moins "rentables", et d'un Etat qui multiplie les subventions à celles qui se dévouent pour faire travailler des "vieux" à vil prix. D'ailleurs, Laurent Wauquiez l'a dit : «Les entreprises n'embauchent pas des seniors parce qu'ils coûtent trop cher»… dont acte. L'Etat vache à lait s'assoit sur la "valeur travail" qu'il a tant portée aux nues, confirmant que le travail n'est qu'un coût dont il faut soulager l'entreprise et que doit supporter la collectivité.
Calqué sur le "zéro charges TPE" qui n'a pas été un succès, le "zéro charges seniors" prévoyait, pendant douze mois, une exonération totale de cotisations patronales au niveau du Smic pour toute entreprise, sans condition de taille, qui embaucherait un chômeur de plus de 54 ans en CDI ou CDD d'au moins un an. Bien qu'inscrit à l'article 103 de la loi sur les retraites de novembre 2010, le décret sur cette disposition ne paraîtra pas : pour être en phase avec le dernier "Plan emploi" de Nicolas Sarkozy, on lui a substitué la fameuse aide de 2.000 € versée à toute entreprise qui embauchera un demandeur d'emploi de plus de 45 ans à l'issue d'un contrat de professionnalisation. Pourquoi ? Parce que, finalement, ça revient au même : l'employeur bénéficie du même cadeau (il est, en plus, exonéré de la prime de précarité de 10% versée en fin de CDD classique); mais en contrepartie on lui demande de former un "senior" qui, du coup, a rajeuni de 10 ans !
Le "CDD senior" avait fait un flop. Idem pour la prime de 3.000 € à l'embauche d'un stagiaire. Le "plan rebond" est un écueil. Le nouveau "plan emploi" de Nicolas Sarkozy le sera aussi. Mais le gouvernement s'en moque : la lutte contre le chômage n'a jamais été sa priorité.
SH
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Commentaires
1) Bêtement, vous employez le mot "charges" alors qu'il s'agit, on le répète, de "cotisations sociales".
2) Et quand vous dites que "tout ce beau monde paie des charges", vous vous trompez : avec ces mesures, ce sont les salariés précarisés qui continuent à payer leurs cotisations sociales plein pot tandis que leurs employeurs en sont, eux, exonérés. Au contraire, nous dénonçons le fait que le poids du financement de la Sécu continue à peser sur ces salariés tandis que ces employeurs, flairant l'aubaine, s'en tirent à bon compte, l'Etat, via l'argent public, venant compenser ce qu'ils ne paient plus.
3) Quel est le rapport avec le CAC 40, sinon qu'il prospère de la même façon, c'est-à-dire sur le dos de l'emploi, du service et de l'argent publics ? Répondre | Répondre avec citation |
vous oubliez de signaler que de plus en plus d'artisans, de commerçants et de chef de TPE vont au resto du coeur ! A vôtre avis, pourquoi ? Répondre | Répondre avec citation |
L'auteur de l'article réclame qu'on paie encore plus de charges !!! Répondre | Répondre avec citation |
Si vous ne savez pas payer un salaire, il ne faut pas embaucher. Répondre | Répondre avec citation |
Si c'est vrai ce sont eux qui disposent de la plus grande puissance de "conviction" et du plus grand pouvoir de pression sur le gouvernement.
Si ces artisans sont moins bien traités qu'un chômeur et qu'ils n'utilisent pas leurs pouvoirs, je ne vois pas pourquoi, les chômeurs devraient payer à leur place.
Donc,
les artisans professions libérales ont le pouvoir et il leur reste à faire le choix de le demande :
- des clients/ouvriers heureux
ou
- des clients heureux, des flics pour les gueux et des pauvres ouvriers.
Et à se mobiliser contre leurs … ? ?
clients ? ouvriers ? autres ? Répondre | Répondre avec citation |
Quand on n'a pas les moyens d'embaucher et de payer son personnel, on s'abtient, comme vous le suggère Raoulpiconbière . Je suis entièrement d'accord avec lui sur ce point.
Quand on veut sauver sa tête en sacrifiant d'autres personnes, on commet inévitablement des drames et de graves injustices.
