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Après le conseiller de l'ombre Patrick Buisson, le député Pierre Lang puis le bon soldat Wauquiez, soutenu à deux reprises par Le Figaro, enfin le président du conseil général des Alpes-Maritimes Eric Ciotti qui vient de créer une brigade chargée de lutter contre la fraude au RSA dans sa région, on se demandait quel serait le prochain UMPiste à nous cracher dessus. Il ne s'est pas fait attendre : voici, gorgé de bave, le brave toutou Copé «la voix de son maître» qui, lui aussi en mal de reconnaissance, jaillit de sa niche. Amis chômeurs, d'ici les élections présidentielles, sortez vos parapluies car le concours de salive et autres postillons venimeux ne fait que commencer !
Demandez le programme
«Dans le domaine de la justice sociale, il y a besoin d'un correctif au dispositif du RSA, en faisant la part des choses entre des situations différentes», déclare-t-il : on le voit, la «justice sociale» a bon dos quand il s'agit de fustiger les plus pauvres tout en permettant aux plus riches d'échapper à l'impôt. Gageons que la convention UMP du mercredi 8 juin organisée sur ce thème sera tout aussi inopérante qu'un G8.
Ainsi, au nom de cette «justice sociale» totalement dévoyée (à l'image de l'adjectif «populaire» dont s'affuble sans scrupule la frange la plus antisociale de la droite), expose-t-il sa version d'un STO moderne et modulé...
Selon lui, «il y a des gens dont on sait qu'ils sont dans une situation de précarité extrême et de désespérance, qui ont des problèmes de santé, des troubles psychologiques. Ceux-là ont besoin d'un accompagnement et de solidarité». Mais «pour les autres, l'idée est de tout faire pour les aider à retrouver un emploi. Nous voulons leur proposer, dans le cadre d'un contrat unique d'insertion, de travailler entre cinq et dix heures par semaine au service de la collectivité de résidence : la commune, l'intercommunalité, le département ou la région». Le blah-blah ne varie pas : ces heures de travail seraient consacrées à «des activités d'utilité sociale, par exemple l'accompagnement de sorties d'école ou de personnes âgées, des projets environnementaux et civiques. C'est un élément de valorisation et d'insertion pour les personnes, et c'est un premier pas dans le retour vers l'emploi».
Pas de carotte sans bâton : «En cas de refus, il pourrait y avoir une diminution progressive du RSA». En voilà, des «propositions pour une politique sociale plus juste et plus efficace» !
Copé invente l'eau chaude
On remarque que, contrairement à ses prédécesseurs qui souhaitaient que cette main d'œuvre soit «bénévole», le versement du RSA étant la seule contrepartie à leur activité forcée, le secrétaire général de l'UMP évite la planche savonneuse du travail gratuit en évoquant des CUI.
Or, pour fournir les 20 millions d'heures de travail mensuelles qui seront nécessaires à cette opération, compte-t-il les faire jaillir de sous les sabots d'un cheval ? Y aurait-il dans notre pays des quantités impressionnantes de besoins collectifs non satisfaits, et des emplois à pourvoir par centaines de milliers ?
Actuellement, quelque 485.000 allocataires du RSA sont inscrits dans la catégorie A de Pôle Emploi, celle des chômeurs sans activité aucune. Outre créer les postes correspondants, comment M. Copé compte-t-il financer tous ces nouveaux contrats ? Certes, en 2010, le Fonds national des solidarités actives (FNSA) a dégagé un excédent de 999 millions d'euros : un petit milliard qui est bien loin de suffire puisqu'il n'en couvrirait que 200.000 à peine, tout en s'asseyant sur la prime de Noël.
De plus, les allocataires du RSA inscrits à Pôle Emploi ont, comme tous les autres, signé un PPAE avec leur conseiller et sont également sous le coup de la loi sur «l'offre raisonnable d'emploi» qui prévoit des sanctions en cas de refus. Alors ?
Les petits oublis de Jean-François Copé...
