Dans son interview publiée dans Les Echos, «le contrôle de la recherche d'emploi prend différentes formes : sanction de refus d'emploi, sanction du refus de formation, sanction de refus de deux ORE [offres raisonnables d'emploi], actes positifs de recherche. Il donne lieu au total à environ 2.000 radiations par mois», affirme-t-il.
Un chiffre scandaleusement sous-évalué et allègrement repris par toute la presse. De quoi accuser Christian Charpy de vouloir masquer l'ampleur du phénomène aux yeux de l'opinion.
Comme le montre la dernière note mensuelle de la DARES/Pôle Emploi, en page 10, il existe six grands motifs de sorties des listes dont trois concernent les radiations, celles-ci représentant 66% du total.
La note d'avril 2011 indique pour les seules catégories ABC, c'est-à-dire l'ensemble des inscrits «tenus d'accomplir des actes positifs de recherche» :
• Cessations d'inscriptions pour défaut d'actualisation : 204.300 (soit 43,5% des sorties)
En janvier, il y en a eu 198.100. En février, 203.700. La progression annuelle est de +3,1%.
Si la majorité de ces «absences à contrôle» sont justifiées — le chômeur a retrouvé un emploi et ne se donne pas la peine de le déclarer, ou il décide de ne plus pointer parce que, n'ayant droit à aucune indemnisation, il en a assez d'être «suivi» inutilement… —, d'autres s'expliquent soit par l'oubli du demandeur d'emploi, soit par les bugs informatiques du site pole-emploi.fr qui sature chaque fin de mois, en pleine période d'actualisation.
Mais admettons que, dans sa stricte interprétation, ce motif ne soit pas représentatif/assimilable, et décortiquons les deux autres...
• Radiations administratives : 45.000
En janvier, il y en a eu 40.800. En février, 44.000. La progression annuelle est de +10,3%.
Elles regroupent les sanctions classiques décrites par Christian Charpy, dont les «absences à convocation» qui, très souvent, sont sujettes à caution (convocation non reçue, retard au rendez-vous, loupé de l'entretien téléphonique…). On voit que les 2.000 radiations mensuelles annoncées par M. Charpy à propos du seul «contrôle de la recherche d'emploi» ne fait pas le poids, surtout quand on se penche sur le troisième motif ci-dessous...
• Autres cas : 54.100
En janvier, il y en a eu 55.400. En février, 53.800. La progression annuelle est de -2,3%.
Ces mystérieux «autres cas» regroupent des radiations diverses, comme le refus de signature du PPAE, la déclaration erronée, le titre de séjour non valide, le décès du demandeur d'emploi, la non présentation à convocation dans le cadre de la CRP ou du CTP, les abandons de stage, de CRP/CTP ou de contrat aidé. Il existe même une sous-catégorie fourre-tout intitulée «indéterminé».
Christian Charpy est-il un menteur ? On serait donc tenté de dire que oui.
La presse, qui reprend ces allégations sans creuser, est-elle moutonnière (sinon complice) ? Oui, assurément.
SH
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