D'abord, véritable soulagement : le premier ministre a officiellement mis fin à la négociation des «accords compétitivité-emploi» lancée par Nicolas Sarkozy en janvier dernier. On le rappelle, ce projet particulièrement antisocial et scélérat visait à permettre aux entreprises d'adapter le temps de travail et la rémunération de leurs salariés sans avoir à modifier leur contrat. Ce qui induisait plus de sécurité juridique pour les employeurs, mais plus d'insécurité et de flexibilité pour les salariés. En clair, un véritable chantage à l'emploi consistant à travailler moins pour gagner moins, au gré des aléas de la conjoncture... Les négociations entre syndicats et patronat étant restées au point mort puis Sarkozy ayant enfin été viré, nous échappons au pire !
Ensuite, le premier ministre a invité les partenaires sociaux à négocier "avant la fin du 1er trimestre 2013" un accord national interprofessionnel "sur les conditions d'une meilleure sécurisation de l'emploi". De quoi, à notre plus grande joie, irriter Laurence Parisot. Jean-Marc Ayrault a précisé qu'ils devront en priorité travailler à "lutter contre la précarité de l'emploi", souhaitant que le "recours aux CDD, à l'intérim, au temps partiel subi" soit découragé en "agissant sur les cotisations d'assurance chômage".
Voici donc qu'est enfin mise sur la table la nécessité d'une taxation de l'emploi précaire, réclamée de longue date par les syndicats de l'Unedic ! De quoi faire rentrer quelques milliards dans les caisses de l'assurance chômage... En effet, les fins de missions d'intérim et de CDD représentent plus de 30% des entrées à Pôle Emploi… et 63% des allocataires. Rapportant cinq fois moins en cotisations que ce qu'il coûte en indemnisation, l'emploi précaire ruine l'Unedic dont le déficit cumulé devrait atteindre 14 milliards en fin d'année, obligeant celle-ci à emprunter sur les marchés financiers. Sans compter qu'aujourd'hui, 90% des offres encore disponibles sur le marché sont des CDD, des missions d'intérim et des CUI à temps partiel (les chômeurs en savent quelque chose !).
Hélas, alors qu'il y a urgence, cette surcotisation ne verra probablement le jour que fin 2013, moment où sera renégociée la nouvelle convention d'assurance chômage pour une entrée en vigueur début 2014. C'est bien dommage.
A scruter également avec vigilance les réformes structurelles en vue : Smic, retraites et financement de la protection sociale (via une hausse de la CSG et, pourquoi pas, une taxation des machines ?), ainsi que les prochaines mesures sur le chômage partiel ou contre les licenciements boursiers promises en septembre...
SH
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