«Pour le dire simplement, davantage du gâteau national est allé aux profits, et moins aux salariés», résume l’Organisation internationale du travail (OIT) suite à la publication de son rapport mondial sur les salaires, ce 7 décembre.
«La part des salariés dans le revenu national s’est rétrécie dans la plupart des pays, provoquant un mécontentement populaire et augmentant le risque de troubles sociaux», souligne l’OIT. Dans les économies développées, la part de la rétribution du travail est passée de 75% du revenu national à 65%. A l’échelle de la France, cela signifie qu’aujourd’hui environ 200 milliards d’euros (soit 10% du revenu national brut de 2011) ont été transférés de la rémunération du travail vers la rémunération du capital et les marchés financiers. En trente ans, la part des dividendes dans les revenus distribués a été multipliée par trois, passant de 4% à 13%. Vous avez dit compétitivité ?
Pire : désormais, au prétexte de l’austérité, les salaires au sein des économies développées commencent à baisser. En Grèce, le revenu minimum a ainsi été amputé de 22%. Résultat : «Les travailleurs pauvres représentent plus de 7% de l’ensemble des travailleurs aux États-Unis et 8% en Europe», ajoute l’OIT. Au sein des pays émergents, si les salaires continuent de croître, ils subissent la même pression de la part de la finance. «Même en Chine, où les salaires ont triplé au cours de la décennie écoulée, la part du revenu national qui revient aux salariés a baissé», pointe l’organisation. Les disparités entre salariés restent très fortes : un ouvrier grec du secteur manufacturier (13 dollars de l’heure) gagne dix fois plus que son homologue philippin (1,40 dollar), mais presque trois fois moins que son camarade danois (35 dollars).
(Source : Basta!)
NDLR : Si les 200 milliards captés — ou plutôt volés — par le capital revenaient dans le giron du salariat, il n'y aurait plus de trou de la Sécurité sociale (15 milliards), et plus de déficit de l'Unedic (17 milliards).
Par ailleurs Guy Rider, le directeur général de l'OIT, estime que «les salariés et leurs familles ne reçoivent pas la juste part qu'ils méritent». «Cette tendance est indésirable et doit être modifiée», dénonce-t-il, mettant en garde les responsables politiques contre la tentation de mener «une course vers le bas» pour sortir leurs pays de la crise, alors qu'«une stratégie fondée sur la réduction des coûts unitaires de main-d'oeuvre peut comporter le risque de déprimer la demande intérieure plus qu'elle n'accroîtra les exportations».
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