
Scrutons ces mensonges de plus près.
Coût du travail ? «Nous avons le coût du travail le plus cher en Europe et nous produisons 44% de notre production en France, donc il faut baisser les charges qui pèsent sur le travail de manière massive», a déclaré hier sur RTL Philippe Varin, grand patron du constructeur licencieur. C'EST FAUX, lui rétorque Samuel Laurent, l'un des Décodeurs du Monde.fr...
«Lorsque, en 2010, monsieur Philippe Varin avait quadruplé son salaire en le portant à 3,25 millions d'euros, la question du coût du travail le préoccupait moins qu'aujourd'hui», a réagi Bruno Le Roux, député de Seine-Saint-Denis.
Au nom du "coût du travail" — toujours trop élevé pour les salariés, mais jamais assez pour ceux qui les mènent au casse-pipe — qui entraverait notre sacro-sainte "compétitivité", on pratique le chantage à l'emploi et sa précarisation, le dumping social et la course au low-cost dans une course frénétique au nivelage par le bas complètement suicidaire. Parce que ce n'est pas en s'alignant sur l'esclavagisme chinois ou la misère roumaine que nous nous en sortirons mais, au contraire, en misant sur l'innovation et la qualité via des produits et des services à haute valeur ajoutée. Parce qu'au contraire, des salaires décents et une protection sociale forte sont le ciment d'une société stable et harmonieuse dont le monde devrait s'inspirer.
La filière automobile mal en point ? Nous passerons sur les milliards d'argent public engloutis afin de maintenir ce secteur sous perfusion : de la "Jupette" à la "Balladurette" en passant par les primes à la casse, les diverses aides publiques dont les exonérations de TVA puis, très récemment, le cumul simultané de deux dispositifs pourtant antagonistes (aides au chômage partiel financées par l'Etat et l'Unedic + heures supplémentaires défiscalisées). Nous passerons également sur l'hypocrisie — comparable à celle opérée vis-à-vis du tabac — de tenir en vie un secteur ô combien polluant et mortifère, mais tellement lucratif avec ses automobilistes vaches-à-lait, copieusement taxés par l'Etat et sommés de payer encore pour faire tourner artificiellement des secteurs parallèles : radars, gilets jaunes puis éthylotests obligatoires et, bientôt, le contrôle technique annuel...
Selon le journaliste Michel Holtz, chez Peugeot-Citroën, le compte à rebours de la catastrophe industrielle remonte à plus de vingt ans : les mauvais choix stratégiques d'hier ont conduit au désastre d'aujourd'hui.
Et qui paie ces mauvais choix stratégiques élaborés par des cravateux inaptes mais grassement rémunérés ? Les salariés. Et qui paie l'absence totale de stratégie en général, le manque de vision de nos politiques, le court-termisme effréné de nos industriels et de la finance ? La collectivité toute entière, alors qu'il est indispensable d'engager dès à présent une courageuse reconversion écologique de la plupart de nos activités qui sont de plus en plus polluantes, malsaines et dont la valeur sociale est de plus en plus nulle. Oser engager ce virage magistral aujourd'hui serait même une issue salutaire à la crise économique que nous traversons. Mais qui le souhaite ? Scier la branche et obéir à la doxa, c'est tout ce que nos dirigeants savent faire.
La crise, toujours la crise... Mais qui en est à l'origine ? Les subprimes américains, produits d'un système économique totalement asservi au culte du Veau d'or, qui récompense une poignée de nuisibles chargés d'appauvrir des milliards d'innocents. Une finance folle qui, elle, ne manque pas d'imagination et d'innovation pour générer des profits aussi immédiats que dangereusement déconnectés de la réalité, quitte à tout foutre en l'air sans en assumer les conséquences. Des banquiers sans scrupules, incapables de voir ce qu'il se passe dans leurs propres établissements (en France, Daniel Bouton et l'affaire Kerviel) et reconnaissent, de fait, leur grave incompétence, mais qu'on remercie avec des stock-options et de luxueuses retraites-chapeaux tandis que le salarié fautif, lui, est viré sans ménagement, et le voleur de poules aussitôt expédié en prison.
Des politiques complices — toujours les mêmes en place depuis des décennies, accrochés à leurs prébendes —, aveugles et incapables d'agir pour l'intérêt général, qui nous ressortent les mêmes recettes éculées, profitent du système au lieu de le réguler et, parfois, osent même pointer les soi-disant privilèges d'un peuple régulièrement accusé d'irresponsabilité (quand ce n'est pas de fraude) alors qu'ils font partie des 10% les plus riches et, côté abus, malversations ou corruption, ne sont pas en reste...
Enfin des économistes, perroquets d'une idéologie faillie et prédicateurs à la noix, autant de nuls grassement payés dont l'omniprésence dans les médias n'est même pas remise en cause.
