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Et les RSAstes ?
On sait qu'à fin décembre, Pôle Emploi comptait 694.800 inscrits percevant le Revenu de solidarité active. Mais, sur un total de 1,55 million d'allocataires du RSA "socle" ou "socle+activité", il en reste environ 860.000 qui sont suivis par des référents RSA désignés par les Conseils généraux : n'étant pas inscrits à Pôle Emploi, ils ne sont pas comptabilisés.
Certes, on pourrait contester le niveau d’"aptitude à l'emploi" de la plupart, certains ayant de lourds problèmes de santé, de logement, de famille… mais cela n'a pas semblé déranger le gouvernement qui a créé à leur intention des mini-contrats visant à favoriser leur «réapprentissage de la vie»... La majorité des allocataires du RSA qui bénéficient d'un accompagnement social plutôt que professionnel entrent dans la définition du "halo" du chômage [1] : inactifs de 15 à 64 ans qui souhaitent travailler mais ne sont pas comptés comme chômeurs au sens du BIT [2], soit parce qu'ils ne sont pas disponibles rapidement pour travailler, soit parce qu'ils ne recherchent pas d'emploi.
Les sans droits
Inscrits nulle part non plus mais en recherche active de travail, signalons une nébuleuse de chômeurs arrivés en fin de droits qui, n'ayant accès à aucun revenu de remplacement — ASS, RSA… — parce que leur conjoint(e) travaille et "gagne trop", ne voient pas l'intérêt de continuer à pointer, subir un accompagnement inefficace et faire partie d'une liste. Ces chômeurs au sens du BIT, dont on ne connaît pas le nombre exact, sont obligé(e)s de vivre aux crochets de leur époux/se.
Les chômeurs en fin de droits étaient 850.000 en 2009 et 1 million en 2010. Le gouvernement, alors en train de concocter son "plan rebond" foireux, estima à 325.000 le nombre de ceux qui n'auraient droit à rien.
Il y a aussi les moins de 25 ans, suivis ou non par les missions locales.
Les handicapés
Il y a aussi le cas des bénéficiaires de l'AAH, l'allocation adulte handicapé — près de 900.000, selon les derniers chiffres de la Dares — dont une grande partie est suffisamment valide [3] pour prétendre à l'emploi et, d'ailleurs, extrêmement désireuse de travailler (les salons de l'emploi réservés aux handicapés sont toujours pleins à craquer). Certains réussissent parfois à décrocher un petit job, cumulant leur AAH avec un revenu d'activité. Mais le taux de chômage de ces personnes, particulièrement discriminées à l'embauche, demeure le double de la moyenne nationale : il est régulièrement évoqué dans la presse.
Les bénéficiaires de l'AAH, comme les allocataires du RSA, sont payés par la CAF. Suivis par diverses associations spécialisées, ils ne sont pas comptabilisés dans les chiffres officiels.
Et le chômage partiel ?
Il a eu ses heures de gloire au début de la crise, entre octobre 2008 et septembre 2009. De 12.300 salariés par mois en moyenne entre janvier 2007 et septembre 2008, ils étaient 103.000 au dernier trimestre 2008, 220.000 au 1er trimestre 2009, pour atteindre un pic à 270.000 personnes au 2e trimestre 2009. Le nombre de salariés en chômage partiel est ensuite redescendu à 78.000 fin 2010.
La crise ayant entamé sa deuxième phase de dévastation et la réactivation des dispositifs de chômage partiel faisant l'unanimité, il est à attendre une nouvelle poussée de ce côté-ci du chômage caché.
SH
[1] La dernière étude de l'Insee sur le "halo" du chômage date de 2009 et portait sur l'année 2007. Elle chiffrait alors à 770.000 le nombre d'actifs le composant.
[2] Définition de l'Insee : «En application de la définition internationale adoptée en 1982 par le Bureau international du travail (BIT), un chômeur est une personne en âge de travailler — 15 ans ou plus — qui répond simultanément à trois conditions : être sans emploi, c'est à dire ne pas avoir travaillé, ne serait-ce qu'une heure, durant une semaine de référence; être disponible pour prendre un emploi dans les 15 jours; avoir cherché activement un emploi dans le mois précédent ou en avoir trouvé un qui commence dans moins de trois mois. Un chômeur au sens du BIT n'est donc pas forcément inscrit à Pôle Emploi, et inversement.
