Ce quinzième mois de hausse consécutive bat tous les records : il s'agit de la plus grosse flambée enregistrée depuis avril 2009, année noire par excellence. Le mois d'août promet d'être aussi désastreux et le cap symbolique des 3 millions de chômeurs de catégorie A, d'ores et déjà largement franchi, nous sera «hélas sans surprise» dévoilé le mois prochain.
Les nouveaux chômeurs ne cessent de s'additionner aux anciens. «Remonter la pente sera difficile», a prévenu notre premier ministre Jean-Marc Ayrault. En cette heure plus que grave, même s'il n'y a pas de quoi se rassurer, nous préférons les truismes du PS à la méthode Coué de l'UMP. Mais l'indolence du PS agacerait 72% des Français, selon un récent sondage CSA. S'ils jugent que le nouveau gouvernement n'est «pas suffisamment actif» face à la crise et la hausse du chômage, nous ne souhaitons pas que celui-ci confonde à son tour lutte contre le chômage et lutte contre les chômeurs — cette seconde option, véritable solution de facilité, ayant été cyniquement et avec zèle appliquée par la droite, comme si les privés d'emploi étaient les responsables des destructions d'emploi et de l'aggravation de la pauvreté.
Et nous avons une pensée émue pour les agents Pôle Emploi qui, face à ce nouveau raz-de-marée, auront toutes les peines du monde à accomplir leurs missions, de la plus essentielle (l'indemnisation) à la plus désespérée (l'accompagnement). Même chose pour les employés des CAF, de la Sécu et des services sociaux. Le problème, c'est que le sous-effectif chronique et l'impuissance forment un bien mauvais cocktail, non seulement pour ces salariés mais surtout pour les hordes de miséreux qu'ils doivent accueillir dans des conditions de plus en plus déplorables.
Nous avons donc une pensée encore plus émue pour les 1.400 chômeurs quotidiens qui s'inscrivent en ce moment et découvrent l'univers de Pôle Emploi ou de la CAF, de plus en plus glauque, éprouvant la souffrance d'être une victime sacrificielle au sein d'une société qui croit toujours mordicus au mensonge de la «valeur travail» (heureusement que, dans l'indifférence générale, une entreprise comme Unilever s'intéresse à eux).
Sur ce, voici notre décryptage mensuel de la dernière note de la Dares/Pôle Emploi...
Catégorie A (chômeurs officiels, sans activité aucune) : +41.300
Ils sont désormais 2.987.100 en métropole, 3.232.800 avec les DOM (+44.000).
Progression annuelle : +8,5% en métropole, +8,2% en France
Du côté des chômeurs qui restent inscrits tout en exerçant des petits boulots, faute d'emplois véritables, on note que l'activité précaire et surtout très précaire, certainement imputable à la saison, se porte bien :
Catégorie B (chômeurs en activité réduite inférieure à 78h/mois) : +9.200
Ils sont 600.100 en France métropolitaine.
Progression annuelle : +8,8%
Catégorie C (chômeurs en activité réduite supérieure à 78h/mois) : +7.800
Ils sont 866.600 en France métropolitaine.
Progression annuelle : +4,9%
Au total, le nombre des inscrits en catégories ABC — c'est-à-dire l'ensemble des demandeurs d'emploi «tenus d'accomplir des actes positifs de recherche» — a crû de 58.500 en métropole (contre +48.400 le mois dernier).
Ils sont désormais 4.453.800 en France métropolitaine, et 4.733.000 avec les DOM (+62.100 !).
La hausse annuelle s'élève à 7,8%.
Passons maintenant aux voies de garage...
On note un recul constant des effectifs, les prestations occupationnelles et les contrats aidés ne faisant visiblement plus recette :
Catégorie D (chômeurs non disponibles car en arrêt maladie ou en maternité, en stage, formation ou convention de reclassement) : -7.300
Ils sont 235.000 en France métropolitaine.
