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Travail forcé : c'est au tour de Jean-François Copé…

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Dans un entretien à La Voix du Nord à paraître mardi, le chef du parti présidentiel propose que certains des maléficiaires du RSA travaillent «entre 5 et 10 heures par semaine» au service d'une collectivité, «dans le cadre d'un contrat unique d'insertion». Sans quoi, ils pourraient voir leur misérable allocation diminuer progressivement.

On vous l'avait dit, la Sarkopuce a changé de chien. Lassée du sang des Roms, musulmans et autres «immigrés», afin de varier ses apports nutritionnels d'ici 2012, la voici qui se jette à nouveau sur le dos des plus anémiés : les chômeurs et les pauvres.

Après le conseiller de l'ombre Patrick Buisson, le député Pierre Lang puis le bon soldat Wauquiez, soutenu à deux reprises par Le Figaro, enfin le président du conseil général des Alpes-Maritimes Eric Ciotti qui vient de créer une brigade chargée de lutter contre la fraude au RSA dans sa région, on se demandait quel serait le prochain UMPiste à nous cracher dessus. Il ne s'est pas fait attendre : voici, gorgé de bave, le brave toutou Copé «la voix de son maître» qui, lui aussi en mal de reconnaissance, jaillit de sa niche. Amis chômeurs, d'ici les élections présidentielles, sortez vos parapluies car le concours de salive et autres postillons venimeux ne fait que commencer !

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«Dans le domaine de la justice sociale, il y a besoin d'un correctif au dispositif du RSA, en faisant la part des choses entre des situations différentes», déclare-t-il : on le voit, la «justice sociale» a bon dos quand il s'agit de fustiger les plus pauvres tout en permettant aux plus riches d'échapper à l'impôt. Gageons que la convention UMP du mercredi 8 juin organisée sur ce thème sera tout aussi inopérante qu'un G8.

Ainsi, au nom de cette «justice sociale» totalement dévoyée (à l'image de l'adjectif «populaire» dont s'affuble sans scrupule la frange la plus antisociale de la droite), expose-t-il sa version d'un STO moderne et modulé...

Selon lui, «il y a des gens dont on sait qu'ils sont dans une situation de précarité extrême et de désespérance, qui ont des problèmes de santé, des troubles psychologiques. Ceux-là ont besoin d'un accompagnement et de solidarité». Mais «pour les autres, l'idée est de tout faire pour les aider à retrouver un emploi. Nous voulons leur proposer, dans le cadre d'un contrat unique d'insertion, de travailler entre cinq et dix heures par semaine au service de la collectivité de résidence : la commune, l'intercommunalité, le département ou la région». Le blah-blah ne varie pas : ces heures de travail seraient consacrées à «des activités d'utilité sociale, par exemple l'accompagnement de sorties d'école ou de personnes âgées, des projets environnementaux et civiques. C'est un élément de valorisation et d'insertion pour les personnes, et c'est un premier pas dans le retour vers l'emploi».

Pas de carotte sans bâton : «En cas de refus, il pourrait y avoir une diminution progressive du RSA». En voilà, des «propositions pour une politique sociale plus juste et plus efficace» !

Copé invente l'eau chaude

On remarque que, contrairement à ses prédécesseurs qui souhaitaient que cette main d'œuvre soit «bénévole», le versement du RSA étant la seule contrepartie à leur activité forcée, le secrétaire général de l'UMP évite la planche savonneuse du travail gratuit en évoquant des CUI.

Or, pour fournir les 20 millions d'heures de travail mensuelles qui seront nécessaires à cette opération, compte-t-il les faire jaillir de sous les sabots d'un cheval ? Y aurait-il dans notre pays des quantités impressionnantes de besoins collectifs non satisfaits, et des emplois à pourvoir par centaines de milliers ?

