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Accueil Social, économie et politique «Il n'y a rien de pire que de gâcher une bonne crise»

«Il n'y a rien de pire que de gâcher une bonne crise»

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C'est ce qu'a déclaré le patron d'Airbus, le très cynique Thomas Enders, au Forum économique mondial de Davos.

Selon les envoyés spéciaux des Echos, malgré l'état actuel du monde, ses 200 millions de chômeurs et ses «troubles sociaux», il y régnait une atmosphère de confiance...

Pour Thomas Enders, président exécutif d'Airbus et membre du groupe Bilderberg, l'Europe ne mène pas assez de réformes, notamment en ce qui concerne le marché du travail. Or c'est le moment ou jamais d'agir : «Il n'y a rien de pire que de gâcher une bonne crise», a-t-il lâché à son auditoire.

Milton Friedman l'aurait approuvé, lui qui avait si bien compris l'utilité des crises pour imposer, de gré ou de force, les potions ultralibérales les plus amères aux populations. «Seule une crise, réelle ou supposée, produit un vrai changement. Lorsqu'elle se produit, les mesures prises dépendent des idées alors en vigueur», disait-il. Et face à cette nouvelle crise dont l'ultralibéralisme est l'unique responsable, la doxa en vigueur consiste à réduire sans relâche le coût du travail (en Grèce, il a déjà baissé en moyenne de 14% depuis deux ans) afin de laminer la protection sociale (chômage, retraite…), flexibiliser l'emploi au maximum (la Cour européenne de justice vient d'autoriser le renouvellement illimité du CDD) et détruire au maximum les garanties offertes par le Code du travail (comme nos "accords-compétitivité-emploi" en préparation). Quitte à nous conduire droit dans le mur.

Thomas Enders, patron licencieur et boursicoteur

Rappelons que ce capitaine d'industrie était fortement impliqué dans l'affaire EADS — où 10.000 emplois ont été sacrifiés grâce à l'incompétence de leurs dirigeants — et le scandaleux délit d'initié qui en a jailli (Noël Forgeard, ancien co-président d'EADS, Thomas Enders, ex-coprésident exécutif d'EADS, Gustav Humbert, ex-président d'Airbus, Jean-Paul Gut, ex-directeur commercial d'EADS, Hans-Peter Ring, directeur financier d'EADS, François Auque, PDG d'EADS Space… ont notamment été soupçonnés d'avoir vendu massivement, de fin 2005 à début 2006, des actions du groupe avant que leur cours ne s'écroule en juin 2006). Il s'était alors plaint d'avoir été «traité comme un criminel» et «stigmatisé»… le pauvre !

Mine de rien, selon le rapport de l'Autorité des marchés financiers, Thomas Enders avait bel et bien vendu 50.000 actions en novembre 2005 qui lui ont rapporté environ 711.000 euros. Pourtant, il n'avait pas de problème de salaire : en 2006, sa rémunération brute totale dépassait 1,7 million d'euros. Alors que Noël Forgeard ou le directeur commercial d'Airbus, l'Américain John Leahy, ont été mis en examen, notre «Major Tom», ancien officier parachutiste, s'en est bien tiré, l'AMF l'ayant simplement placé sous statut de témoin assisté.

L'affaire oubliée, on voit que l'homme a repris du poil de la bête. Cet «Allemand à la poigne de fer» va succéder à Louis Gallois au poste de président exécutif du groupe tandis qu'un certain Jean-Claude Trichet, 68 ans et toujours pas à la retraite, fait son entrée au conseil d'EADS en tant qu'administrateur de la maison mère d'Airbus : un job lucratif et pas trop fatiguant. La nomination de l'ex gouverneur de la BCE, paléo-libéral obsédé par l'inflation, est un «élément-clé de la relation franco-allemande», nous dit-on. Entre «maîtres du monde» et champions du cynisme, on se comprend.

SH

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Mis à jour ( Dimanche, 05 Février 2012 17:25 )  

Commentaires 

 
0 # tristesir 2012-02-02 18:12 Il faudrait aller à Davos pour savoir comment tout ce petit cercle des maîtres du monde se propose de nous manger…

Citer:
Doux sourire et longue barbe, Juan Somavia, directeur général de l'Organisation internationale du travail, rappelle les chiffres : «Il y a aujourd'hui 200 millions de chômeurs. Et comme le nombre d'actifs va croître de 400 millions dans la décennie à venir, il faudra créer 600 millions de postes.» L'emploi industriel ne reviendra pas en masse dans les pays développés. Les services vont devoir embaucher. S'il y aura des emplois hautement qualifiés dans le lot, ils ne feront pas la majorité. Les autres seront dans les services à la personne et d'autres professions mal payées. Et ils risquent de ne pas être assez nombreux.
Issu du même article des Echos.

Pour les malcomprenants, ce qui va manquer ce ne sont pas les bras mais les emplois rémunérés correctement. On le constate déjà et le problème risque de s'amplifier. La chasse aux chômeurs va s'intensifier dans les prochaines années, le STO va se développer. A quand le rétablissement du servage?
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0 # Erchinoald 2012-02-02 19:38 C'est ni plus ni moins la stratégie du choc de Naomi Klein. Répondre | Répondre avec citation |
 
 
0 # Trinita 2012-02-02 23:52 Exactement… Je suis en train de le lire, et à plusieurs reprises, en voyant ce qui a été fait dans tel ou tel pays par ces gens, je m'suis dit "mais, c'est ce qu'ils nous font ?!" Répondre | Répondre avec citation |
 
 
0 # tristesir 2012-02-05 21:22 Les victimes invisibles de la guerre que nous mène les très riches:

www.romandie.com/news/n/_France_deux_SDF_retrouves_morts_de_froid_depuis_samedi050220121202.asp

Leur crise tue !
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