Variation annuelle : +3,3%
Catégorie E (chômeurs non disponibles car en contrat aidé) : -1.800
Toujours en France métropolitaine, ils sont 362.000 ainsi occupés.
Variation annuelle : +4,2%
Au total, fin juillet 2012, toutes catégories confondues (ABCDE), le nombre de chômeurs inscrits à Pôle Emploi en métropole s'élève à 5.050.800 (+49.200 personnes sur un mois et +7,4% sur un an). Avec les DOM, on arrive à 5.352.800, soit 52.700 personnes en plus par rapport à juin.
A ces 5.352.800 inscrits, il convient d'ajouter les 114.500 "seniors" indemnisés de métropole (chiffre non précisé pour les DOM) bénéficiant toujours de feu la dispense de recherche d'emploi, non catégorisés.
Ainsi, on dépasse 5,46 millions.
Dans le détail...
L'ancienneté moyenne des inscrits des catégories ABC de métropole se stabilise dans son triste record à 467 jours (contre 453 il y a un an), soit plus de 15 mois. Etrangement, la moyenne d'inscription des sortants baisse à 246 jours (257 le mois dernier, 250 il y a un an).
A noter que la durée moyenne d'inscription des sortants en ABC est stable à 143 jours pour les moins de 25 ans, tandis qu'elle s'élève à 408 jours pour les plus de 50 ans (+10 jours sur un an).
Du côté des chômeurs de longue durée, ils sont désormais 1.708.400 rien que dans les catégories ABC de métropole (+23.800 en un mois !), 1.849.800 avec les DOM (+25.000 !), auxquels on peut rajouter les 362.000 chômeurs de catégorie E et les 114.500 seniors en DRE. Ainsi le volume des "DELD" — comme on les appelle — dépasse 42% de l'ensemble des inscrits à Pôle Emploi.
En glissement annuel, le volume des inscrits depuis plus d'un an a augmenté de 8,7%. Celui des inscrits depuis plus de 3 ans — enkystés dans la crise depuis 2009 — a progressé de 21,8%.
Parmi eux, toutes catégories confondues, 724.300 perçoivent le RSA (+10,5% sur un an) et 346.400 perçoivent l'ASS (chiffres Unedic d'avril, +4,7% sur un an). Ces personnes survivent donc avec moins de 16 € par jour.
Du côté des seniors, les inscriptions de chômeurs de plus de 50 ans dans les catégories ABC de métropole se poursuivent : +16.900 par rapport à juin.
Ils sont 932.300 dont plus de la moitié (484.800) sont des femmes.
Progression annuelle : +15,3% (et +16,3% pour les seniors de catégorie A, sans aucune activité).
En comparaison, les moins de 25 ans sont 671.200 (+6,7% sur l'année).
Du côté des sorties, on note un léger recul des «cessations d'inscriptions pour défaut d'actualisation» : -900 pour un total de 200.700. Même chose avec les radiations administratives (-1.600 pour un total de 41.500) et les «autres cas» (-2.300 pour un total de 48.100). Ces trois motifs représentent 65% du volume des sorties.
Du côté des entrées, les fins de CDD et de mission d'intérim restent prépondérantes : à elles deux, elles représentent près du tiers des motifs. La progression annuelle des fins de mission d'intérim s'élève à +7,5% et celle des fins de CDD à +3,5%.
On attend toujours la future taxation des emplois précaires annoncée par Jean-Marc Ayrault, une surcotisation chômage qui ferait du bien aux finances de l'Unedic.
Du côté des offres, c'est toujours la dèche. En juillet, Pôle Emploi n'en a collecté que 244.900 (contre 265.400 le mois dernier) où les emplois "temporaires" et occasionnels sont majoritaires. En glissement annuel, le recul est de 13,1%.
Quant au compteur d'offres en ligne du site pole-emploi.fr, il en affiche bravement 176.503...
Sachant qu'environ 20% des offres passent par Pôle Emploi, on imagine le volume disponible total (environ 1,2 million) en comparaison du nombre de chômeurs à satisfaire.
