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Accueil Social, économie et politique Unilever, un industriel qui s'adapte à la pauvreté qu'il contribue à générer

Unilever, un industriel qui s'adapte à la pauvreté qu'il contribue à générer

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Un responsable du géant anglo-néerlandais de l'agroalimentaire et des cosmétiques affirme voir la pauvreté revenir en Europe et veut adapter sa stratégie commerciale en conséquence.

«La pauvreté revient en Europe», a déclaré Jan Zijderveld au quotidien allemand Financial Times Deutschland, ajoutant : «Si un Espagnol ne dépense plus en moyenne que 17 euros quand il fait les courses, je ne vais pas lui proposer un paquet de lessive qui coûte la moitié de son budget».

M. Zijderveld, responsable pour l'Europe d'un groupe qui chapeaute un trentaine de marques célèbres comme Dove (savon), Cajoline (adoucissant), Magnum (crème glacée), Knorr (épicerie) ou… les infusions Eléphant (Fralib : 182 emplois menacés), dit vouloir s'inspirer désormais, pour le Vieux continent, des méthodes utilisées par Unilever dans les pays asiatiques en développement, en vendant des produits meilleur marché car en plus petit conditionnement. «En Indonésie, nous vendons des échantillons individuels de shampoing pour 2 à 3 centimes pièce et pourtant, nous gagnons de l'argent», dit-il. Le Financial Times Deutschland rapporte qu'Unilever a, par exemple, commencé à vendre en Espagne de petits paquets de lessive ne permettant de faire que cinq machines : de quoi réjouir les centaines de milliers chômeurs en fin de droits qui touchent l'allocation de base (426 €/mois) et pourront, grâce à Unilever, continuer à laver leur linge...

Et M. Zijderveld de conclure : «Les marchés en Europe sont un peu les Jeux olympiques de la distribution : le plus difficile ! Celui qui s'en sort ici, y arrivera partout»...

Un cynisme inouï !

Deux remarques sur la démarche en elle-même :
1) Des dosages plus petits, ce sont des échantillons, donc des conditionnements multipliés : vous avez dit "développement durable" ? Le surremballage, c'est l'augmentation des déchets. Pas du tout écologique, tout ça !
2) De ce fait, les petits conditionnements sont, proportionnellement, toujours plus chers : au final, ce sont des économies en trompe-l'œil pour le consommateur.

Mais il est vrai que les grands industriels n'en ont rien à fiche de la préservation de notre planète. Et ces chantres de la modération salariale et de la "mondialisation heureuse" n'en ont rien à fiche non plus de l'appauvrissement de leurs consommateurs qui, au final, paient toujours le prix fort de leurs stratégies, qu'elles soient industrielles, commerciales… ou sociales.

Car Unilever, c'est aussi l'affaire Fralib où 182 emplois sont en jeu. Le Pdg d'Unilever, Paul Polman, s'est récemment permis de menacer le gouvernement français alors que, depuis deux ans, les salariés du site de Gémenos, qui fabriquent au nord de Marseille les infusions de l'Eléphant, luttent pour maintenir leur activité et leur gagne-pain, Unilever ayant décidé en septembre 2010 de fermer leur usine pour délocaliser la production en Belgique et en Pologne.

Les politiques complices ?

Une affaire interminable, ponctuée de décisions judiciaires défavorables au licencieur (absence de cause économique sérieuse, propositions de reclassement dérisoires…) et où l'ancien ministre du Travail, Xavier Bertrand, serait mouillé : il serait directement intervenu dans le dossier pour favoriser la mise en place du troisième plan social présenté par Unilever.

Les salariés, qui occupent leur usine sans relâche, travaillent sur un projet de reprise d'activité alternatif sous la forme d'une SCOP, société coopérative et participative. Mais Unilever leur oppose une fin de non-recevoir, refusant, au nom du droit de propriété intellectuelle, de céder la marque Éléphant et de les faire travailler en sous-traitance. Or, sans cette marque très puissante en France, leur activité ne peut tenir la route bien longtemps.

Pour la CGT de Fralib, «Éléphant, c’est une marque française d’infusions créée en Provence il y a 120 ans dont la notoriété a été forgée par plusieurs générations de travailleurs. Par rapport à Lipton, sa marque milliardaire, c’est une goutte d’eau pour Unilever. C’est donc par idéologie capitaliste qu’Unilever refuse de la céder. Il faut maintenant que le gouvernement de gauche ait le courage politique de réquisitionner cette marque qui fait partie de notre patrimoine national». Vendredi, les Fralib doivent rencontrer François Hollande à l'Elysée : nous verrons alors de quel côté ce soi-disant "homme de gauche" va pencher.

La CGT dénonce également les pratiques d'Unilever, «champion du détournement d’impôts. Une structure financière a été créée en Suisse pour éviter de payer des impôts en France (plusieurs dizaines de millions d’euros par an) sur les produits vendus sur le marché français, mais fabriqués en
 Pologne et en Belgique».

Selon les dernières conclusions de l'Inspection du Travail, «la réalité du motif économique, invoqué par l'employeur pour justifier la fermeture du site de Gémenos, n'est pas établie. […] L'usine Fralib dégage, au 31 décembre 2011, un résultat net après impôts de 2.442.751 euros et présente une trésorerie de 13.833.812 euros. […] Si le résultat net est effectivement en baisse par rapport à l'année précédente, il n'en demeure pas moins que l'usine de Gémenos reste excédentaire». Et viable.

