«Réduire les dépenses», ils n'ont que ça à la bouche alors que nous sommes quasiment au taquet. Nombre d'économistes le martèlent : l'austérité est contre-productive et nous mène tout droit à la récession.
Pourtant, des milliards pour se remettre à flot, il n'y a qu'à se baisser pour les cueillir ! La France est un pays riche. Il y a de la marge, et les bonnes idées ne manquent pas.
Ce ne sont pas 5 milliards, mais dix fois plus que l'on peut dégager de suite. Ce n'est pas nous qui l'inventons mais l'Inspection Générale des Finances qui, fin août et à la demande de François Fillon, a rendu un rapport évaluant l'efficacité de certaines niches accordées par l'Etat. Son verdict est accablant, la moitié de ces dispendieux cadeaux, qui bénéficient essentiellement aux plus aisés, étant offerts en pure perte. Une véritable gabegie !
A noter que, depuis que les niches prolifèrent, jamais personne n'avait demandé à en faire évaluer la portée. L'initiative de François Fillon est donc louable : autant faut-il que ce rapport titanesque serve par la suite ! Or, on sait déjà que les recommandations de la Cour des Comptes sont rarement suivies. Partout, les rapports se succèdent, s'entassent et finissent dans les tiroirs. Il est paradoxal, pour ne pas dire scandaleux, que la France possède des organismes de contrôle qui fournissent des milliers d'heures de travail pour rien, les gouvernements successifs restant sourds aux mesures de bon sens ainsi préconisées.
52,5 milliards à récupérer
A noter que l'IGF n'a examiné que 70% des niches existantes… Son rapport de 6.000 pages ne décortique que 339 des 470 niches fiscales (exonérations d'impôt) et 46 des 68 niches sociales (allègements de cotisations) du moment :
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Selon l'IGF, 19% des niches fiscales (pour un coût de 11,7 milliards) et 9% des niches sociales (pour un montant 3,3 milliards) sont estimées "inefficaces". De la même manière, 47% des niches fiscales (pour un montant de 28 milliards) et 27% des niches sociales (pour un manque à gagner de 9,5 milliards) sont estimées "peu efficientes". Soit une facture totale de 52,5 milliards d'euros pour des dispositifs dont la totale utilité n'est pas prouvée => Lire en détail ici.
Les gardiens des niches ne craignent pas le ridicule
Mais que fait Bercy ? Sachant que les prévisions de croissance sont revues à la baisse et que 0,1 point de croissance = 1 milliard d'euros de manque à gagner, pour ne gratter que quelques millions, on a vu l'UMP s'écharper autour d'une taxe sur les parcs à thèmes ou les nuitées des hôtels «5 étoiles» et instaurer une taxe purement cosmétique sur les hauts revenus. Côté milliards, l'UMP a doublé sa taxe sur les mutuelles qui, bien que disposant de coquettes réserves financières, vont la répercuter sur leurs assurés alors qu'environ 5 millions de Français n'ont pas les moyens de s'offrir une complémentaire santé.
Maintenant, le gouvernement tergiverse sur une taxation des boissons light ou "énergétiques", et souhaiterait que les cigarettiers mettent la main à la poche (ce qui aura pour conséquence, à l'instar des mutuelles, d'en faire payer le prix par les fumeurs).
En clair, quitte à se lancer dans des usines à gaz, Bercy souhaite «boucler le budget» a minima en fâchant le moins possible son électorat à la veille des présidentielles. Et pour que le bon peuple s'y soumette, la menace d'une baisse du triple A de la France tombe à pic.
Pourtant, nous n'avons pas à trembler devant Moody's
Comme nous l'avons dit par ailleurs, entre 1981 et 2011, la dette publique de la France est passée de 21% à 85% du PIB (selon la doxa en vigueur et son étrange mode de calcul…) et les trois quarts de cette hausse vertigineuse sont imputables à des gouvernances de droite, Balladur et Sarkozy en tête, à grands coups de cadeaux fiscaux accordés aux plus riches et au grand patronat.
Selon l'économiste Christian Chavagneux, la décision de Moody's n'est ni crédible, ni cohérente. De même, en matière de déficit, la France dispose d'importantes marges de manœuvre comme l'IGF l'a prouvé, sachant qu'il reste encore 30% de niches fiscales et sociales à explorer. Et s'il le faut, une réforme fiscale ambitieuse rétablissant la progressivité de l'impôt et obligeant enfin ceux qui y échappent pourrait couronner le tout.