Voilà où nous en sommes : menés par des élites incompétentes qui sèment le désastre en toute impunité, toujours en poste ou congédiées avec les honneurs. Et pendant de temps, des millions de salariés doivent se sacrifier pour elles, et des millions de chômeurs ont été déjà sacrifiés à cause d'elles. On se prend à rêver de piques, de fourches et de guillotine.
SH
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Commentaires
Certains prédisent que ces remous sociaux pourraient atteindre une intensité jamais vue depuis longtemps dans le pays.
Je ne sais pas quelle est la moyenne d'âge des salariés de PSA Aulnay, mais pour les plus de 50 ans (mais pas seulement), il va falloir leur répéter 1000 fois le mensonge que leur situation n'est pas désespérée vis à vis de l'emploi après leur licenciement. Répondre | Répondre avec citation |
La peine de mort a été abolie en France… pour les pauvres, les moyens et les riches.
En revanche, la guillotine fiscale et salariale devrait s'abattre sur celles et ceux pour qui 1.000, 2.000 ou 3.000 euros en moins sur une fiche de paie ne changent pas grand-chose, et pour qui 10.000 ou 20.000 euros en plus sur leurs impôts n'entament guère leur pouvoir d'achat.
Je crois avoir, en conclusion de mon article "Chômage, récession, déficits : les riches sont responsables !", résumé un point de vue que nous partageons (le contraire aurait été étonnant) :
"Le dynamisme économique, donc la sauvegarde et la création d’emplois, passent avant tout par une réduction plus que significative des inégalités. On pourra geler les salaires pour rendre la France plus compétitive sur la scène internationale qu’à une seule condition : que les classes aisées s’arrêtent de s’enrichir au-delà de ce que peut supporter notre économie mal en point.
Ce ne sont pas les Smicards, les ouvriers et les employés qui coûtent cher ! Et moins encore les chômeurs…" Répondre | Répondre avec citation |
(…) Depuis peu, PSA ne paie plus d’impôt… N’oubliez pas que la taxe professionnelle a été supprimée sous Sarkozy. Et il ne paie plus d’impôts locaux… Les dirigeants de PSA ne veulent plus rien payer. Aujourd’hui la revendication de Philippe Varin est de ne plus payer de cotisations sociales. Demain, cela sera de ne plus verser de salaire… PSA n’investit pas dans la recherche car c’est le crédit impôt recherche, et donc l’État, qui finance par exemple la recherche sur le moteur hybride. Ces patrons sont des assistés professionnels !
www.politis.fr/PSA-ce-que-les-dirigeants-et-le,19032.html Répondre | Répondre avec citation |
reflets.info/comment-jai-decouvert-que-psa-fabriquait-des-automobiles/
Le groupe PSA songe-t-il à renoncer à ses dernières velléités industrielles pour se concentrer sur ces activités, nettement plus rentables ? Répondre | Répondre avec citation |
Vous constatez mais n’agissez pas, pour info, en Espagne, le peuple à déposé une peinte contre des banquier, et nous ? Répondre | Répondre avec citation |
En Espagne, le peuple a de très bonnes raisons de déposer plainte contre Bankia. Mais en France, pour l'instant, il n'y a aucune raison de le faire contre une banque particulière.
Quand un patron voyou vire ses salariés, pour que la plainte soit recevable, c'est avant tout aux premiers concernés — les salariés — de saisir la justice, mais pas au peuple. Il y a des procédures à respecter. Répondre | Répondre avec citation |
Tout n'est que manipulation, en 20 ans, j'en ai vu pas mal.
Pour Bankia, je mettais juste en avant le fait que les Espagnols bougeaient, je ne faisais aucun parallèle avec Bankia et Peugeot. Répondre | Répondre avec citation |
En tous cas, ce n'est pas du côté des chômeurs que ça explosera : ils sont trop faibles et isolés. Répondre | Répondre avec citation |
Nous avons, je pense, une trop grand partie de la population qui a été bien conditionnée à la soumission librement consentie, autant je suis persuadé qu’individuelle ment et en entreprise, ça ne marche pas vraiment, mais pour une société, c'est redoutable d'efficacité, l'exemple des radars en est un, tout comme depuis 40 ans, l'on ne cesse de préparer notre pays à la délocalisation avec le fameux cout du travail français, j'ai toujours entendu dire que ce qui coutait le plus cher était la main d’œuvre, je serais tenté de dire que ce qui coute le plus cher, c'est l’incompétence et là nous en avons des exemples tout les jours, Peugeot, bientôt Renault.
