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Emploi, Smic : les propositions ultralibérales de Bruxelles

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Pour lutter contre le chômage et relancer l'activité, la Commission européenne propose, sans surprise, un cocktail de mesures imbuvables.

Mercredi, Bruxelles rendra public un document non contraignant qui recense ses propositions pour relancer l'emploi. Baisse des “charges” salariales, libre circulation de la main-d'œuvre à travers toute l'UE, transformation d'une partie des allocations chômage en aides actives à la création d'emploi et généralisation d'un salaire minimum fixé branche par branche sont au menu. De quoi mettre le feu aux poudres à gauche comme à droite.

Sur fond d'échéances électorales en France et en Grèce, José Manuel Barroso en laissera la présentation au Hongrois Laszlo Andor, commissaire à l'Emploi et aux Affaires sociales. Or, celui-ci marche sur des œufs. Car l'exécutif européen n'a que peu de compétences dans ce domaine sensible réservé largement aux gouvernements nationaux. Mais Bruxelles entend initier un débat au moment où l'Europe est à la recherche de pistes pour soutenir la croissance en berne du continent. «L'idée est de proposer une coordination des politiques de l'emploi un peu sur le modèle de ce qui se passe pour les politiques budgétaires», afin d'encourager les gouvernements nationaux à prendre en compte le marché de l'emploi de l'Union dans son ensemble, et plus seulement dans le cadre de leurs frontières respectives.

A l'instar de Nicolas Sarkozy, Bruxelles s'affiche en faveur d'une baisse des “charges” salariales pesant sur les entreprises. C'est un «instrument privilégié pour renforcer l'offre de travail», précise la dernière version du texte obtenue par Le Figaro. La Commission suggère comme ressources de remplacement la TVA, les impôts «verts» et la taxation foncière.

Une autre proposition phare risque en revanche de susciter de hauts cris, en écho à des controverses anciennes sur le «plombier polonais» et la directive Bolkenstein. Il s'agit de lever les derniers obstacles à un marché unique du travail en Europe, sur le modèle américain : «La mobilité du travail n'est pas suffisante dans l'UE. […] Afin d'exploiter toutes les possibilités, il est crucial d'assurer l'adéquation entre la demande et l'offre» à l'échelon européen, notent les auteurs qui estiment qu'en dépit de la montée du chômage, de nombreux emplois ne sont pas pourvus. Sur ce front, la Commission s'avance sur deux pistes dangereusement minées. La première est la levée des restrictions à l'emploi des Roumains et des Bulgares, programmée par traité au plus tard fin 2013 mais encore refusée par neuf pays rétifs dont la France. La seconde est l'ouverture des emplois publics nationaux à tous les ressortissants de l'UE, sauf exception de souveraineté validée par la justice européenne.

Chiffons rouges

Autre suggestion sensible : la Commission propose de transformer une partie des allocations versées aujourd'hui aux chômeurs en aides actives à la création d'emploi, système à ses yeux plus efficace que «l'assistance». Et d'assouplir des règles archaïques d'indemnisation qui empêchent les chômeurs de chercher du travail dans un autre pays que le leur.

Pour finir, Bruxelles agite un chiffon rouge sous les yeux de la gauche européenne tout entière : celui d'un salaire minimum national «décent» qui pourrait être différencié selon la branche professionnelle. Un moyen, assure-t-elle, de «soutenir l'offre d'emploi». Les auteurs ne précisent pas le modèle. Mais ils assurent que les salaires planchers devraient être discutés «en concertation avec les syndicats et en fonction de l'évolution économique». En France, l'idée a déjà commencé à susciter des protestations. Marine Le Pen a accusé la Commission de vouloir «l'explosion du Smic». «Sous le séduisant prétexte de suggérer des Smic "qui ne soient pas trop bas", elle imagine de créer des Smic à géométrie variable suivant les branches d'activité. Autant dire "plus de Smic du tout", et une législation sociale éclatée organisant la concurrence entre eux de tous les travailleurs», dénonce Jean-Luc Mélenchon qui plaide pour un véritable Smic européen.

Bruxelles s'adresse en particulier à l'Allemagne où les salaires minimum sont jugés trop faibles. La chancelière Angela Merkel, sous pression de l'OIT et de la France en particulier pour encourager des hausses de salaires dans son pays et soutenir ainsi la demande intérieure, n'appréciera pas forcément. «Nous posons la question : lorsqu'un salaire minimum est trop bas, qu'il est gelé depuis trop longtemps, cela ne constitue-t-il pas un frein à l'embauche des travailleurs non qualifiés» qui sont, du coup, faiblement incités à aller occuper un emploi car la différence entre leurs allocations chômage et le salaire proposé est trop faible ?, interroge-t-elle. Selon un diplomate européen proche du dossier, cela marque une évolution du discours de la Commission. Alors qu'il était surtout libéral jusqu'ici sur ce point en jugeant que les salaires minimums constituaient un frein à l'embauche, «la Commission considère qu'à un niveau approprié ils peuvent être un moyen d'éviter les trappes à pauvreté», dit-il.

L'apport de la Commission n'est qu'un travail prospectif. Il y a peu de chances que cette communication «Vers une croissance riche en emplois» aboutisse en l'état. Mais elle s'annonce assez controversée pour que les vingt-sept commissaires souhaitent la réexaminer une dernière fois, avec le collège au grand complet, mercredi à Strasbourg.

Pour Bruxelles, il est clair que relever le défi du chômage nécessite des solutions hardies. À la traîne des puissances émergentes mais aussi des États-Unis, l'UE a perdu 4,5 millions d'emplois nets depuis 2008. Depuis janvier, une seconde récession en trois ans a fait passer le taux de chômage moyen au-dessus de 10%. Et relancé du même coup un débat sur la croissance auquel personne n'offre encore de réponse vraiment convaincante.

(Source : Le Figaro)

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Mis à jour ( Mardi, 22 Mai 2012 00:56 )  

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