Le "travailleur pauvre" est une personne qui a un emploi, mais dont le salaire ne lui permet pas d'assurer le minimum vital. Aux Etats-Unis, le "working poor" existe depuis des lustres, et son modèle a enfin réussi à s'exporter chez nous de façon significative vers la fin des années 90. Le phénomène s'amplifie en France et en Europe, touchant principalement les familles monoparentales et les jeunes.
Selon un récent rapport sur la pauvreté dans les pays de l'OCDE, la France compterait donc un million de ces "travailleurs pauvres", se situant dans la moyenne européenne avec près d'un pauvre sur deux (47%) "vivant dans une famille où au moins un des adultes travaille" contre 8 sur 10 aux Etats-Unis… Et selon que l'on retient la définition française ou européenne de la pauvreté*, nous comptons entre 3,7 et 7 millions de pauvres soit un taux de 7%, moins élevé que dans le reste de l'UE (10,7% en moyenne) et que beaucoup d'autres pays dits "développés" (11% en Grande-Bretagne, 14% au Portugal ou 17% au Etats-Unis).
Le président d'Emmaüs-France Martin Hirsh estime que "ce qui fait la spécificité française, c'est que certains pays comme les Etats-Unis et la Grande-Bretagne ont fait le choix d'avoir des travailleurs pauvres plutôt que des chômeurs. La France, elle, conjugue désormais les deux. [...] Avant, il y avait la peur du chômage et on pensait s'en sortir avec un emploi. Aujourd'hui, un emploi ne permet pas à coup sûr de sortir de la galère". Et qui dit travail précaire dit pas de logement stable, pas de compte bancaire (4 à 5 millions d'exclus, selon les associations), un accès aux soins limité et "un nombre croissant" de salariés piégés dans un "cercle vicieux" générateur de pauvreté, selon une récente étude publiée par l'Institut de recherche économique et sociale (IRES).
A l'occasion du CPE/CNE, les spectres de la précarité et de la pauvreté reviennent hanter les esprits de ceux qui ne sont pas encore directement touchés, mais en perçoivent l'étendue dans leur entourage. L'enjeu de cette lutte est considérable, car l'introduction de ce type de contrats de travail favorisera inéluctablement la progression de notre taux de pauvreté.
* Le seuil de pauvreté national est fixé à 50% du salaire médian (645 €/mois pour une personne seule). Le seuil de pauvreté retenu pour les comparaisons européennes est fixé à 60% du salaire médian (774 €/mois). NB : ces montants sont basés sur le salaire médian de 2003.
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