Amis chômeurs, carpe diem !
Si vous angoissez, vu qu'aucune amélioration n'est à attendre, parcourez ce dossier qui vous aidera peut-être à voir les choses autrement.
SH
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Commentaires
lexpansion.lexpress.fr/economie/chomage-l-annee-2012-sera-t-elle-pire-que-2009_319149.html Répondre | Répondre avec citation |
Si, par le passé, nous avons connu des chiffres tout aussi calamiteux, le contexte n'était pas à ce point assombri.
À toute difficulté, l'espoir d'en sortir. À toute crise, l'espoir qu'elle s'apaise.
Mais là, nous n'y sommes pas du tout.
Les perspectives de sortie de crise sont aujourd'hui inexistantes. On s'installe au contraire dans une récession dont aucun signe ne permet d'en fixer la durée et, plus encore, les conséquences.
On constate que même les plus courageux, les plus vaillants, les éternels optimistes… voient leurs convictions ébranlées, sapées.
Et ce, à tous les niveaux. Du demandeur d'emploi à nos dirigeants qui, depuis l'élection de Hollande, ont décidé de la jouer "cartes sur table" contrairement à leurs prédécesseurs qui, chaque mois, nous servaient leur désormais fameuse "baisse de la hausse du chômage".
Même les irréductibles bonimenteurs de la scène politique ont mis leur mauvaise foi en veilleuse, tant les chiffres sont catastrophiques et les perspectives positives… nulles.
Là se situe le problème ! Répondre | Répondre avec citation |
www.lefigaro.fr/politique/2012/08/22/01002-20120822ARTFIG00454-ile-de-france-le-conseil-regional-de-tourisme-se-defend-de-tout-nepotisme.php
Ce que n'écrit pas clairement le Figaro est qu'on ne retrouve pas seulement des proches d'élus de gôche dans ce CRT. Répondre | Répondre avec citation |
Vous êtes bien placée ;-) chère "MartineG" pour vous remémorer toutes les ignominies qui ont été proférées par Sarkozy et ses sbires.
À ma connaissance, Sapin n'a pas encore lâché : "l'assistanat est le Cancer de notre société" (des mots de Laurent Wauquiez).
Pour le moment, Sapin s'emmêle juste les pédales avec le "CDI à durée déterminée".
En attendant son prochain dérapage. Répondre | Répondre avec citation |
travail-emploi.gouv.fr/IMG/pdf/PI-Mensuelle-Hvar7419-2.pdf
Ils sont répertoriés par catégories, et par type de RSA ("socle" seul, "socle"+"activité", "activité" seul).
Dans les catégories ABC, il y a 448.700 allocataires du seul RSA "socle" (+12,3% sur un an). Mais la note ne précise par leur nombre dans les catégories D et E.
Il faut rappeler que le nombre des allocataires du RSA s'élève à plus de 2 millions, et que celui des allocataires du seul RSA "socle" s'élève à 1,35 million.
Si 724.300 RSAstes sont actuellement suivis par PE car jugés aptes à la recherche d'un emploi, le reste (plus de 600.000 pour le RSA "socle", jugés inaptes car souffrant de problèmes familiaux, de santé, de logement…) est suivi par des "référents RSA" œuvrant dans divers services sociaux pilotés par les conseils généraux. Répondre | Répondre avec citation |
Pour info, les RSAstes (sans probleme particulier; surtout DELD ?) peuvent être suivi(e)s par un agent(e) référé(e) par le Conseil General dans l'enceinte même de PE - tel est mon cas. Répondre | Répondre avec citation |
Je rappelle votre blog (Lait d'Beu): kamizole.blog.lemonde.fr/ Répondre | Répondre avec citation |
Le copinage cela n'a jamais cessé d'exister. A pôle emploi ils appellent cela: "cultiver son réseau", sauf erreur.