Même édulcorée, d'un point de vue légal et moral, cette proposition demeure aussi improbable qu'inepte. Faut-il rappeler à M. Copé que le travail forcé et le chantage au minimum vital sont interdits :
• par les articles 4, 23 et 25 de la Déclaration universelle des Droits de l'homme :
— «Nul ne sera tenu en esclavage ni en servitude.»
— «Toute personne a droit au travail, au libre choix de son travail, à des conditions équitables et satisfaisantes de travail et à la protection contre le chômage. Tous ont droit, sans aucune discrimination, à un salaire égal pour un travail égal. Quiconque travaille a droit à une rémunération équitable et satisfaisante lui assurant ainsi qu'à sa famille une existence conforme à la dignité humaine et complétée, s'il y a lieu, par tous autres moyens de protection sociale.»
— «Toute personne a droit à un niveau de vie suffisant pour assurer sa santé, son bien-être et ceux de sa famille, notamment pour l'alimentation, l'habillement, le logement, les soins médicaux ainsi que pour les services sociaux nécessaires; elle a droit à la sécurité en cas de chômage, de maladie, d'invalidité, de veuvage, de vieillesse ou dans les autres cas de perte de ses moyens de subsistance par suite de circonstances indépendantes de sa volonté.»
• par l'article 1er de la Convention sur l'abolition du travail forcé de 1957 adoptée par les membres de l'OIT, dont la France est signataire :
«Tout Membre de l'Organisation internationale du Travail qui ratifie la présente Convention s'engage à supprimer le travail forcé ou obligatoire et à n'y recourir sous aucune forme :
a/ en tant que mesure de coercition ou d'éducation politique ou en tant que sanction à l'égard de personnes qui ont ou expriment certaines opinions politiques ou manifestent leur opposition idéologique à l'ordre politique, social ou économique établi;
b/ en tant que méthode de mobilisation et d'utilisation de la main-d'oeuvre à des fins de développement économique;
c/ en tant que mesure de discipline du travail;
d/ en tant que punition pour avoir participé à des grèves;
e/ en tant que mesure de discrimination raciale, sociale, nationale ou religieuse.»
Comme le souligne la FNARS dans son communiqué (lire en commentaire), l'OIT considère que la «participation obligatoire à des travaux publics» s'apparente à du travail forcé et juge qu'«une relation de travail devrait être librement consentie et exempte de menaces».
Faut-il aussi rappeler à M. Copé les principes inscrits dans les articles 5, 10 et surtout 11 du Préambule de notre Constitution : «Tout être humain qui, en raison de son âge, de son état physique ou mental, de la situation économique, se trouve dans l'incapacité de travailler a le droit d'obtenir de la collectivité des moyens convenables d'existence» ? Ainsi, d'un strict point de vue juridique, les allocations familiales, les allocations logement, les allocations chômage et le RSA correspondent aux obligations que se sont donnés les citoyens français en adoptant leur Constitution. Rappelons que ce préambule, issu de la Constitution de 1946, est repris explicitement dans la Constitution de 1958 qui nous régit.
L'agitation pré-électorale de l'UMP autour du RSA est 100% anti-républicaine.
SH
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Commentaires
ils ont pas peur, ces petites raquailles, ils n'ont pas froid aux yeux.
tiens au fait j'ai trouvé la photo de sophie Roquelle, la kapo collabo du Figaro :
www.lepost.fr/article/2011/06/05/2514844_droit-de-reponse-la-france-des-assistes-de-sophie-roquelle-journaliste-a-le-figaro.html Répondre | Répondre avec citation |
www.lepost.fr/article/2011/06/07/2516343_comparatif-rsa-socle-smic-plein-temps-rsa-chapeau-10-heures-par-semaine.html Répondre | Répondre avec citation |
http://www.leparisien.fr/economie/les-beneficiaires-du-rsa-devront-travailler-07-06-2011-1484005.php?xtor=EREC-109
cela tient en ceci "nous allons proposer un contrat d’utilité sociale rémunéré de cinq à dix heures par semaine, dans des collectivités ou des structures d’insertion. Ils auront donc de nouveaux droits ouverts et le devoir d’accepter, faute de quoi le RSA pourra être diminué de manière dégressive. Cette proposition répond aux interrogations de Laurent Wauquiez, mais garde la philosophie de la loi Hirsch." Répondre | Répondre avec citation |
que ce Monsieur COPE, cumulait tellement de poste…
qu'il ferait bien 76 heures / 24… enfin, selon les salaires, cela irait même bien plus…
alors que de pauvres gens cherchent "UN" emploi…
et il me semblait que nous n'avions pas le droit de travailler plus de 35 heures, sinon nos "éventuels" employeurs pourraient nous refuser l'emploi complémentaire…
Enfin si M. COPE pense qu'il est la valeur incarnée de la justice sociale… laissons-le croire… Il dit, se la raconte… et pendant ce temps là il est grassement payé… par nous (d'ailleurs…) et je rage de le savoir… alors que notre pays à tant et tant besoin de fonds pour l'hôpital, pour les oeuvres de survie !
