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"En tout cas, je constate une chose, c'est que tout cela dynamise l'ANPE... (2) [...] Ce qui compte, c'est d'offrir un meilleur service dans l'accompagnement au retour à l'emploi" (3).
Suite aux résultats peu probants du RMA (4), il estime que les départements "ne bougent pas assez" en matière de lutte contre le chômage : "On demande toujours à l'Etat et on oublie les lois de décentralisation. Il faut aussi que les départements prennent une part de responsabilité, notamment sur les non-indemnisés, et considèrent que le “i” d'insertion a un sens", a-t-il déclaré au sujet des chômeurs allocataires du RMI (5). Il a donc exhorté les Conseils généraux à faire davantage "équipe" avec le gouvernement dans l'application du plan de cohésion sociale, regrettant que "seuls 18 département se soient totalement approprié le dispositif du CI-RMA. [...] Je souhaite que les Conseils généraux se préoccupent aussi des RMistes, qu'ils s'emparent plus des contrats d'avenir, du CI-RMA et peut-être qu'ils inventent des dispositifs comme ceux que nous mettons en place avec l'ASS (Allocation spéciale de solidarité) pour les plus de 50 ans"...
(1) On sent ici la délicatesse de M. Larcher envers l’ANPE, qui proteste - directeur général et syndicats de concert - contre cette décision : lire notre revue de presse et ses commentaires.
(2) Vous remarquerez qu’il en rajoute une couche…
(3) Oui, mais si la création d’emplois ne suit pas, on se demande quels miracles supplémentaires ces “chers” opérateurs privés pourront réaliser ? Lire en commentaire l'analyse de l'économiste Carole Tuchszirer pour le journal Libération.
(4) Le CI-RMA (Contrat d’insertion - Revenu minimum d’activité) est un contrat de misère destiné à accompagner les titulaires du RMI vers l'emploi dans le secteur marchand. La durée du travail est de 20 heures par semaine minimum, rémunérées au Smic horaire par le département à hauteur du RMI, et pour le reste par l'employeur avec une aide de l'Etat. Lire à ce sujet : Sans emplois véritables, pas de “réinsertion”.
(5) Le Revenu minimum d'insertion est aussi à la charge des départements, avec une forte compensation financière de l'Etat.
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Commentaires
Près de 100.000 chômeurs passent au privé. Hier, l'Unedic a désigné les 17 cabinets privés de reclassement qui accompagneront 92.000 demandeurs d'emploi ces deux prochaines années. En février 2005, des expérimentation s ont été lancées par l'Unedic, qui gère les comptes de l'assurance chômage : le suivi de 7.000 chômeurs a été confié, non plus à l'ANPE, mais à des organismes privés.
En mai dernier, l'Unedic en a dressé un bilan selon elle très satisfaisant (lire ci-dessous). Et décidé d'élargir l'expérience. Un second appel d'offre devrait être lancé pour confier au privé le suivi des bénéficiaires d'une convention de reclassement personnalisé (CRP) (1).
Ces cabinets privés (tels que Ingeus, Adecco…) offrent un accompagnement renforcé : un conseiller pour 40 demandeurs d'emploi (contre 1 agent ANPE pour 130 demandeurs). Et ils sont payés au résultat, par chômeur reclassé : un tiers de la somme leur est versé au départ, et le reste en fonction de la durabilité de l'emploi trouvé.
Carole Tuchszirer, économiste à l'IRES (Institut de recherche économique et sociale), nuance l'efficacité du recours au privé.
Pourquoi l'Unedic tient-elle tant à recourir au privé pour le placement des chômeurs ?
Ce sont les pouvoirs publics qui ont pris l'initiative d'ouvrir le marché de l'emploi au privé. L'Unedic s'est engouffré dans la possibilité que lui a offerte la loi de cohésion sociale de Jean-Louis Borloo. La raison qu'elle met en avant est financière : le privé serait plus efficace et lui épargnerait donc de verser des indemnités aux chômeurs. Ce n'est pas la seule raison : on est bien dans une logique en partie idéologique d'ouverture du marché du travail à la concurrence. Celle-ci n'est pas nouvelle : en 2000, l'Unedic avait déjà tenté de confier la mise en place du Pare (2) au privé. L'initiative n'avait pas eu de suite. D'autre part, l'ANPE travaille elle-même depuis longtemps avec le privé : 70% de ses prestations (évaluation, bilan de compétence, formation…) sont assurées par lui bien plus que la moyenne européenne. Enfin depuis les années 90, le reclassement des salariés licenciés dans des plans de restructuration s économiques est assumé par des cabinets privés. On sait donc depuis longtemps que le privé a un taux de reclassement d'un peu moins de 50%. Une performance légèrement supérieure à celle de l'ANPE.
