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Accueil Social, économie et politique Apprentissage à 14 ans : le pour et le contre

Apprentissage à 14 ans : le pour et le contre

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Alors que le taux de chômage atteind parfois 40% dans certaines "zones sensibles" et que 70% des jeunes diplômés issus de l'immigration affirment être ou avoir été victimes de discriminations dans le monde du travail, la proposition de Dominique de Villepin d'abaisser l'âge de l'apprentissage de 16 à 14 ans suscite la controverse...

Jean-Luc Mélenchon, sénateur PS de l'Essonne et ancien ministre de l'Enseignement professionnel, estime que l'apprentissage à 14 ans est "une régression éducative sans précédent", estimant que le Premier ministre "se sert des événements dans les banlieues comme d'un effet d'aubaine pour un objectif politique sans rapport avec la situation". "En fait, sous prétexte d'élargir l'accès à l'apprentissage, il vient d'abaisser l'âge de la scolarité obligatoire pour tous les jeunes qui seront considérés comme indésirables dans l'institution scolaire", affirme le sénateur. "C'est une terrible régression politique en matière d'éducation", juge-t-il, alors que pour lui "le lien direct établi par le gouvernement entre la casse dans les banlieues et l'échec scolaire n'est nullement démontré". Selon M. Mélenchon, "l'idée que l'apprentissage soit le meilleur remède à l'échec scolaire n'est nullement avérée non plus". L'ancien ministre critique également cette décision du gouvernement qui "enterre l'objectif de conduire 80% d'une classe d'âge au bac, politique qui a permis une démocratisation historique de l'accès aux qualifications, notamment avec l'accès d'un nombre croissant de jeunes au bac professionnel".

Une proposition qui ne fait pas l'unanimité non plus parmi les représentants de l'artisanat en France, les Chambres des métiers accueillant "positivement" la mesure, critiquée en revanche par l'Union professionnelle artisanale : même si elle est "satisfaite de constater que le rôle structurant de l'apprentissage est à nouveau mis en évidence", l'UPA juge que l'abaissement de l'âge d'entrée "ne peut constituer une réponse pérenne aux difficultés d'insertion des jeunes". Cette mesure "ne répond pas non plus à la priorité des entreprises artisanales qui cherchent à recruter des personnels qualifiés ou à former des jeunes ayant acquis les savoirs de base : lecture, écriture et calcul notamment", souligne-t-elle. "La responsabilité des artisans, qui est déjà très étendue à l'égard de ces jeunes et de la société, ne peut aller jusqu'à assumer les missions d'éducation ou d'école de la vie". Mais pour l'APCM (Assemblée permanente des Chambres de métiers et de l'artisanat), la limitation de l'âge d'accès à l'apprentissage était considérée depuis longtemps "comme un frein à l'apprentissage de certains métiers". Cette annonce "est donc une réponse sur le long terme", pour "une filière qui marche, avec plus de 80% de taux d'insertion à l'issue de la formation", et "qui a fait ses preuves en matière d'intégration et de resocialisation des publics en difficulté".

La FCPE, principale fédération de parents d'élèves, a critiqué vivement l'"aveuglement" et l'"impuissance" d'un gouvernement qui "s'affole, pare au plus pressé, veut rassurer en ressortant ses vieux oripeaux idéologiques". "Alors que les jeunes ont besoin, pour s'insérer socialement et professionnellement, de plus d'école mais surtout de mieux d'école, le gouvernement rétablit l'apprentissage à 14 ans : il revient 30 ans en arrière, lorsque la fin de la scolarité était fixée à 14 ans !", s'est-elle insurgée. Contre les problèmes d'échec et de décrochage scolaire, "le gouvernement ne trouve comme seul remède - très économique au demeurant - que de conforter une école élitiste, réservée aux seuls 'héritiers' et à quelques boursiers méritants qui lui serviront d'alibi démocratique", a ajouté la fédération de parents. "A ceux qui ne peuvent se couler dans le moule, le gouvernement répond : puisque vous n'êtes pas capables, puisque l'Ecole vous ennuie, puisque vous ne savez pas vous soumettre au modèle culturel dominant, alors dehors ! Au travail !" La FCPE a également assuré que "la politique d'abandon et de mépris" du gouvernement à l'égard des jeunes "porte les germes de tensions sociales futures encore plus graves".

Quant au secrétaire général de la CFDT François Chérèque, il a accueilli avec prudence, mais sans la rejeter, l'idée de l'apprentissage dès 14 ans pour les enfants en grande difficulté scolaire émise la veille par le Premier ministre, en insistant sur la lutte contre les discriminations. "Qu'on adapte des filières d'apprentissage pour ces enfants-là, oui, il faut y travailler. A la CFDT nous sommes très favorables à l'apprentissage parce que l'on rentre dans une éducation beaucoup plus précise et motivante". "Les 14 ans me posent un problème. Il faut un suivi de formation spécifique. Peut-être des allers-retours en entreprise, qui ne soient pas obligatoirement de l'apprentissage traditionnel", a-t-il nuancé, soulignant la nécessité d'une action spécifique de soutien aux enfants en difficulté "dès l'entrée en primaire". La présidente du Medef Laurence Parisot "nous propose une négociation sur la diversité, pour lutter contre la discrimination à l'embauche. La CFDT y est prête", a-t-il conclu.

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Mis à jour ( Mardi, 08 Novembre 2005 20:30 )  

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