Des emplois fictifs et des appart' de fonction pour tous !!! Répondre | Répondre avec citation |
enjoy ! Répondre | Répondre avec citation |
www.youtube.com/watch?v=o_bjt-vJEdc&list=UU1SzfoFAQgbBIwTDMlR_3AA&index=0&feature=plcp
Sinon c’est le piston, comme nous l’apprend Le Canard Enchaîné dans son édition du mercredi 22 août qui placarde le Comité Régional du Tourisme (CRT) d'Ile de France, comme une véritable "machine à pistons pour les élus franciliens et leur famille" d'après le titre du Canard.
Le nombre de salariés recrutés a explosé, passant de 68 personnes en 2005, à plus de 200 employés aujourd'hui, soit une multiplication par 3 en 7 ans ! Répondre | Répondre avec citation |
D’autant plus triste que l’on observe que les sorties n’ont été liées à la reprise d’un travail que pour 20 % des cas, on se demande quelle pertinence a ce chiffre d’ancienneté moyenne… Répondre | Répondre avec citation |
Le taux de chômage de la zone euro s’est établi à 11,3% de la population active en juillet, comme le mois précédent pour lequel le chiffre a été révisé à la hausse, a indiqué vendredi l’office européen de statistiques Eurostat.
Ce chiffre constitue un nouveau record. Selon les estimations d’Eurostat, 18 millions de personnes étaient au chômage dans la zone euro en juillet, soit 88.000 de plus qu’en juin.
Il s’agit du quinzième mois consécutif au cours duquel le chômage a atteint ou dépassé le seuil de 10% dans l’union monétaire.
Comparé à juillet 2011, le nombre de chômeurs s’est accru de 2,05 millions dans la zone euro. Dans l’ensemble de l’Union européenne, le taux de chômage est resté stable par rapport à juin, à 10,4% de la population active, là encore un niveau record.
Parmi les Etats membres de la zone euro, c’est l’Autriche qui enregistre le taux de chômage le plus faible, à 4,5%, suivie par les Pays-Bas (5,3%), l’Allemagne et le Luxembourg (5,5% chacun). A l’autre bout du spectre, l’Espagne a un taux de chômage de 25,1% devant la Grèce (23,1% selon les derniers chiffres disponibles, datant de mai).
www.liberation.fr/economie/2012/08/31/le-chomage-a-un-niveau-record-dans-la-zone-euro_843091 Répondre | Répondre avec citation |
Sauve qui peut! Répondre | Répondre avec citation |
Il y a vingt ans, la France connaissait sa deuxième récession depuis la fin de la seconde guerre mondiale — la première avait été enregistrée en 1975, conséquence du choc pétrolier de 1973. En 1993, le PIB tricolore a reculé de 0,7%, conséquence de la crise monétaire que traversait alors l'Europe — incertitude sur les taux de change, instabilité des monnaies. Le scénario se reproduit aujourd'hui.
Suite à la crise financière mondiale, la France a replongé en récession fin 2008, son PIB a reculé de 3% en 2009. Depuis lors, le chômage ne cesse de grimper. Le cap des 3 millions de chômeurs est franchi alors que notre économie, plombée par la crise de la dette en zone euro, fait du sur place depuis trois trimestres.
L'expérience prouve qu'il faudra du temps pour repasser sous ce seuil. Il aura ainsi fallu attendre deux ans pour que le nombre de demandeurs d'emplois retombe sous 3 millions, en mars 1995. Et l'accalmie n'a duré qu'un an : le cap des 3 millions a de nouveau été franchi début 1996, pour une durée là encore de deux ans — jusqu'en juillet 1998.
lexpansion.lexpress.fr/economie/trois-millions-de-chomeurs-en-france-un-seuil-symbolique-en-questions_330592.html Répondre | Répondre avec citation |
www.atlantico.fr/decryptage/pourquoi-3-millions-chomeurs-aujourdhui-ne-sont-pas-memes-hier-yannick-lhorty-470789.html Répondre | Répondre avec citation |