Honte à Unilever qui compte fourguer ses échantillons polluants aux chômeurs et aux précaires ! Honte à Unilever qui ne "se prépare" pas au retour de la pauvreté en Europe, mais le prépare activement !

SH


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Mis à jour ( Vendredi, 07 Septembre 2012 02:52 )  

Commentaires 

 
0 # superuser 2012-08-27 17:45 Lettre ouverte à Monsieur Polman, pdg d'Unilever :

www.rougemidi.org/spip.php?article7150

«Et, comme vous n’êtes pas à une contradiction près, vous affirmez que le groupe n’a pas baissé ses investissements en France alors qu’en 10 ans, ce sont plus de 8.000 emplois perdus ! Et sur la lancée vous dites que votre "croissance durable" est moindre en Europe car "les consommateurs ont moins d’argent" et, en même temps, vous prônez la modération salariale : il faudrait savoir ! La crise des débouchés, c’est vous !

Et puis laissez-moi rire quand vous déclamez vos phrases sur l’écologie et sur le "mode de vie durable" quand vos décisions de fermetures, et donc de concentration de production, conduisent des centaines de camions à faire des milliers de kilomètres sur les routes d’Europe et du monde.»
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0 # MartineG 2012-08-27 18:56 «En Europe, les charges sur les salaires sont trop élevées», a dit M. Polman dans son interview au Figaro. Extraits :
«50% de notre chiffre d'affaires sont réalisés dans les pays émergents, où notre croissance est supérieure à 10% pour le sixième semestre consécutif. C'est le résultat du nouveau modèle de croissance durable d'Unilever.»
«Notre défi, c'est l'Europe, où les coûts augmentent et où les consommateurs ont moins d'argent. L'Europe doit s'attaquer au défi de la compétitivité de l'emploi. La pression des charges sur le travail nous fait perdre du terrain en matière de compétitivité par rapport aux fabricants de marques de distributeurs. Si l'Allemagne est désormais plus compétitive au niveau mondial, c'est grâce à la modération des hausses de salaires pendant dix ans.»

www.lefigaro.fr/societes/2012/08/20/20005-20120820ARTFIG00183-fralib-la-colere-du-pdg-d-unilever-contre-la-france.php

A vomir !
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0 # mémé Kamizole 2012-08-29 11:49 Merci pour le titre qui résume parfaitement ce que je compte écrire dans un article en préparation. Le vôtre est placé "en tête de gondole" dans mon fichier de traitement de texte. J'ai passé la journée d'hier et la nuit à pondre sur Unilever, Polson et Xavier Bertrand, leur acolyte au sujet de Fralib. Je ne leur lâcherais pas la grappe de sitôt ! Vous avez raison : plus cynique, tu meurs !

Pour info : le Polson qui la joue si respectueux de l'environnement a délocalisé les usines Amora-Maille (Dijon et Appoigny près de Sens). Les cornichons étaient ceux de la région. Maintenant, ils proviennent de Chine (bonjours la qualité écologique !) et d'Inde.

Il n'y a pas qu'Unilever à s'inquiéter pour son chiffre d'affaires : Leclerc itou : les pauvres choisissent les produits les moins chers… J'en fais partie ! si je ne veux pas crever de faim, hein ?
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0 # superuser 2012-08-29 17:16 L'Humanité dénonce une presse complaisante qui a offert par dizaines des articles de publicité gratuite à Unilever : un réel enfumage faisant passer Unilever pour une entreprise attentive aux pauvres en plein scandale Fralib. La faute à une dépêche AFP et à des journalistes moutonniers :

www.humanite.fr/social-eco/scandale-la-presse-offre-un-coup-de-pub-gratuit-unilever-502896
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0 # superuser 2012-08-31 03:10 Petits conditionnement s : Au secours ! Carrefour, Leclerc et Auchan veulent s'y mettre !

www.latribune.fr/entreprises-finance/services/distribution/20120830trib000716988/le-patron-de-carrefour-agace-par-le-discours-d-un-retour-de-la-pauvrete-en-europe.html

Je vous recommande les commentaires…
Les lecteurs de La Tribune sont nettement moins cons que ceux de L'Expansion.
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+1 # charles hoareau 2012-09-04 04:22 Juste une précision. Ce n'est pas 30 marques mais 400 que chapeaute le groupe qui en avait 1600 et en a fait disparaître les 2/3 en 10 ans. Leur monde idéal c'est d'arriver à une marque unique par produit et d'ailleurs si les salarié-e-s ne s'étaient pas opposés à la fermeturede l'usine de Gémenos, la marque éléphant (qui n'existe qu'en France) aurait disparu au profit de Lipton. L'uniformisation du goût et la disparition des productions régionales c'est aussi cela leur projet. Répondre | Répondre avec citation |
 
 
0 # superuser 2012-12-05 19:20 Nos multinationales du CAC 40, qui appauvrissent les populations d'ici via le dumping social et les populations d'ailleurs en pillant leurs richesses, pratiquant partout l'optimisation/évasion fiscale, ne renoncent pas à faire du beurre sur le dos de leurs victimes…

S'attaquer au potentiel marché de la pauvreté, pas si simple pour les entreprises qui doivent relever au moins cinq grands défis pour parvenir à vendre aux plus démunis :

www.lexpress.fr/emploi-carriere/emploi/bop-les-cinq-challenges-des-entreprises-pour-vendre-aux-pauvres_1192455.html
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