En voici une synthèse publiée par L'Expansion.
A noter que ce "plan stratégique" est la déclinaison de la Convention tripartie Pôle Emploi/Unedic/Etat dont le SNU avait demandé la renégociation. Cette convention a été signée par une seule organisation syndicale : la CFDT. Le plan stratégique lui, n'a été approuvé par aucune organisation syndicale en interne mais au Conseil d'administration, aucune n'a osé voter contre. A noter l'absence de la CGT à ce Conseil (on ne sait pas si elle avait un motif légitime d'absence).
Est confirmée la création de 2.000 emplois en CDI d'ici la fin de l'année — dont la titularisation de 1.000 CDD — ainsi que le redéploiement de 2.000 "équivalents temps plein" sur des postes au contact avec le public. On voit qu'il s'agit de compenser la saignée opérée l'année dernière par le gouvernement précédent : en effet, en pleine montée du chômage, Pôle Emploi avait vu ses effectifs réduits de 1.800 personnes.
C'est peut-être une bonne nouvelle pour les conseillers et agents, actuellement débordés et au bout du rouleau. Cela reste très insuffisant pour le SNU, premier syndicat de l'opérateur public, qui réclame «5.000 postes en urgence pour un dispositif opérationnel en septembre, puis 1.000 postes par an jusqu'en 2017».
L'accompagnement en temps de crise est un pansement sur une jambe de bois
Que le nombre d'agents soit suffisant et que ceux-ci soient bien formés pour assurer leur mission d'information (droits, accès à la formation…) et d'indemnisation aux chômeurs est certes indispensable. Mais en ce qui concerne l'accompagnement, la question qui se pose est de savoir s'il est vraiment utile d'augmenter à ce point les effectifs de Pôle Emploi dans le contexte archi-dégradé où nous sommes, au vu des dernières prévisions de croissance de l'Insee (0,4% au mieux pour 2012 et entre 1% et 1,3% pour 2013) et de celles de l'Unedic qui ne voit pas le chômage baisser avant 2014.
Car tant qu'il n'y a toujours pas d'emplois dignes de ce nom et en quantité suffisante, l'accompagnement des privés d'emploi ressemble plus que jamais à un pathétique brassage d'air constitué d'orientations, souvent forcées, vers de coûteuses prestations occupationnelles sans lendemain et de pression inutile sur les chômeurs. Donc, plus que jamais, le flicage et les radiations seraient LA solution pour embellir les chiffres. C'est, visiblement, ce à quoi pense Jean Bassères...
Haro sur les jeunes, les seniors et les chômeurs de longue durée !
Objectifs pour 2014, lit-on dans le résumé de L'Expansion :
«La part des inscrits de plus d'un an devra passer sous les 34% (elle était en mai de 38,7%). Celles des jeunes et seniors au chômage de longue durée devront baisser respectivement d'un et deux point par an. Le taux de sortie vers l'emploi durable six mois après toute formation prescrite par Pôle emploi devra gagner 5 points (objectif 53,6%).»
Comment compte-t-il s'y prendre alors que le chômage va progresser jusqu'en 2014 ?
Tout cela sent terriblement mauvais.
Autre point litigieux : Le contrôle des chômeurs par des équipes dédiées
«Des expérimentations avec des équipes dédiées au contrôle de la recherche d'emploi seront lancées en 2013. C'était un souhait des associations de chômeurs.» (???)
Nous avons aussitôt écrit à nos amis du MNCP afin qu'ils nous livrent une explication que nous publierons dès réception en fin d'article. En ce qui concerne AC!, leur avis est on ne peut plus clair : «Le summum sur le contrôle est atteint par une proposition de Jean Bassères qui, seul, fait valider l’expérimentation de la création d’un corps de contrôleurs. Il le dit lui même : “Ils pourront aller jusqu’à contrôler un demandeur d’emploi chez lui et même tracer ses connexions Internet”. Ce qui est totalement illégal. C’est donc bien une volonté répressive qui est organisée par Pôle emploi.»
Voilà où nous en sommes. Jean Bassères, ancien directeur de l'Inspection générale des Finances (qui avait blanchi Eric Woerth dans l'affaire Bettencourt) et nouveau DG aux ordres, va-t-il nous faire regretter Christian Charpy ? Ce serait un comble.
SH
La réponse du MNCP :
Bonsoir Sophie, et merci pour l'info. Il est évident que les organisations de chômeurs n'ont jamais défendu une idée pareille ! Nous demandons au contraire la sortie de la fonction de contrôle de Pôle Emploi (cf nos derniers communiqués). C'est une grossière erreur, comme tu le dis. Nous allons le signaler aux médias qui l'ont fait circuler. À bientôt,
Virginie Gorson-Tanguy pour le Mouvement national des Chômeurs & Précaires
A noter que la même ânerie a aussi été publiée dans Le Parisien, L'Express/L'Entreprise, Ouest-France ou TF1/LCI. L'erreur d'origine provient d'une dépêche Reuters que tous ces journaleux moutonniers ont bêtement reprise.
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