Comment expliquer alors les polémiques autour de l'arrivée du privé sur le marché du travail si elle n'est pas nouvelle ?
Depuis les années 90, la mise en cause des organismes privés chargés de placer les chômeurs est souvent excessive dans les médias, comme auprès des organisations syndicales. Et les demandeurs d'emploi, eux-mêmes, préfèrent le service public de l'emploi, qui les rassure. C'est d'ailleurs pourquoi les cabinets privés choisis pour l'expérimentation menée par l'Unedic ont eu du mal à trouver des volontaires. En fait, on n'arrive pas à mener un débat serein sur la question. Or, l'opposition public-privé est stérile. La question n'est pas vraiment de savoir qui fait mieux le travail, mais plutôt de savoir comment les deux pourront collaborer. L'Unedic va confier 46.000 chômeurs par an de plus au privé. Et 50.000 bénéficiaires de la Convention de reclassement personnalisée (CRP). A terme, que va-t-il rester à l'ANPE ? Comment redéfinir sa mission de service public ? Va-t-elle assumer un «service minimum» chargé de s'occuper des demandeurs d'emploi qui n'auront pas été réorientés vers les cabinets privés ? Ceux-ci, payés aux résultats, seront-ils tentés de «filtrer» les chômeurs et de n'accompagner que les plus «employables» ? Il n'y a toujours pas d'évaluation fiable qui nous permette de prévoir les impacts de la réforme à l'avenir.
Justement, vous estimez que le bilan du privé dressé par l'Unedic est «plus que mitigé». Pourquoi ?
Le coût du reclassement est exorbitant : entre 3.000 et 6.000 euros par chômeur (quand on estime à 650 euros le budget alloué à l'ANPE par chômeur). Avec davantage de moyens financiers et humains il n'est pas étonnant que le reclassement soit légèrement meilleur via les cabinets privés. De plus, les demandeurs d'emploi qui ont bénéficié de l'expérimentation étaient volontaires, ce qui introduit un biais. On peut imaginer qu'ils étaient plus motivés que la moyenne pour retrouver du travail. Quand vous parlez aux agents de l'ANPE, ils vous expliquent comme il est au contraire difficile de remettre dans l'emploi une personne déconnectée de tout réseau social. Enfin, l'Unedic explique que les demandeurs d'emploi dirigés vers les cabinets privés ont été choisis parce qu'ils présentaient des risques important de devenir des chômeurs de longue durée [parce qu'ils ont plus de 50 ans, ou sont titulaires d'un diplôme peu recherché par les entreprises, etc…, ndlr]. Certes, mais contrairement à beaucoup d'inscrits de l'ANPE, ils ne sont pas au chômage depuis longtemps, puisqu'ils sont encore indemnisés ! Ce qui biaise également les chiffres.
Et le montant de 24 millions d'économies que l'Unedic affirme avoir retiré de l'expérimentation ?
Il est surestimé. Ce calcul repose sur une hypothèse fausse : comme si les chômeurs utilisaient la totalité de leurs indemnités. Or, en moyenne, les demandeurs d'emploi n'épuisent pas leur droit. Ils retrouvent un emploi avant. Finalement, on peut imaginer que l'Unedic finisse par se dire que le recours au privé n'est pas une si bonne opération, quitte à revenir au service public de l'emploi.
(1) Dispositif destiné aux licenciés économiques dans les entreprises de moins de 1 000 salariés.
(2) Plan d'aide au retour à l'emploi.
(Source : Libération) Répondre | Répondre avec citation |
En mai, l'Unédic dressait fièrement son bilan de l'expérimentation menée en 2005 avec cinq opérateurs privés et 7.000 chômeurs, répartis sur sept sites Assedic. Elle estime avoir dégagé 24 millions d'euros d'économies. Un chiffre à nuancer.