Vous voulez que tout le monde paie la Sécurité Sociale… mais de plus en plus de TPE PME ne paient plus les charges ???? A votre avis, pourquoi ?
Il ne suffit pas de vouloir faire avancer la bourique… en son propre intérêt… et ensuite accuser le peuple d'être fainéant. Un travailleur doit recevoir le juste fruit de son travail.
Je rajoute, ce n'est pas en voulant absolument faire de ce pays des "auto-entrepreneurs" par force et par tous… que les problèmes seront réglés. Il ne faut pas nier que la FRANCE s'enfonce : pas de redistribution des richesses, blocage des rouages de l'économie.Alors ? Répondre | Répondre avec citation |
C'est curieux, mais c'est exactement ce qui arrive. Beaucoup d'employeurs ne veulent plus embaucher même s'ils ont du travail.
"Vous voulez que tout le monde paie la Sécurité Sociale… mais de plus en plus de TPE PME ne paient plus les charges ???? A votre avis, pourquoi ? "
Il faut me dire comment ne pas payer de charges. J'ai du louper quelque chose. Plus surement, je crois que vous dites tout simplement n'importe quoi
Je vais faire comme vous. J'attendrai que les autres fassent avancer la bourrique pour moi. On a moins de problème
C'est à vous de vous poser la question. vous cherchez du travail ? Vous attendez que quelqu'un se dévoue pour créer une entreprise pour vous offrir un job bien servi ? Pour lui tomber dessus après. C'est trop facile Je crois que beaucoup vont devoir attendre… Répondre | Répondre avec citation |
Vous, vous semblez chercher de l'argent sur le dos de certains travailleurs pour faire faire par d'autres travailleurs, ce que vous ne savez pas faire.
Aujourd'hui la seule valeur qui vaille et qui soit stable, c'est la minute de temps.
La mienne vaut autant que celle de n'importe quel autre.
et je ne manque absolument pas d'emploi pour mon temps. Répondre | Répondre avec citation |
Embaucher ne doit pas être synonyme de faire travailler pour rien.
A 52 ans, j'ai eu l'occasion ces 10 dernières années d'avoir des employeurs qui ne m'ont pas déclarés… Mais comme j'ai une fâcheuse habitude d'envoyer au numéro spécial de l'URSSAF mes bulletins de paie, ils sont donc en mesure de contrôler et d'envoyer un agent, qui bien sûr est certain de constater des disgressions.
Ce n'est pas normal. Ne faites pas celui qui ne veut pas comprendre ! Voyons. Si vous avez des membres de votre famille qui sont dans ces grandes institutions de contrôles, vous le sauriez, cela n'est pas rare… et a tendance à se généraliser… Faire comme moi, dites-vous… alors allez bosser pour rien, 15 heures par semaine ! Bénévole. Sans rien en retour… en donnant le meilleur de vous-même, sans rien… Sauriez-vous capable de le faire ? Je doute… Fortement… Répondre | Répondre avec citation |
Manager une équipe c'est valoriser le travail de ses équipes et de le récompenser.
Si vous ne pouvez pas assurer les contreparties du travail, effectivement, installez-vous seul ! Répondre | Répondre avec citation |
- une semaine gratos en juin pour pré-période d'essai.
- avant la fin de la période d'essai le licencie.
Avertit la DDTEFP en disant que le jeune casse le contrat. Alors qu'il lui a donné une lettre ?
Et pour finir n'a pas payé toutes les indemnités. Le jeune réclame diplomatiquemen t pendant 2 mois. Informe la DDTEFP, et là on découvre que le contrat qu'il n'a jamais remis au jeune n'est pas arrêté et qu'il a perçu pour la 1ere année 5 000 euros ?
C'est normal ?
Cette affaire n'est pas rare !
Beaucoup se sont fait pigeonner…
Attendre quoi ? de se refaire pigeonner sur prescription de l'ETAT qui donne sa bénédiction ?
Attendre que ces entreprises finissent obligatoirement par se casser la figure un jour ou l'autre ?
Attendre de servir des voyous ?