Bonne journée Répondre | Répondre avec citation |
bonjour,
*on vous a répondu que l'on "ne recrute personne"… C'est faux… seulement si l'on connaît la personne… un piston, en sommes.
Le réseau, c'est ce qui marche le mieux !
Et si vous ne "connaissez pas" les personnes susceptibles de vous faire rentrer par co-optation, c'est impossible d'avoir accès à des postes "correctes". Vous ne pourrez qu'obtenir des heures ici et là, l'emploi en miettes, l'emploi précaire, le vrai… Répondre | Répondre avec citation |
Ben il a de sérieuses limites ! C'est quoi déjà 10% de chance que ça fonctionne ? … et encore. Autant croire au Père-Noël, c'est plus sympa.
En fait, le réseau ou «network», c'est une pure invention libérale pour dire au peuple/gens : démerdez-vous ! Très Regan-Thatcherien comme croyance !
Je sais j'en viens d'un pays anglo ultra-libéral où misère et pauvreté se côtoient jusque dans l'indécence. Répondre | Répondre avec citation |
Le communiqué de la Fédération nationale des associations d'accueil et de réinsertion sociale (FNARS)
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Depuis plusieurs semaines, l’UMP dénonce l’assistanat et s’en prend aux allocataires du RSA. Aujourd’hui, certains envisagent de rendre le travail obligatoire et de sanctionner ceux qui ne s’y plieraient pas.
Faut-il rappeler que l’Organisation internationale du travail (OIT) considère que la «participation obligatoire à des travaux publics» s’apparente à du travail forcé : «Une relation de travail devrait être librement consentie et exempte de menaces».
En s’en prenant aux allocataires du RSA, l’UMP oublie de parler de tous les dysfonctionneme nts, les retards de paiement, les calculs erronés de cette allocation difficile à évaluer, toutes les incertitudes qui pèsent sur les personnes car elles ne savent jamais combien elles vont toucher, lorsqu’elles travaillent un mois 20 heures, l’autre 60, et le troisième pas du tout. Et pourtant, elles sont plus de 600.000 à travailler et à toucher le RSA activité… A croire qu’elles partagent elles aussi l’ambition que le travail est une valeur positive !
Pourquoi ne pas proposer un véritable emploi ? La vérité est que peu d’offres sont proposées et que très peu d'allocataires les refusent (ils seraient radiés s'ils en refusaient plus de deux).
Nous comptons 1,15 million de personnes touchant le RSA socle. Nous comptions aussi 1,1 million de personnes au RMI en 1999 (source : CNAF). En douze ans, le chiffre est resté le même ! Pourtant, entre temps, la crise économique est passée par là et le chômage a grimpé en flèche.
Les allocataires du RSA sont des personnes en difficulté : des mères seules avec de jeunes enfants, des personnes ayant des problèmes de santé, des chômeurs, notamment en zones de désertification industrielle, qui ont épuisé leur droit à indemnisation, etc. Ils sont allocataires du RSA parce qu'ils ne parviennent plus à accéder à l'emploi, et non parce qu'ils ne le veulent pas. Seules 600.000 personnes touchent aujourd’hui le RSA tout en exerçant une activité alors que le dispositif en prévoyait initialement trois fois plus.