Actuellement, quelque 485.000 allocataires du RSA sont inscrits dans la catégorie A de Pôle Emploi, celle des chômeurs sans activité aucune. Outre créer les postes correspondants, comment M. Copé compte-t-il financer tous ces nouveaux contrats ? Certes, en 2010, le Fonds national des solidarités actives (FNSA) a dégagé un excédent de 999 millions d'euros : un petit milliard qui est bien loin de suffire puisqu'il n'en couvrirait que 200.000 à peine, tout en s'asseyant sur la prime de Noël.

De plus, les allocataires du RSA inscrits à Pôle Emploi ont, comme tous les autres, signé un PPAE avec leur conseiller et sont également sous le coup de la loi sur «l'offre raisonnable d'emploi» qui prévoit des sanctions en cas de refus. Alors ?

Les petits oublis de Jean-François Copé...

Même édulcorée, d'un point de vue légal et moral, cette proposition demeure aussi improbable qu'inepte. Faut-il rappeler à M. Copé que le travail forcé et le chantage au minimum vital sont interdits :

• par les articles 4, 23 et 25 de la Déclaration universelle des Droits de l'homme :
— «Nul ne sera tenu en esclavage ni en servitude.»
— «Toute personne a droit au travail, au libre choix de son travail, à des conditions équitables et satisfaisantes de travail et à la protection contre le chômage. Tous ont droit, sans aucune discrimination, à un salaire égal pour un travail égal. Quiconque travaille a droit à une rémunération équitable et satisfaisante lui assurant ainsi qu'à sa famille une existence conforme à la dignité humaine et complétée, s'il y a lieu, par tous autres moyens de protection sociale.»
— «Toute personne a droit à un niveau de vie suffisant pour assurer sa santé, son bien-être et ceux de sa famille, notamment pour l'alimentation, l'habillement, le logement, les soins médicaux ainsi que pour les services sociaux nécessaires; elle a droit à la sécurité en cas de chômage, de maladie, d'invalidité, de veuvage, de vieillesse ou dans les autres cas de perte de ses moyens de subsistance par suite de circonstances indépendantes de sa volonté.»

• par l'article 1er de la Convention sur l'abolition du travail forcé de 1957 adoptée par les membres de l'OIT, dont la France est signataire :
«Tout Membre de l'Organisation internationale du Travail qui ratifie la présente Convention s'engage à supprimer le travail forcé ou obligatoire et à n'y recourir sous aucune forme :
a/ en tant que mesure de coercition ou d'éducation politique ou en tant que sanction à l'égard de personnes qui ont ou expriment certaines opinions politiques ou manifestent leur opposition idéologique à l'ordre politique, social ou économique établi;
b/ en tant que méthode de mobilisation et d'utilisation de la main-d'oeuvre à des fins de développement économique;
c/ en tant que mesure de discipline du travail;
d/ en tant que punition pour avoir participé à des grèves;
e/ en tant que mesure de discrimination raciale, sociale, nationale ou religieuse.»
Comme le souligne la FNARS dans son communiqué (lire en commentaire), l'OIT considère que la «participation obligatoire à des travaux publics» s'apparente à du travail forcé et juge qu'«une relation de travail devrait être librement consentie et exempte de menaces».

Faut-il aussi rappeler à M. Copé les principes inscrits dans les articles 5, 10 et surtout 11 du Préambule de notre Constitution : «Tout être humain qui, en raison de son âge, de son état physique ou mental, de la situation économique, se trouve dans l'incapacité de travailler a le droit d'obtenir de la collectivité des moyens convenables d'existence» ? Ainsi, d'un strict point de vue juridique, les allocations familiales, les allocations logement, les allocations chômage et le RSA correspondent aux obligations que se sont donnés les citoyens français en adoptant leur Constitution. Rappelons que ce préambule, issu de la Constitution de 1946, est repris explicitement dans la Constitution de 1958 qui nous régit.

L'agitation pré-électorale de l'UMP autour du RSA est 100% anti-républicaine.

SH

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Mis à jour ( Mercredi, 08 Juin 2011 16:18 )  

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