Dites moi de quelle attente parliez-vous ? Répondre | Répondre avec citation |
Le constat est que plus personne ne prend le chômage des seniors en considération et je ne pense pas qu’il faille se réjouir de l’abandon de la mesure d’aide à l’embauche des seniors votée dans le cadre de la loi sur les retraites.
Sur le fond : à moins d’une situation de quasi plein emploi, les seniors ne peuvent jamais l’emporter, à coût égal, sur des candidatures plus jeunes. D’aucuns ont agité le risque d’effet d’aubaine lié à une réduction du coût du travail profitant à l’employeur. Malheureusement , ils avaient tort car en l’absence d’une réduction du coût du travail ciblée, les employeurs n’ont pas embauché de seniors. Les « bonnes » statistiques de ces 4 derniers mois font d’autant ressortir l’aggravation du chômage des seniors à contre-sens de la tendance générale. Sans compter les sorties techniques des fins de droits, dispenses de recherche d'emploi et « auto » entrepreneurs de circonstance qui, à défaut de trouver un emploi, tentent de s’en créer un. Répondre | Répondre avec citation |
De fait, l’article 103 Division I Alinéa 7 - Art. L. 5133-11 du code du travail avait le mérite d’élargir son champ d’action à de nouvelles catégories de chômeurs du fait même que l’aide n’était pas dégressive au-delà du SMIC.
La décision du gouvernement de remplacer ce dispositif par une prime de 2000€ versée aux employeurs dans le cas d'embauches de + de 45 ans en contrat de professionnalis ation est un leurre et procède d’un mépris total des populations concernées.
C’est sous-entendre que les chômeurs de plus de 55 ans ne retrouvent pas d’emploi du seul fait d’un défaut de qualification, alors que pour nombre d’entre eux c’est précisément le coût de leur « séniorité » qui est mis en cause. Quant à ceux qui exerçaient déjà dans l’hôtellerie ou le bâtiment et à qui on a préféré des candidats moins fatigués, ils sont en droit de s’indigner, au moment où on nous dit regretter que ce vivier de 800000 postes ne profite pas aux français, y compris les désoeuvrés les plus âgés. Répondre | Répondre avec citation |
En promettant des moyens pour que le fossé qui existe entre la fin des droits à indemnisation de seniors et l’âge de leurs droits à la retraite ne se creuse davantage, le dispositif d’aide à l’embauche des seniors a servi d’alibi au recul de l’âge de la retraite.
Cette mesure ponctuelle n’avait pas d’autre ambition que de colmater ces brèches creusées par la loi sur la retraite en résolvant à la marge des situations personnelles.
Il lui a été préféré après coup un dispositif à grande échelle consistant à transférer des hordes de demandeurs d’emploi dans des filières de formation se nourrissant de ce marché juteux. Permettre à des demandeurs d’emploi en manque de qualification d’exercer un métier pendant 10, 15 ou 20 ans est un chantier qu'il est urgent d'entamer mais qui ne peut être posé comme une alternative au dispositif précédent.
Echelles de temps, situations, populations visées.. autant de moyens d’action distincts et complémentaires qui doivent cohabiter. Répondre | Répondre avec citation |
Au-delà des sujets de fond qui heurtent le bon sens, il y a lieu de s’interroger sur la méthode : l’aide à l’embauche des seniors faisait partie intégrante de la loi sur le retraites.
Entre l'annonce du dispositif par M. Woerth il y a un an et le vote de la loi du 9/11/201, il y a eu un débat démocratique. Sa mise en oeuvre devait donner lieu à la publication d'un rapport fin 2012 sur l’efficacité de la mesure: on ne lui aura pas donné cette chance.
Sommes-nous devant un pouvoir exorbitant au point que l’exécutif puisse sans débat ni justification gommer un des constituants d’une loi sur sa seule initiative ? ou une pitoyable affaire d’egos entre un couple Xavier Bertrand/Nadine Morano affichant la supériorité de ses idées sur celles de leurs prédécesseurs Eric Woerth/Laurent Wauquiez ?
Faciliter l’accès au travail de seniors pour qui la reconstitution de droits constituait un enjeu crucial n’était pas la panacée universelle, mais ça mangeait pas de pain. Répondre | Répondre avec citation |