Non, la France n'est pas en faillite. Ce sont nos dirigeants qui, par leur aveuglement clientéliste, nous y mettent.
SH
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Les Français ne travaillent pas «pour l’État» du 1er janvier au 1er juillet
En déclarant, lors de son intervention télévisée du 27 octobre, que «les Français travaillent pour l’État du 1er janvier au 1er juillet», Nicolas Sarkozy a repris une idée reçue véhiculée par de nombreux courants d'inspiration poujadistes qui suggèrent que les dépenses publiques, financées notamment par les impôts et les cotisations sociales, disparaissent dans un trou noir et sont par nature économiquement inefficaces.
Ce faisant, il commet une double erreur :
• Tous les «prélèvements publics» (impôts, cotisations sociales) ne vont pas à l’État. Les prélèvements obligatoires représentent près de 42% du produit intérieur brut, parmi lesquels 15% vont à l’État, 6% aux collectivités locales et 21% à la sécurité sociale.
• En outre, ces prélèvements ne disparaissent pas dans un trou noir : ils sont réinjectés dans l'économie sous forme de pensions de retraites, remboursements de dépenses de santé, indemnisations chômage (cette redistribution sociale représente 30% du revenu des ménages), services publics gratuits (écoles…), dépenses d’investissemen t (réseaux de transport…), subventions et aides… De fait, les Français travaillent pour la collectivité, donc pour eux.
La France n'est pas le pays européen qui a «les impôts les plus élevés»
Toutes les données statistiques officielles le démontrent : la France n'est pas le pays européen qui a les «prélèvements obligatoires» les plus élevés en Europe. Le taux de «prélèvements obligatoires» rapportés au PIB s'élevait ainsi à 41,6% en France derrière la Suède (46,9%), le Danemark (48,1%), la Belgique (43,5%), l’Italie (43,1%), la Finlande (43,1%) et l'Autriche (42,7%).
De fait, la France n'est donc pas «première». Pour une comparaison complète et fidèle à la réalité, il faudrait en outre comparer les contreparties, qui jouent un rôle positif sur le plan économique et social : les prélèvements financent en effet les services publics, la protection sociale, les aides publiques… Or, comparer les seuls taux de prélèvements n'enseigne pas grand chose. Là où les prélèvements «publics» sont élevés, les contreparties sont importantes et là où ils sont faibles, les contreparties sont faibles, mais il faut alors subir des prélèvements privés (assurances, fonds de pension) pour bénéficier de la même couverture que dans les pays à «prélèvements obligatoires publics» élevés.
Les personnes les plus aisées n'ont pas le niveau d'imposition le plus élevé d'Europe
Seuls les impôts progressifs mettent en théorie davantage à contribution les plus aisés. Pour la France, il s'agit de l'impôt sur le revenu et de l'impôt de solidarité sur la fortune. Or, en France, l'impôt sur le revenu est le plus faible d'Europe. Et même si l'on prend le total de l'impôt sur le revenu et de la contribution sociale généralisée, le niveau de l'imposition des revenus ne représente que 7,3% du PIB en France contre 26,5% au Danemark, 13,5% en Suède, 10,4% au Royaume-Uni ou encore 9,3% en Allemagne.
En outre, le taux le plus élevé du barème de l'impôt sur le revenu est également plus élevé dans de nombreux pays : il est de 41% en France contre 45% en Allemagne et 50% en Grande Bretagne par exemple… Enfin, le taux moyen d'imposition des plus riches en matière d'impôt sur le revenu est relativement faible en France (grâce aux nombreuses niches fiscales notamment) : il se situe, selon le Conseil des prélèvements obligatoires, entre 15 et 20% pour le 1% de la population la plus aisée…
Dans un tel contexte, l'ISF apparaît comme un impôt au rendement faible qui n'arrive pas à compenser le caractère peu redistributif du système fiscal français, et ce d’autant plus que, comme l'impôt sur le revenu, il est truffé de niches fiscales (dont le coût, avant réforme, représentaient plus de 40% du rendement). En France, contrairement à une idée reçue répandue, les plus aisés ne sont pas fiscalement les plus mal lotis…
www.marianne2.fr/Fiscalite-les-idees-fausses-du-President-de-la-Republique_a211989.html Répondre | Répondre avec citation |