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Le Premier ministre Dominique de Villepin - chef de file de "la bataille pour l’emploi" - et son ministre de la "Cohésion sociale" Jean-Louis Borloo - qui se revendique largement responsable de ce nouveau bon chiffre - jubilent, promettant tous deux une poursuite de la "dynamique vertueuse" dont ils se glorifient.
Et ça marche ! "Il faut arrêter la mauvaise foi les gars !", lit-on dans les commentaires de www.liberation.fr… "Sans Parti pris ! C'est un bon chiffre. Il faut être positif et ne pas toujours pour des raisons idéologiques d'un autre temps s'opposer à la réalité quand elle est dite par l'autre camp. Un chiffre c'est un chiffre", écrit un autre "Fidèle"…
Les raisons idéologiques d'un autre temps/camp sont celles-ci :
• 47,8% des chômeurs n'ayant pas droit à indemnisation, nombre d'entre eux ne voit pas l'intérêt de s'inscrire à l'ANPE (notamment les moins de 25 ans qui ne bénéficient pas du RMI) et sont exclus des statistiques
• les chômeurs "officiels" (de catégorie 1) ne représentent que 57% de tous les inscrits à l'ANPE
• 400.000 chômeurs "seniors" sont dispensés de recherche d'emploi (DRE) et n'apparaissent pas non plus dans le taux officiel
• Entre 45 et 54.000 "stagiaires de la formation professionnelle" sont escamotés par le dispositif CRP (convention de reclassement personnalisée) alors qu'ils ont été fraîchement licenciés
• les radiations administratives ont quadruplé en dix ans
• 70% des offres d'emplois restent dans le champ de la précarité et du SMIC
• les formations pour les chômeurs ont fondu comme neige au soleil
• le nombre de chômeurs de longue, voire très longue durée, n'a cessé d'augmenter
• le nombre de RMIstes a explosé : + 20% depuis 2002
• la création d'emplois reste pitoyable depuis 2002 (voir courbe ci-dessous) malgré les allègements et autres généreuses exonérations accordées aux entreprises. Seulement 100.000 emplois ont été créés dans le secteur privé depuis un an alors que le nombre de chômeurs a baissé de 260.000 sur la même période…
• la discrimination à l'embauche fait rage malgré l'impuissante HALDE
• les "emplois aidés", emplois de service et autres contrats sans avenir sont un filon d'exploitation et de précarité au nom de la "réinsertion"… pour des résultats tout aussi pitoyables.
Retour à la case départ !
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Cette courbe indique clairement qu'en 2001 le solde des créations nettes d'emplois était de + 248.300, puis en 2002 de + 28.600, et qu'en 2003 - année Raffarin ! - le solde fut historiquement négatif avec 72.900 emplois détruits. Malheur à ceux/celles qui ont été licencié(e)s à cette époque : l'inemployabilité leur est tombée dessus avant même qu'on n'apprenne ce que ça voulait dire.
Puis en 2004 "la reprise" s'est entamée timidement... à grand renfort de précarité : contrats toujours plus courts, CNE, contrats "aidés" (surtout pour les employeurs, merci Jean-Louis).
En résumé => Alain Vidalies, secrétaire national du PS aux entreprises, disait le 27 juillet dernier : "Aujourd'hui, le taux de chômage atteint 9% de la population active, exactement le même chiffre que lorsque le gouvernement de droite est arrivé aux affaires… C'est donc quatre ans de perdus dans la bataille pour l'emploi !"
Tout ce tapage pour ça ? Les bateleurs Borloo, Breton, Larcher et de Villepin - plus virtuoses que vertueux - ne font que se glorifier d'avoir réparé à grands coups de précarité et de salaires minables les dégâts entamés par le gouvernement Chirac depuis quatre ans : c'est tout.
Lire en commentaire ce qui justifie nos affirmations (et notre colère).
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Commentaires
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• La Cour des Comptes épingle les politiques d'exonérations de charges patronales
Etc… Etc… Répondre | Répondre avec citation |
• SELON LE PATRON DE L'UNEDIC, LE CHÔMAGE EST À 12% !
• 5 millions de chômeurs en France, tout le monde est d'accord ! Répondre | Répondre avec citation |
Villepin et ses conseillers peaufinent, depuis plusieurs semaines, une exceptionnelle opération de communication destinée à présenter le Premier ministre comme celui qui aura terrassé le chômage. Une manière de lancer la campagne présidentielle. (…)
L’arme absolue qu’il a découverte pour lutter contre le chômage n’a (…) rien à voir avec les fameuses «réformes». Son atout est tout bêtement, la démographie.
Le Canard Enchaîné a déjà levé ce lièvre à deux reprises : les départs massifs à la retraite permettront d’afficher des chiffres plus réjouissants en matière de chômage. (…) Le compteur de cette population des actifs (laquelle inclut les salariés plus les chômeurs), mesurée par l’Insee, est donc porteur d’immenses espoirs pour Villepin : en 1995, cette population s’était enrichie de 289.095 nouveaux individus. Les années Jospin seront ensuite, jusqu’en 2001, celles d’une activité forcenée, avec 228.360 «naissances» sur le marché du travail. Ce qui n’a d’ailleurs pas empêché les socialistes, aidés, il est vrai, par une conjoncture favorable, de réduire sensiblement le chômage. L’an de grâce 2001 représente le dernier cap de la population active.
En 2002, année de l’arrivée du couple Chirac-Raffarin, sa progression chute de plus de la moitié (106.519 actifs supplémentaires ), et continue à décroître régulièrement en 2003, 2004, 2005. En 2006, la décrue s’accélèrera (arrivée de 30.790 actifs, soit huit fois moins que dix ans plus tôt), et 2007 sera pratiquement une année de sécheresse (6.829). Bref, même s’il se tournait les pouces, Villepin pourrait se présenter à l’élection présidentielle comme l’homme qui aura fait régresser le chômage.
Il reste néanmoins un petit virage à passer : celui de 2005. Certes la croissance de la population active sera faible cette année (83.292) mais, en dépit d’une tonitruante politique de «réformes» libérales, le marché du travail peine à éponger cette maigre augmentation. (…) D’où le recours aux radiations massives. «La rature est devenue le meilleur outil de lutte contre le chômage», s’insurge un statisticien du ministère du Travail. (…) Répondre | Répondre avec citation |
Dans un entretien aux Echos publié aujourd'hui, le secrétaire général de la CFDT François Chérèque évalue à "entre 3,5 et 4 millions" - et non 2,1 millions - le nombre "réel" de personnes au chômage ou à la charge de l'Etat, compte tenu notamment des RMIstes et des stages aidés.
"Le Premier ministre oublie le 1,4 million de personnes au RMI (revenu minimum d'insertion), que la CFDT considère comme des chômeurs, et ceux qui sont en stage aidé dont la situation est aussi précaire", répond M. Chérèque au journal qui l'interroge sur l'objectif gouvernemental d'un chômage totalisant moins de 2 millions de personnes avant la présidentielle.
"La réalité, aujourd'hui, c'est qu'il y a en France, entre 3,5 et 4 millions de personnes au chômage ou à charge de l'Etat", ajoute-t-il.
En outre, en ce qui concerne les créations d'emplois, le leader cédétiste rappelle que, selon l'OFCE, "ce sont à 78% des emplois à durée déterminée (CDD), dont la moitié d'un mois. En cas de ralentissement de l'économie, ces emplois-là seront détruits tout de suite", prévient-il. "En réalité, ce redémarrage de l'emploi cache une précarité persistante", conclut François Chérèque. Répondre | Répondre avec citation |