On s'en souvient, les propositions de reclassement dans des pays à bas coût de main d'œuvre et autres "paradis sociaux" ont beaucoup fait parler d'elles. Pour ne citer que les plus célèbres, on avait eu l'équipementier automobile rennais La Barre Thomas, qui avait proposé à ses techniciens des reclassements en Pologne pour environ 700 € brut par mois; l'entreprise de textile castraise Carreman, qui avait proposé à neuf de ses salariés de partir travailler en Inde pour 69 € mensuels; sinon l'ANPE qui avait, en 2008, défrayé la chronique en publiant une offre d'emploi d'informaticien low cost basé à Pondichéry pour «160 à 320 €».
Une loi mal ficelée, mais pas si stupide
A l'époque, des employeurs montrés du doigt avaient invoqué «la stupidité de la loi française» qui les obligeait à faire, au préalable et par écrit, une ou plusieurs propositions de reclassement sur l'ensemble de leurs sites — même si les postes disponibles se situaient en Papouasie ou au Bengladesh — et sans tenir compte du niveau de salaire.
Pourtant, aussi absurde fut-elle, cette loi permettait aux salariés sacrifiés (et à l'opinion publique) de mesurer exactement les économies à court terme que la délocalisation faisait réaliser à leur employeur au temps de la soi-disant «valeur travail»...
Délocaliser en paix
Maintenant, les entreprises délocalisatrices pourront s'adonner à leur occupation mortifère en toute discrétion : la circulaire d'application de la loi Folliot du 18 mai 2010, qui interdit les propositions de reclassement au rabais à l'étranger en cas de licenciement économique, doit être publiée aujourd'hui au Journal officiel. Ainsi, le Code du travail s'enrichit d'un article L.1233-4 qui limite les propositions de reclassement, en France comme à l'étranger, aux postes «assortis d'une rémunération équivalente» à celle du poste actuel. Il ne sera possible de proposer un poste et un salaire inférieurs que si la personne donne son «accord exprès».
Ce texte, qui établit de nouvelles procédures (voir en commentaire), prétend «apporter des garanties nouvelles aux salariés et aux entreprises, et éviter que des propositions jugées choquantes soient adressées à des salariés tout en préservant l’intégralité de leurs droits». Comme ça, les délocalisations ne choqueront plus personne !
SH
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