Pour l'Espagne, il y a une très grande différence de mode de vie qui fait qu'ils échangent plus que nous, ils sont bien moins individualistes . Répondre | Répondre avec citation |
Sauf que la France, contrairement à l'Espagne, dispose encore - plus pour longtemps peut-être - d'une Armada de multinationales très prospères.
La France compte - toujours - au rang des leaders mondiaux dans l'aéronautique, l'aérospatiale, le nucléaire, l'armement, le BTP, l'industrie pharmaceutique, l'automobile (même si ça va mal), l'industrie des pneumatiques, la grande distribution, les équipements électriques, l'agro-alimentaire, l'industrie du luxe, les cosmétiques, les médias et la publicité… J'en passe.
Cependant, au train où sont menées les délocalisations et les fermetures d'usines, tout cela va appartenir au passé. Répondre | Répondre avec citation |
C'est vrai aussi que la France est dominée par le consensus mou (pour ne pas dire décadent) d'une "élite" qui ne se renouvelle pas et se partage, de génération en génération, les leviers du pouvoir économique et politique.
Beaucoup dénoncent cette cooptation qui consiste à se refiler les postes, à truster les centres de décision, à vivre entre soi, sans favoriser le renouvellement.
Il y a belle lurette qu'on ne bat plus les cartes, qu'on ne les redistribue pas et que le jeu s'en trouve faussé.
La partie est truquée. Dès lors, il est fortement improbable de "redresser" (redynamiser) le pays.
La chape est de plomb ! Répondre | Répondre avec citation |
(Désolée pour l'effet "14 juillet")
De toutes façons, je sens que ça va mal finir… Répondre | Répondre avec citation |
«Depuis 15 ans, le groupe Doux a fonctionné sous perfusion d’aides publiques en engrangeant plus d’un milliard d’euros d’aides européennes.»
www.yannickjadot.fr/blog/circonscription-ouest/regionales/doux-le-poulet-engraisse-aux-subventions-a-un-gout-amer
Mais l'Etat vache-à-lait persiste et signe… Le ministre délégué à l'agroalimentaire, Guillaume Garot, estime que l'Etat devrait «mobiliser ses leviers en termes d'accompagnement à l'investissement» (en clair : payer encore !) :
www.lemonde.fr/economie/article/2012/07/13/doux-le-gouvernement-veut-un-vrai-projet-industriel_1733646_3234.html
Voyez comment Charles Doux (encore un sacré coco, celui-là…) a mené nos politiques en bateau :
www.lemonde.fr/economie/article/2012/06/02/la-journee-de-dupes-qui-a-conduit-au-depot-de-bilan-de-doux_1711676_3234.html
Ils n'en ont pas marre d'assister tous ces patrons voyous ?
La famille Doux est la 321e fortune française selon le dernier classement Challenges : la fortune familiale a progressé de 18% entre 2010 et 2011, passant de 280 à 330 millions d’euros. En 2012, il leur reste encore 100 millions. Répondre | Répondre avec citation |
Et documentez-vous sur les LBO, vous verrez le danger que représente ce montage spéculatif. Regardez qui fait parti des fonds d'investissement, comme par exemple Sagard .
Je serai presque tenter de croire à la manipulation de masse. Répondre | Répondre avec citation |
Tu conseilles à SuperUser (Sophie) de lire un article et de regarder des vidéos qu'elle a elle-même mis en ligne ! Gag !
J'imagine qu'elle a pris grand soin - comme à son habitude - de consulter l'article avant de le relayer sur Actuchomage.
Donc, une petite précision ici : SuperUser est la principale animatrice de notre site !
Et SuperUser est aussi la "SH" (Sophie Hancart) qui signe l'article que vous commentez.
CQFD
Yves Répondre | Répondre avec citation |
www.actuchomage.org/2012060221062/La-revue-de-presse/lbo-quand-la-martingale-devient-bombe-a-retardement.html
Encore une immonde saloperie de l'internationale patronale et financière. Répondre | Répondre avec citation |
Et puis, même dans mes rêves, c'est un week-end, parce que je vais à Paris en voiture, alors pour me garer gratos c'est mieux le week-end. Peut-être quand je n'aurai plus de voiture..? Et mon appart'. En tous cas, quand on m'aura chourré mes économies à la banque, là, ça chiera - c'est pas une chanson, ça ? ("Ah, ça chiera, ça chiera !" )… Si j'ai encore de la force . Mais d'autres auront bougé avant moi, et pas comme je voudrais. Et merde. Répondre | Répondre avec citation |
On se prépare au gros coup de froid qui s'annonce, pour l'automne.
Et puis, à Paris, on attend encore l'été… Donc notre horloge est engourdie ! ;-)
Yves - Un animateur du site Répondre | Répondre avec citation |
Oui. Je crois que c'est une mesure du gouvernement pour relancer les filières parapluie et bottes. Répondre | Répondre avec citation |