Cette sous-utilisation montre d’une part qu’il n’y a pas suffisamment d’emplois aujourd’hui pour permettre au RSA de répondre à son objectif de départ : garantir un retour à l’emploi suffisamment rémunérateur pour sortir les personnes de la pauvreté. Elle montre aussi que beaucoup de personnes qui y auraient droit ne demandent pas le RSA, de peur, justement, d’être stigmatisées.
Il y a bien sûr des améliorations à apporter au RSA. Nous l’avons dit et écrit. Nous sommes disponibles pour y travailler. Mais, l’accompagnemen t des personnes vulnérables est un enjeu essentiel pour l’avenir de notre pays qui mérite autre chose que des positions idéologiques fondées sur des données fausses. Répondre | Répondre avec citation |
Le travail forcé/obligatoire est interdit par une convention internationale. Copé le sait, car il propose une toute petite "remunération" du travail "d'utilité collective". Mais cela revient au même, car cela n'enlève pas le caractère "obligation, forcé et contraint".
Il faut savoir que l'Allemagne s'est rendu compte de l'inutilité de telles mesures (comme le job à un euro), elle vient de couper les crédits pour ce dispositifs. Leur raisonnement: ces "occupations" ne favorisent pas le retour à l'emploi/réinsertion professionelle. Répondre | Répondre avec citation |
Oui, je l'ai bien précisé dans mon article.
Quant à la référence aux jobs à 1 € en Allemagne et à l'échec (identique) des contrats aidés français en matière de "réinsertion" professionnelle , je n'en ai pas rajouté une couche cette fois-ci. J'aurais peut-être dû, mais s'il fallait à chaque fois répondre point par point sans rien omettre, ça ferait des tartines, et j'en ai tellement marre de radoter en ce moment avec leurs conneries ! Ils vont m'avoir à l'usure… :lol:
SH Répondre | Répondre avec citation |
Cela ne pourrait-il pas les forcer à dissoudre l'assemblée, et donc bye bye l'UMP, et que la gauche se bouge enfin les fesses !
Car si un go9uvernement peut effectivement passer allègrement par dessus la constitution - élément fondamental de la Republique - bref, faire ce qu'ils/elles veulent en monarques absolus (provoquer le chaos - mais non l'anarchie), c'est qu'alors les textes et la justice ne servent plus à rien, et que nous sommes dominés par un Etat totalitaire, en un mot : une dictature. Répondre | Répondre avec citation |
D'ailleurs, les précédentes propositions de loi de Pierre Lang et Laurent Wauquiez ont été renvoyées à la Commission des affaires sociales, «à défaut de constitution d’une commission spéciale dans les délais prévus par les articles 30 et 31 du Règlement»… Et si elles avaient été acceptées, elles auraient été retoquées soit par le Parlement lui-même, soit par le Conseil constitutionnel .
On est dans la com’ — pardon, l'intox — pure et dure, point ! Répondre | Répondre avec citation |
En fait, les pouvoirs - UMP - (sortants) ressortent la vieille roue de secours de la division et de la stigmatisation parce qu'ils sentent que la roue tourne (mal pour eux) et qu'il devient alors plus urgent de diviser jusqu'à l'absurde que d'unir intelligemment. Répondre | Répondre avec citation |
Copé est un malin. Un contrat aidé est en général de 20 heures par semaine.
Ce que propose Copé est de couper les contrats aidés en 2 (10h) voire en 4 (5h) pour mobiliser (inutilement et sans projet d'avenir professionnel) les laisser pour compte qui crèvent en silence et dans l'indifférence générale. Répondre | Répondre avec citation |
tu peux virer par exemple, un employé du service public, qui etait payé avec son ancienneté, 2000€ pour 35 heures / semaine
et le remplacer par 7 exploités, à 5 heures par semaine, pour donc 1000 euros en tout.
donc avoir 14 esclaves, pour le prix d'un mec correctement payé à plein temps.
et ainsi faire baisser les chomeur de catégorie A.
car même si on bosse une seule heure, hop .. on dégage, voir on peut même etre radié tout court si un CDI de 5 heures ou 10 heures. Répondre | Répondre avec citation |