Selon ce bilan, 53,7% des chômeurs ayant participé aux expérimentation s avec les cabinets privés ont retrouvé un emploi au cours des six premiers mois et 68,5% dans les dix premiers. Contre une moyenne de 49,3% et 68,4% pour l'ensemble des chômeurs. Et 43% des chômeurs ayant retrouvé un emploi au bout de 6 mois d'accompagnement renforcé sont en CDI contre 32% de l'ensemble des allocataires de l'assurance chômage.
Mais ces comparaisons sont à prendre avec précaution, les profils des chômeurs répartis entre privé et service public de l'emploi n'étant pas parfaitement similaires. Selon le directeur de l'ANPE, Christian Charpy : «On peut être public et efficace !» «Que l'accompagnement renforcé soit plus efficace pour accélérer le retour à l'emploi, c'est évident», estimait-il dans le Figaro économique en mai. «Mais affirmer que les opérateurs privés sont plus efficaces que l'ANPE me paraît un raccourci peu fondé.» L'ANPE met justement en place un suivi mensualisé et controversé des chômeurs, censé améliorer leur accompagnement. Noël Daucé du SNU, syndicat majoritaire à l'ANPE, a estimé quant à lui vendredi que le recours au privé est une «concurrence déloyale» qui risque de «déstabiliser le service public».
(Source : Libération) Répondre | Répondre avec citation |
Le projet de RMA (revenu minimum d’activité), discuté, amendé et finalement voté par le Sénat le 27 mai 2003 a été présenté par le gouvernement après avis du Conseil d’État. Il a été choisi pour étrenner la nouvelle loi constitutionnel le sur la décentralisatio n. Ce texte a été voté par l’Assemblée nationale le 25 novembre 2003 pour une mise en œuvre prévue le 1er janvier 2004.
Il modifie profondément la loi de 1988 sur le RMI. Il place les RMIstes sous la tutelle des collectivités locales (conseil général et maires).
Tout RMIste sera tenu d’accepter un emploi de 20 h minimum avec un CDD de 6 mois renouvelable maximum 2 fois.
Le Conseil Constitutionnel a récemment confirmé que dans le cadre d’un contrat d’insertion, le CI-RMA (contrat d’insertion RMA) ne sera pas obligatoire. En effet, la loi ne stipule pas précisément le côté obligatoire ou non.
- L’employeur (public ou privé) touchera du département l’équivalent RMI net (forfait - logement déduit) pour célibataire et lui reversera cette somme augmentée de 130 euros pour atteindre un demi-SMIC soit un total de 545 euros.
- Le RMAste ne cotisera que sur la base de 130 euros. Pour ouvrir des droits à la retraite, il faudrait qu’il travaille 160 ans à ce régime…
- L’ASSÉDIC empochera ses cotisations mais ne lui reversera rien quand il retournera au chômage. Il n’aura que le RMI.
- Il n’aura pas droit à des indemnités journalières en cas d’accident ou de maladie.
- Il n’aura ni le droit de grève, ni le droit de déplaire à son patron.
- La condition de deux années d’ancienneté dans le RMI pour devenir l’heureux bénéficiaire d’un RMA a été supprimée.
Le RMA consiste à faire le tri parmi les RMIstes entre employables et irrécupérables, de rationaliser la gestion de cette main d’œuvre, particulièremen t celle qui n’est pas qualifiée, pour la livrer au patronat à un prix défiant toute concurrence.
Le RMA, c’est la délocalisation sur place !
(Source : Les dossiers d'AC!) Répondre | Répondre avec citation |
Pour ceux/celles que ça intéresse : LIRE ICI.
Les grands "bénéficiaires" de ce contrat (et en règle générale de tous les autres contrats dits "aidés") sont LES EMPLOYEURS : une main d'œuvre bon marché et jetable, une aubaine. Répondre | Répondre avec citation |
Au fait (excusez moi, je nai pas le temps de recherchez le texte pour l'instant), mais il y a quelques mois des députés ont fait une proposition de loi visant à créer une commission de contrôle destinée à vérifier la bonne gestion des fonds d'insertion par les Conseils Généraux, pas mal, non ? Mais, chut, personne ou presque n'est au courant… TF1 n'en a pas parlé ou si peu.
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