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Microcrédit : il n'y a pas que l'ADIE

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C'est la semaine du microcrédit, un marronnier qui fait de la pub pour l'ADIE alors que le Crédit municipal — dont on ne parle jamais — propose des prêts sociaux à des taux très inférieurs.

Petites gens, endettez-vous ! Vous êtes tous des entrepreneurs en puissance. Le microcrédit, c'est "le capitalisme pour tous" !

Remède au chômage et à l'assistanat, le microcrédit a désormais droit à sa semaine en France, qui ouvre cette année sa 8e édition sous le parrainage de l'ADIE (Association pour le droit à l'initiative économique), considérée comme pionnière en Europe et devenue incontournable. Une institution charitable — à l'image de sa fondatrice Maria Nowak — qui aide les exclus du marché du travail et du système bancaire à créer leur entreprise en empruntant des petites sommes à des taux relativement élevés (officiellement à 9,71% mais, en réalité, plutôt à 15%)...

L'ADIE se justifie : «Ce taux d'intérêt, similaire à celui pratiqué par les banques, permet de rembourser les prêts [que nous souscrivons nous-mêmes] pour financer les micro-entrepreneurs. Ce qui nous différencie par rapport aux banques, ce n'est pas notre taux d'intérêt mais le fait que nous finançons des personnes auxquelles les banques refusent d'accorder un prêt». (Un peu comme les Etats qui, faute de pouvoir emprunter auprès d'une banque centrale à des taux proches de zéro, doivent se tourner vers les marchés financiers qu'ils remboursent à des taux colossaux.)

Pourtant, les trois quarts du budget de l'ADIE, association reconnue d'utilité publique, «sont financés par les pouvoirs publics : Etat, collectivités, etc. Le quart restant par les banques auprès desquelles nous empruntons, par des grandes entreprises et par les revenus issus des prêts que nous accordons nous-mêmes», confie à L'Expansion son directeur général.

L'ADIE estime qu'en proportion des sommes prêtées et du service rendu — accès au crédit, conseil et accompagnement… —, le montant des intérêts reste dérisoire : Maria Nowak répète à l'envi qu'il tourne autour de 20 € par mois. «D'autres associations prêtent à des taux plus faibles, ajoute l'ADIE, mais il s'agit en général de prêts complémentaires à des prêts bancaires.» En effet, le microcrédit social, par exemple, s'appuie sur la collaboration entre des organismes sociaux (tels que UNAF, la Croix Rouge ou le Secours Catholique) et des banques. Plus difficile d'accès du fait de la réticence de ces dernières, ses taux pour l'emprunteur varient… de 1% à 5% seulement.

Sachez pourtant que les crédits municipaux des grandes villes de France (Dijon, Bordeaux, Nantes, Toulouse, Nîmes, Nice, Toulon, Lyon, Strasbourg, Nancy, Reims, Lille, Rouen…) proposent des prêts et mini-prêts sociaux à des taux tout aussi raisonnables. Pourquoi ? Parce qu'ils travaillent en partenariat avec des banques qui leur prêtent à un taux minimal. À Paris, plus connu sous le nom de Mont de piété ou «clou» ou «ma tante», outre ses fameux prêts sur gage, le Crédit municipal propose aux Franciliens des microcrédits personnels allant de 300 à 3.000 € (jusqu'à 5.000 € pour des cas exceptionnels) à un taux de 4%. Une option qui ne bénéficie malheureusement d'aucune publicité.

Certes, l'activité du Crédit Municipal se limite aux microcrédits "personnels" et non "professionnels" : c'est l'ADIE qui en a l'exclusivité, bien qu'elle joue sur les deux tableaux. Mais dans certains cas liés à une activité professionnelle indépendante (par exemple, acquisition de petit matériel), les micro-prêts sociaux du Crédit municipal font très bien l'affaire.

Enfin, revenons sur les "services" proposés par l'ADIE et la manière dont elle gère le "contrôle du risque" : nous vous invitons à (ré)écouter cet édifiant reportage de Là-bas si j'y suis qui dévoile l'envers du décor...

L'ADIE jouit d'une incroyable notoriété. Outre sa forte médiatisation, elle bénéficie de partenariats avec Pôle Emploi où elle propose aux chômeurs de les aider à financer… un permis de conduire, une formation, un déménagement ou encore l'acquisition ou la réparation d'un véhicule, «pour retrouver une activité ou se maintenir dans un emploi salarié». On est bien dans le microcrédit personnel, octroyable au Crédit municipal à moindre coût.

«Il n'y a pas d'alternative», nous serine-t-on. Or, nous le disons : il n'y a pas que l'ADIE. Renseignez-vous avant de succomber à ses sirènes.

SH

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Mis à jour ( Jeudi, 09 Février 2012 17:12 )  

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