[3] Au Royaume-Uni, où il est plus facile de décrocher le statut d'invalide, il y a environ 2,5 millions de personnes qui échappent ainsi aux statistiques officielles...
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Commentaires
Déjà un foyer, comporte parfois + d'un demandeur d'emploi dans l'absolu (mais même sans prendre en compte ce paramètre) :
Parmis ces 2,02 millions de foyers, seuls donc comme tu le dis 694800 personnes sont inscrits à Pôle emploi, toutes catégories confondues (ABCDE), donc RSA activité et socle confondu.
2 020 000 - 694 800 = 1 325 200 foyers RSAstes Hors Statistiques.
à la rigueur t'otes les 469 000 rsa activité pur, - les 122 300 de pôle emploi dans même cas, soit 346 700, on arrive toujours à 1 000 000 de Rsastes invisibles.
surtout qu'une fois de +, un foyer RSaste = potenciellement + d'un demandeur d'emploi non précaire, pérenne.
t'as des familles avec de jeunes adultes de moins de 25 ans à charge. Répondre | Répondre avec citation |
les chiffres sont quasi introuvables, mais beaucoup de personnes sont sous pension d'invalidité, versée par la sécu, et également en recherche d'un emploi, et également complètement hors statistiques, je pense que ça doit représenter plusieurs centaines de milliers de personnes encore.
j'ai une copine touchée par la sclérose en plaque, là elle pourrait pu bosser, mais avant elle le souhaitait encore, et elle a jamais connu pôle emploi de sa vie, toujours été hors statistiques. Répondre | Répondre avec citation |
sont + souvent suivis par des missions locales, et sont surement pas tous inscrits chez pôpole … hors statistiques aussi.
t'as aussi des étudiants, qui sont sur le marché de l'emploi, à chercher des boulots pour bouffer .. en concurrence avec les autres demandeurs d'emploi, eux aussi sont hors statistiques.
d'ailleurs pourquoi les chiffres du chômage, pendant l'été, ne bougent pas vraiment, car les remplacements de personnes en congés sont souvent exécutés par des étudiants.
qui ne sont pas passés du tout par pôle emploi.
soit intérimaires, soit "pistonnés" ..
sans parler evidemment des stagiaires étudiants .. pas nécessairement payés, en grande distribution, je bossais souvent avec eux. Répondre | Répondre avec citation |
là encore hors statistiques ..
combien dans la réalité, recherchent un emploi ?
combien sont auto-entrepreneurs de facade, histoire qu'on leur casse pas les pieds à pôle emploi, et qui ne gagnent rien ou quasi rien … un petit site de vente en ligne, noyé dans la masse … des prospectus dans les boites à lettre, pour toiletter votre toutou, ou faire de la couture à domicile etc etc .. bref combien de galériens, dans tout ça ?? ..
trop en tout les cas, et pleins hors statistiques .. qui rêveraient pourtant d'un emploi pérenne, là aussi, pour faire leur vie. Répondre | Répondre avec citation |
Je cherche plus de travail ! J'en ai toujours trouvé beaucoup trop et il m'a jamais rendu riche, maintenant je cherche juste à faire des sous.
Quand t'as du boulot et pas de thunes on te méprise, quand t'es plein de fric on t'invite à causer à la télé. Répondre | Répondre avec citation |
Quand on est des variables d'ajustement, les stats et les dénombrement marchent beaucoup moins bien que lorsque l'on est des sujets politiques, inconnus (pas juste des "demandeurs d'emploi"), "miraculeux, comme disait Bourdieu en 1997/98.
C'est pour ça que maintenant tout de suite, on doit ce que l'on peut pour faire du 14 février prochain un succès qui impose la question de nos besoins sur l'agenda politique :
www.cip-idf.org/article.php3?id_article=6013
C'est commencé, de suite, Le facteur chômeurs précaires sonnera au moins trois fois. Embarquez dès maintenant, prévenez vos potes, redécorons les Pipol'emploio, occupons. Répondre | Répondre avec citation |